Quel avitaillement en carburants alternatifs pour les bateaux de Seine ?

La troisième phase d’Avicafe Seine va consister à lancer une étude de faisabilité pour l’implantation de ces stations de distribution des énergies alternatives.

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Après l’état des lieux, qui a recensé les motorisations des bateaux du bassin de la Seine et cartographié les possibilités de soutage, la phase d’analyse des possibilités de verdissement de cette flotte. Vient aujourd'hui le projet Avicafe Seine qui vise à  l’élaboration d’un schéma de déploiement d’une offre d’avitaillement bas carbone.
 


Le contexte. C’est au cours du séminaire consacré à la transition énergétique du transport par voie d’eau "Vert le fluvial" en 2021 qu’a été annoncé le projet d’AVItaillement en CArburant à Faibles Émission sur l’axe Seine (AviCaFE Seine)  Une initiative portée par quatre partenaires : Voies navigables de France (VNF), Haropa, GRT Gaz et la Banque des territoires.

Trois ans plus tard, le projet avance avec l'élaboration d'un maillage de sites de distribution de carburant qui va permettre d’étudier à présent la faisabilité d’un projet d’avitaillement alternatif.

Un état des lieux. Avant de prévoir l’avitaillement en énergie bas carbone, il a fallu établir l’état des lieux de la distribution de carburant sur le bassin de la Seine. Le soutage des bateaux fluviaux y est évalué chaque année à 36 000 t environ.

La moitié est distribué par bateau avitailleur, un quart par camion sur le secteur Seine aval, et l’autre quart par des stations à quai en Seine amont et Oise.

Diverses trajectoires. Le travail a ensuite consisté à déterminer la trajectoire la plus probable de verdissement de la flotte fluviale du bassin de la Seine. Pour les petits bateaux ou ceux naviguant peu, le plus efficace sera le passage à la propulsion électrique.

Pour les bateaux plus gros, ou naviguant de façon intensive, c’est une propulsion hybride avec batterie, alimentée par un générateur fonctionnant au gasoil de synthèse, au biométhane puis, plus tard, à l’hydrogène.

La dernière phase de l’étude, rendue en juin 2024, a consisté à "évaluer les quantités de carburant ou d’électricité nécessaires et à les mettre en rapport avec les quantités qui seront disponibles", explique Olivier Burel, chef de projet "innovation" chez VNF.

Pour cela, AvicafeSeine s’est appuyé sur l’étude Fluent (FLUvial ENergie Transition), mené par VNF et l’IFPEN, qui évalue les perspectives de transition énergétique pour chaque type de bateau, en fonction de sa taille, de son activité, de son bassin de navigation et de son profil d’utilisation.

"Nous n’avons pas pu déterminer de scénario de référence, car il y a trop d’incertitude réglementaire", rappelle Cécile Cohas, référente de la transition énergétique chez VNF.

Trois scénarios ont donc été retenus, en fonction du mix énergétique utilisé par la flotte fluviale : du moins coûteux et plus émissif avec davantage de biocarburant et de bioagaz au plus coûteux et moins émissif avec davantage d’hydrogène décarboné.

"Pour 2035, le biogaz reste la solution de transition énergétique la plus facilement disponible", résumeCécile Cohas.

2035, c’est la date à laquelle le secteur fluvial s’est engagé à réduire de 35 % ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2015. D’ailleurs, rappelle Stéphanie Peigney-Couderc, directrice adjointe de VNF bassin de la Seine, "le fluvial est le seul secteur des transports à avoir signé un engagement pour la croissance verte."

En adéquation. Encore faut-il que les carburants alternatifs soient disponibles là où les bateaux en ont besoin. Selon l’étude Avicafe Seine, à l’horizon 2035, le gasoil consommé par la flotte fluviale représentera encore 158 GWh sur le bassin de la Seine, l’électricité 119 GWh, le biogaz 36 GWh et l’hydrogène 30 GWh.

Des projections. Le projet a permis d’établir des projections d’avitaillement selon les itinéraires de bateaux. Et, ainsi, de déterminer les endroits les plus appropriés pour déployer des stations d’avitaillement proposant des carburants alternatifs.

Haropa prévoit déjà des stations d’avitaillement à Limay, Bruyère-sur-Oise, Gennevilliers, Bonneuil-sur-Marne et Montereau-Fault-Yonne. "

Pour compléter cette offre, les endroits les plus pertinents sont ceux où des synergies sont possibles avec d’autres modes de transport, car le fluvial seul est un petit marché, attirant difficilement des investisseurs privés", précise Olivier Burel qui indique qu’Avicafe Seine a "identifié trois secteurs où déployer des sites de distribution : Rouen, Nogent-sur-Seine et La Ferté-sous-Jouarre, qui se trouve à proximité d’un gros nœud autoroutier."

La troisième phase d’Avicafe Seine va consister à lancer une étude de faisabilité pour l’implantation de ces stations de distribution des énergies alternatives. Une station qui distribuerait chaque jour 2 à 3 t de gaz, avitaillant 15 à 20 poids-lourds et 4 à 9 bateaux coûterait 500 000 à 800 000 euros.

Pour une station distribuant 1 à 2 t d’hydrogène par jour à 5 à 10 poids lourds et 1 à 3 bateaux, il faut compter 2,5 à 3 M€.

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