Réuni le 8 novembre 2018 à Prague, le Comité européen pour l’élaboration de standards dans le domaine de la navigation intérieure (CESNI), institué en 2015 par la CCNR, a adopté de nouvelles prescriptions techniques pour les bateaux fluviaux. La version 2017 de la norme ES-TRIN (standard européen établissement les prescription techniques des bateaux de navigation intérieure) sera en effet remplacé à partir du 1er janvier 2020 par la version 2019, qui apporte plusieurs avancées majeures, selon les transporteurs fluviaux.
Les représentants des armateurs fluviaux européens, réunis au sein de l’EBU, et des bateliers européens, sous la bannière de l’OEB, considèrent en effet que « les efforts communs commencent à porter leurs fruits », et se déclarent satisfaits des solutions trouvées à l’application de la norme ES-TRIN, en particulier en ce qui concerne les « émissions sonores , diagrammes pour les appareils et installations électriques, canots de services, voies de repli et systèmes de propulsion pour les bateaux à passagers. »
Les prescriptions techniques en matière d’émissions sonores des moteurs constituaient un « goulet d’étranglement majeur » selon les transporteurs fluviaux européens, puisque les bateaux, même construits avant 1976, devaient se mettre en conformité à la norme avant 2020. ES-TRIN 2019 apporte une solution, avec l’autorisation de certains dépassements en matière d’émissions sonores, et, surtout, de nouvelles méthodes pour mesurer le bruit issu des moteurs. « Des examens ont prouvé que dans 95% des cas, la mesure à la base de la puissance des moteurs ne rend pas justice à la pratique quotidienne sur le bateau de navigation intérieure et, en plus, ne tient pas compte de la durée effective pendant laquelle les personnes sont exposées à des niveaux sonores irresponsables. Le nouveau protocole de mesure prévoit une moyenne pondérée du nombre de tours du moteur », indiquent l’EBU et l’OEB, qui se félicitent que la solution trouvée permette « aux entrepreneurs de la navigation intérieure de réduire le niveau sonore des bateaux à un coût raisonnable et améliorer ainsi les conditions de vie. »
En ce qui concerne les bateaux à passagers, des assouplissements ont aussi été obtenus. L’évacuation des passagers, par exemple, ne devait pas se faire à travers les cuisines du bateau. C’est désormais accepté dans les cas où il serait techniquement difficile de faire autrement, ou si cela entraînerait des coûts disproportionnés, et à condition qu’une analyse de risque ait été validée par un expert. En ce qui concerne l’installation d’un deuxième système de commande dans une salle des machines distincte, elle devient facultative sous réserve de renforcer les systèmes d’assèchement des cales et de lutte contre les incendies. L’OEB et l’EBU se déclarent « très satisfaits par les résultats obtenus, permettant la réalisation de solutions équivalentes mais moins coûteuses au niveau des voies de repli et de la deuxième installation de commande indépendante. »
Vers une harmonisation des qualifications professionnelles
La réunion de Prague du CESNI a aussi permis l’adoption de 14 nouvelles normes dans le domaine de la qualification professionnelle. Ces nouveaux textes, qui entreront en vigueur à partir de 2022, concernent, par exemple, l’aptitude médicale et l’utilisation de simulateurs de conduite et de simulateurs de radars. Ils font aussi évoluer les compétences requises en matière de transport de passagers, de GNL, de navigation au radar, etc.
« Les standards reflètent le contenu de la nouvelle approche qui exige un programme de formation approuvé ou un examen pour toutes les personnes qui débutent dans le secteur, avant de devenir matelot. A partir de 2022, il ne sera plus possible d’obtenir la qualification pour la fonction de timonier uniquement sur la base de l’expérience. » indique le CESNI. À partir de 2022, les exigences en matière de formation et de compétences, élaborées dans le cadre du projet Platina, seront identiques dans tous les pays de l’Union européenne. Les nouvelles normes doivent en effet être adoptées par l’Union européennes au plus tard en janvier 2020, et transposées dans le droit national de chaque état avant 2022.
L’OEB et l’EBU soulignent que cette harmonisation de la formation et surtout de la qualification professionnelle à l’échelle de l’Union européenne va permettre « la reconnaissance des qualifications professionnelles dans tous les États membres de l’UE et la mobilité accrue des membres d’équipage sur le marché du travail de la navigation intérieure européenne. »