Conserver la proximité avec la ville
Le port de Strasbourg, s’il a perdu en superficie, conserve, surtout dans sa partie Nord, de nombreux sites à proximité de la ville. Dont des friches industrielles, disponibles pour l’installation de nouvelles entreprises. L’ancienne centrale thermique d’EDF, par exemple, a libéré 4 ha pour l’installation de la société de recyclage Guy Dauphin (groupe Ecore). L’ancien chantier naval avait une emprise de 11 ha : les 4 premiers ont accueilli une centrale biomasse, qui fournit de l’électricité et distribue aussi de la chaleur pour le réseau de chauffage urbain. Il reste 7 ha disponibles sur ce site, qui est l’un des derniers bords à voie d’eau, dans la partie du port la plus proche de la ville. D’où la volonté du PAS d’y favoriser l’installation d’une activité utilisant la logistique fluviale.
Le quartier des Deux Rives rapproche la ville du port, mais augmente la pression foncière sur la zone portuaire. Or l’espace portuaire génère environ 55 % des ressources financières du PAS. Une part considérable, d’autant que les autres ressources du port sont liées à la conjoncture économique, comme c’est le cas du terminal à conteneurs, ou à une fréquentation touristique incertaine avec la crise sanitaire, comme c’est le cas pour les bateaux à passagers Batorama.
Le PAS doit donc affiner sa stratégie pour valoriser davantage son patrimoine foncier, selon Nicolas Teinturier : « Avec l’évolution de l’activité industrielle, nous avons des bâtiments des années 1960 qui arrivent en fin de vie, par exemple, parce que leur hauteur sous ferme ne correspond plus aux caractéristiques recherchées par les logisticiens. Si les propriétaires ne souhaitent pas investir, le port peut alors racheter ce bâtiment obsolète pour le démolir, ou faire une opération de recomposition foncière lorsque plusieurs parcelles arrivent à échéances et que l’on peut reprendre la main sur tout un îlot. C’est le cas dans le sud de la zone portuaire, où un terrain est libre depuis plusieurs années. Cette friche reste en attente de la disponibilité d’un terrain adjacent ; l’ensemble nous permettra de mener une opération foncière plus importante. Car nous devons faire muter notre offre immobilière, pour répondre au manque d’entrepôts de classe A, avec des hauteurs supérieures à 11 m. Sur d’autres secteurs, plus proches de la ville, nous devons, au contraire, favoriser d’autres activités, en lien avec la logistique fluviale urbaine ».
Ne pouvant s’étendre, perdant du terrain au profit du développement urbain, le port de Strasbourg a décidé de se déplacer vers des sites plus éloignés, mais restant à une distance permettant encore de desservir la ville : Marckolsheim au sud, où 200 ha sont disponibles pour des implantations logistiques ou industrielles, et Lauterbourg au nord. Sur ce dernier site, d’une surface de 48 ha, un terminal céréalier a été implanté, ainsi qu’un terminal à colis lourds et conteneurs.
Acceptabilité des activités portuaires
« Conscient de la problématique des ports urbains, nous avons investi à l’extérieur de Strasbourg », résume Nicolas Teinturier. Le port ne délaisse pas, pour autant, les terrains les plus proches de la ville, et a encore des projets pour ces sites, qui s’étendent sur une longueur de 10 km le long du Rhin, sur 1 km de large : « Notre politique d’aménagement est en cours de définition, avec l’objectif que cela reste un port, ce qui implique le développement d’activités économiques, logistiques et industrielles. Nous devons aussi assurer une bonne transition entre la ville habitée et l’activité industrielle portuaire lourde. L’acceptabilité de nos activités passe par la qualité de l’aménagement urbain, et par la présence d’activités en lien avec la ville comme la croisière ou la logistique urbaine, car les besoins ne se limitent pas à des bureaux et des logements. Nous devons aussi rappeler que les activités plus lourdes, comme les céréales ou le pétrole, ont une grande utilité pour la ville, l’agglomération et la région toute entière ».
Le port étant en contact étroit avec la ville, le dernier kilomètre peut se gérer facilement. C’est pourquoi le port accompagne des projets de logistique fluviale urbaine, par la mise à disposition de terrains situés sur le port aux Épis. La zone proche de la ville comprend aussi une gare de triage et un terminal à conteneurs qui alimente la ville et constitue une activité créatrice d’emplois.
Au total, sur un domaine d’un millier d’hectares, dont 680 ha dédiés aux entreprises, le port ne dispose que de 15 ha disponibles. C’est plutôt faible, d’autant que l’agglomération de Strasbourg a peu de foncier économique, les zones d’activités arrivant à saturation. Pour Nicolas Teinturier : « Chaque terrain du port ayant ses caractéristiques propres, adaptées à un certain type d’activité, le PAS ne peut répondre à tous les besoins des entreprises. Mais nous sommes attentifs à refaire du foncier sur le foncier : la faible disponibilité des terrains nous oblige à la créativité ».