Ports de Lorraine : le projet d’exploitation unifiée remis en cause

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Le projet de Voies navigables de France (VNF) et de la région Grand Est de confier l’exploitation des ports intérieurs de Lorraine à un exploitant unique a été reporté. Les concessions actuelles sont prolongées, le temps de trouver une nouvelle solution. Les concessions des ports intérieurs situés le long de la Moselle arrivant à leur terme, VNF souhaitait mettre en place un nouveau schéma, plus efficace que celui des ports intérieurs habituellement concédés à des chambres de commerce et d’industrie. Un syndicat mixte ouvert (SMO), regroupant VNF (représentant l’État) et la région Grand Est a donc été mis en place. Cette nouvelle autorité concédante avait pour projet de confier l’exploitation de tous les ports du bassin, depuis Toul jusqu’à la frontière allemande et luxembourgeoise en passant par Nancy-Frouard, Metz et Thionville, à un exploitant unique : une société d’économie mixte à opération unique (Semop), dont le SMO serait actionnaire minoritaire aux côtés d’exploitants privés. Les négociations étaient bien avancés avec les exploitants privés retenus pour constituer ce Semop : la CCI de Meurthe-et-Moselle (Nancy), la CFNR, filiale du groupe logistique allemand Rhenus implantée sur tous les ports publics le long de la Moselle, et le groupe sidérurgique Arcelor-Mittal, qui apportait au groupement ses ports privés implantés plutôt dans la partie Nord du département de la Moselle. La CCI de la Moselle, qui exploitait précédemment les trois ports de Metz, n’avait pas souhaité participer à ce Semop, d’où la concession provisoire accordée à la CFNR jusqu’au 1er janvier 2021, date prévue pour la mise en place du Semop. Le projet, tel que NPI en faisait état dans son dossier de juillet 2020 consacré à la région Grand Est, semblait bouclé.

Unifier la gestion des ports lorrains, toujours une priorité

Mais le 18 novembre 2020, le SMO a dû acter la remise en cause de ce projet. « En raison de la crise sanitaire et de ses effets sur l’économie mondiale, ce projet n’a pas pu aboutir et la procédure a été déclarée sans suite, indiquent VNF et la région Grand Est dans un communiqué publié le 24 novembre. Cette décision nécessite désormais de trouver des solutions pour assurer la continuité de gestion des plateformes à plusieurs horizons temporels, mais sans pour autant remettre en cause les ambitions et la volonté de la région Grand Est et de VNF d’unifier la gestion des ports lorrains au bénéfice d’un développement coordonné de cet outil performant au service des entreprises présentes sur les territoires. En effet, cette organisation en axe unifié est indispensable pour mutualiser et renforcer les plateformes logistiques multimodales, comme le montre, par exemple, la création de Haropa, regroupant les ports de Paris, Rouen et du Havre sur l’axe Seine. Elle permet de répondre à une demande logistique davantage tournée sur des logiques d’axes ou de corridors plutôt que sur des logiques de places portuaires isolées ».

La délibération du SMO met ainsi fin à la procédure en cours, avec la crise économique pour justification. Du côté de la ville de Metz, on avance une autre explication, qui ravive la rivalité avec Nancy : selon François Grosdidier, maire de Metz cité par l’hebdomadaire régional La Semaine, le SMO aurait retoqué le projet incluant la CCI de Nancy car il était « déséquilibré à la défaveur de Metz, dont le port représente la moitié du tonnage des neuf ports » et comportait « des investissements garantis sur Frouard et pas du tout sur Metz ». Il faut rappeler que la CCI 57 de Metz, qui exploitait précédemment les deux ports de Metz et celui de Thionville-Illange, n’avait pas souhaité continuer et ne s’était pas portée candidate à la constitution de la Semop.

Concessions prolongées de six mois

Quoi qu’il en soit, il n’est plus question, pour l’heure, d’appliquer le projet prévu ni de confier au 1er janvier 2021 les clés des ports lorrains au Semop, comme envisagé précédemment. Dans l’immédiat, les concessions provisoire actuelles, qui devaient s’éteindre au 31 décembre 2020, sont prolongées de six mois : la CFNR pour les ports publics du département de Moselle (les deux ports de Metz et celui de Thionville-Illange) et la CCI 54 de Meurthe-et-Moselle pour le port de Nancy-Frouard.

Le 4 décembre 2020, le SMO engagera une nouvelle procédure de mise en concurrence visant à désigner un opérateur unique pour l’ensemble des neuf ports de Lorraine, pour une durée de trois ans à partir de juillet 2021. Concession ou Semop ? Cela reste à préciser. Cette durée de trois ans vise surtout à préparer plus sereinement l’avenir et à préparer une délégation de service public pour ces ports pour les trente prochaines années, avec toujours les mêmes objectifs : un port unique pour la Lorraine sur toute la vallée de la Moselle, et un exploitant unique.

Ce délai de trois ans, précisent VNF et la région Grand-Est, « sera mis à profit pour préparer le futur mode de dévolution de l’exploitation des ports dans la durée, et pour engager le dialogue avec les collectivités locales concernant la gouvernance du SMO ». Cette ouverture de la gouvernance concerne, en particulier, les intercommunalités des deux départements, dont VNF et la région souhaitent voir l’entrée dans le SMO puisque ces structures intercommunales sont compétentes en matière de développement

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