Port autonome de Strasbourg : un foncier rare et contraint

Article réservé aux abonnés

Le port de Strasbourg, dont l’espace est grignoté par la ville, densifie l’utilisation des terrains qu’il lui reste, et n’use de la friche industrielle que pour permettre des opérations de recomposition foncière. Des activités utiles à la ville se développent, comme la logistique urbaine, tandis que d’autres activités plus lourdes sont délocalisées sur des sites extérieurs à Strasbourg. Depuis le tout début du XXe siècle, le port de Strasbourg avait quitté le centre-ville de Strasbourg pour s’installer plus à l’est, sur les rives du Rhin. Mais la ville continue de grandir, et fait désormais la jonction, à travers le fleuve, avec la ville allemande de Kehl. Situé entre les deux villes, le port de Strasbourg a encore dû faire de la place, et abandonner des terrains à l’expansion urbaine avec la construction d’un nouveau quartier, transfrontalier : le quartier des Deux Rives (Zwei Ufer, en allemand). « La volonté politique d’urbaniser le secteur compris entre la ville de Strasbourg et le Rhin remonte au plan d’occupation des sols de 1992. Sur certains terrains portuaires, cela correspondait à la fin d’une activité, comme pour la manutention de charbon sur le site Starlette. Mais ce n’est pas la présence de friche qui a décidé la ville à reconquérir ces sites portuaires pour construire des logements et des bureaux. C’est, au contraire, le plan d’occupation des sols qui a interdit au port d’y installer de nouvelles activités industrielles », explique Nicolas Teinturier, directeur de la valorisation du domaine du Port autonome de Strasbourg (PAS). Dans les années 2000, le port a eu la volonté d’implanter lui-même des activités tertiaires sur ces terrains. Mais le projet n’a pas abouti, et une zone d’aménagement concertée (ZAC) a été créée en 2013, portée par la Communauté urbaine de Strasbourg. Cette ZAC couvre une surface de 74 ha, et fait le lien entre le centre-ville de Strasbourg et le Rhin, et même au-delà puisque le tramway, qui sert d’épine dorsale au projet en désenclavant ces anciens terrains portuaires, a été prolongé jusqu’en Allemagne. Au total, le nouveau quartier des Deux Rives est plus étendu que la ZAC elle-même, couvrant 250 ha. {{IMG:1}}

Conserver la proximité avec la ville

Le port de Strasbourg, s’il a perdu en superficie, conserve, surtout dans sa partie Nord, de nombreux sites à proximité de la ville. Dont des friches industrielles, disponibles pour l’installation de nouvelles entreprises. L’ancienne centrale thermique d’EDF, par exemple, a libéré 4 ha pour l’installation de la société de recyclage Guy Dauphin (groupe Ecore). L’ancien chantier naval avait une emprise de 11 ha : les 4 premiers ont accueilli une centrale biomasse, qui fournit de l’électricité et distribue aussi de la chaleur pour le réseau de chauffage urbain. Il reste 7 ha disponibles sur ce site, qui est l’un des derniers bords à voie d’eau, dans la partie du port la plus proche de la ville. D’où la volonté du PAS d’y favoriser l’installation d’une activité utilisant la logistique fluviale.

Le quartier des Deux Rives rapproche la ville du port, mais augmente la pression foncière sur la zone portuaire. Or l’espace portuaire génère environ 55 % des ressources financières du PAS. Une part considérable, d’autant que les autres ressources du port sont liées à la conjoncture économique, comme c’est le cas du terminal à conteneurs, ou à une fréquentation touristique incertaine avec la crise sanitaire, comme c’est le cas pour les bateaux à passagers Batorama.

Le PAS doit donc affiner sa stratégie pour valoriser davantage son patrimoine foncier, selon Nicolas Teinturier : « Avec l’évolution de l’activité industrielle, nous avons des bâtiments des années 1960 qui arrivent en fin de vie, par exemple, parce que leur hauteur sous ferme ne correspond plus aux caractéristiques recherchées par les logisticiens. Si les propriétaires ne souhaitent pas investir, le port peut alors racheter ce bâtiment obsolète pour le démolir, ou faire une opération de recomposition foncière lorsque plusieurs parcelles arrivent à échéances et que l’on peut reprendre la main sur tout un îlot. C’est le cas dans le sud de la zone portuaire, où un terrain est libre depuis plusieurs années. Cette friche reste en attente de la disponibilité d’un terrain adjacent ; l’ensemble nous permettra de mener une opération foncière plus importante. Car nous devons faire muter notre offre immobilière, pour répondre au manque d’entrepôts de classe A, avec des hauteurs supérieures à 11 m. Sur d’autres secteurs, plus proches de la ville, nous devons, au contraire, favoriser d’autres activités, en lien avec la logistique fluviale urbaine ».

Ne pouvant s’étendre, perdant du terrain au profit du développement urbain, le port de Strasbourg a décidé de se déplacer vers des sites plus éloignés, mais restant à une distance permettant encore de desservir la ville : Marckolsheim au sud, où 200 ha sont disponibles pour des implantations logistiques ou industrielles, et Lauterbourg au nord. Sur ce dernier site, d’une surface de 48 ha, un terminal céréalier a été implanté, ainsi qu’un terminal à colis lourds et conteneurs.

Acceptabilité des activités portuaires

« Conscient de la problématique des ports urbains, nous avons investi à l’extérieur de Strasbourg », résume Nicolas Teinturier. Le port ne délaisse pas, pour autant, les terrains les plus proches de la ville, et a encore des projets pour ces sites, qui s’étendent sur une longueur de 10 km le long du Rhin, sur 1 km de large : « Notre politique d’aménagement est en cours de définition, avec l’objectif que cela reste un port, ce qui implique le développement d’activités économiques, logistiques et industrielles. Nous devons aussi assurer une bonne transition entre la ville habitée et l’activité industrielle portuaire lourde. L’acceptabilité de nos activités passe par la qualité de l’aménagement urbain, et par la présence d’activités en lien avec la ville comme la croisière ou la logistique urbaine, car les besoins ne se limitent pas à des bureaux et des logements. Nous devons aussi rappeler que les activités plus lourdes, comme les céréales ou le pétrole, ont une grande utilité pour la ville, l’agglomération et la région toute entière ».

Le port étant en contact étroit avec la ville, le dernier kilomètre peut se gérer facilement. C’est pourquoi le port accompagne des projets de logistique fluviale urbaine, par la mise à disposition de terrains situés sur le port aux Épis. La zone proche de la ville comprend aussi une gare de triage et un terminal à conteneurs qui alimente la ville et constitue une activité créatrice d’emplois.

Au total, sur un domaine d’un millier d’hectares, dont 680 ha dédiés aux entreprises, le port ne dispose que de 15 ha disponibles. C’est plutôt faible, d’autant que l’agglomération de Strasbourg a peu de foncier économique, les zones d’activités arrivant à saturation. Pour Nicolas Teinturier : « Chaque terrain du port ayant ses caractéristiques propres, adaptées à un certain type d’activité, le PAS ne peut répondre à tous les besoins des entreprises. Mais nous sommes attentifs à refaire du foncier sur le foncier : la faible disponibilité des terrains nous oblige à la créativité ».

Actualité

Dossier

À la une

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15