Le site de 67 ha à proximité immédiate du centre-ville de Lille était, disait-on il y a quelques années, menacé. Un projet d’urbanisme visait à créer un nouveau quartier d’habitation et de bureaux dans la partie Nord-Est du port de Lille, la « zone 1 », la plus proche de la Citadelle. Mais les Ports de Lille ont su, depuis, faire la preuve de leur utilité au service de la ville : développement des trafics ferroviaires et fluviaux, création d’un terminal de croisière, évacuation conteneurisée des déchets vers Halluin et Sequedin, et création d’un Centre multimodal de distribution urbaine (CMDU), qui a réalisé 70 000 livraisons en 2018 à destination des commerces du centre-ville, avec une moyenne de 50 t de marchandises par jour.
Le CMDU du port de Lille est surtout approvisionné par voie routière, puis ferroviaire. Mais le transport de palettes par bateau fluvial, comme la démonstration en a été faite récemment à Lille avec le bateau Zulu 4, pourrait accélérer le développement de l’utilisation du fluvial en entrée du CMDU.
Autre utilisation innovante des quais portuaires : le terminal de croisière. Utilisé surtout en saison, il a accueilli dix paquebots fluviaux en 2018. Mais il est aussi mis à contribution, hors période touristique, pour le stockage de traverses de chemin de fer, acheminées en fluvial depuis la Belgique, qui repartent ensuite par train à destination des chantiers de lignes à grande vitesse. 3 400 traverses y ont ainsi été reçues en 2018.
L’apport du port à la ville s’est développé
Le port se trouve aussi une nouvelle vocation dans le domaine de l’énergie. Le poste de distribution de gaz naturel comprimé va ainsi être agrandi, et proposera aussi à l’avenir aux véhicules terrestre, et peut être demain aux bateaux, du gaz naturel liquéfié. Ce pourrait aussi être, à plus long terme, un lieu de distribution d’hydrogène pour les véhicules qui utiliseront ce carburant. La Société des produits chimiques de Loos produit en effet ce gaz, qui constitue pour elle un déchet industriel. Une opportunité pourrait ainsi se dessiner, à la fois pour cette entreprise, pour les Ports de Lille et pour les usagers.
Avec tous ces projets et réalisations, difficile désormais d’évincer l’activité portuaire des quais de la Deûle, ce qui n’aurait pourtant pas déplu au président de la CCI des Hauts de France, qui préside également les Ports de Lille. « Je suis admirateur de Confluence, à Lyon. Faire la même chose à Lille aurait été un très beau projet, dont j’étais chaud partisan. Il y a huit ans, le port pouvait supporter de perdre sa zone 1. Mais une telle transformation est plus difficile à engager aujourd’hui, car la destination du port n’est plus la même et son apport à la ville s’est développé. Depuis, nous avons fait ce qu’il fallait pour développer le fluvial et le ferroviaire, en passant, par exempl,e de zéro à vingt trains par semaine. Aujourd’hui nos 67 ha ne nous suffisent plus. La donne n’est plus la même, et d’ailleurs plus personne ne parle de ce projet. »
La ville a su, entre temps, développer d’autres projets d’urbanisme à Saint-Sauveur, Fives ou Lille Sud. Et les terrains du port de Lille qui furent convoités n’ont jamais été, contrairement à ceux de Lyon Confluence, en déshérence. Mais les Ports de Lille veulent néanmoins mettre l’opinion publique de leur côté, et envisagent, avec l’Association internationale villes et ports (AIVP), de créer un Port Center, qui serait la vitrine du port pour mettre en avant auprès des riverains son rôle au service de la ville.