L’étiage du Rhin sous surveillance

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Le réchauffement climatique pourrait occasionner des débits d’étiage moins importants pendant des périodes plus longues sur le Rhin, selon une étude de la CIPR.

Du fait des retenues d’eau en zone alpine et des abondantes pluies estivales, les niveaux d’étiages ont été plus élevés entre 1961 et 2010 qu’au cours de la première moitié du XXe siècle, selon l’étude publiée le 3 juillet 2018 par la Commission internationale pour la protection du Rhin (CIPR). « Les épisodes d'étiage du Rhin étaient nettement plus prononcés dans la première moitié du siècle passé - avec des débits plus faibles et des durées plus longues - qu'au cours des cinquante dernières années, résume la CIPR. Si les étiages sont pourtant perçus comme plus fréquent ces dernières décennies, ceci vient manifestement de la plus grande vulnérabilité des usages de l'eau tels que la navigation, la production énergétique, l'industrie et l'agriculture. »

L’étude, présentée lors de l’assemblée plénière de la CIPR qui s’est tenue les 3 et 4 juillet 2018 à Soleure, en Suisse, s’inscrit dans le cadre de la mission de cette organisation, puisque les étiages réduisent les habitats naturels des poissons, et influent également sur la qualité et la température de l’eau du Rhin. L’analyse statistique des étiages du Rhin fait ressortir, pour la période 1961-2011, des débits de 92 m³ à Diepoldsau, en amont du lac de Constance, de 527 m³ à Bâle, de 850 m³ à Mayence et de 1 095 m³ à Lobith. « L'évaluation de chroniques historiques a montré que les étiages du Rhin étaient nettement plus prononcés dans la première moitié du siècle passé que dans les 50 dernières années, avec des débits également plus bas et plus longtemps inférieurs aux seuils fixés, indique la CIPR. On note aussi une tendance à la hausse significative des débits d'étiage du Rhin entre Diepoldsau et Andernach sur l'ensemble de la période considérée de 1961 à 2010. Cette tendance est surtout due à l'effet de la gestion des retenues en zone alpine. Les précipitations annuelles tendanciellement en essor relevées au cours du XXe siècle dans le bassin du Rhin peuvent également contribuer à cette évolution. On ne détecte aucune tendance particulière de 1961 à 2010 concernant les débits d'étiage. »

La Suisse, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg, Etats riverains du Rhin, ainsi que la Commission européenne coopèrent dans le cadre d’une convention internationale au sein de la Commission internationale pour la protection du Rhin (CIPR). La présidence et les organes de la CIPR sont assistés par un secrétariat international dont le siège est à Coblence en Allemagne. Par ailleurs, le secrétariat apporte son soutien aux Etats du bassin du Rhin devant mettre en œuvre la directive cadre européenne sur l’eau (directive 2000/60/CE) et la directive européenne sur la gestion des risques d’inondation (directive 2007/60/CE). Dans cet esprit, la coopération transfrontalière a été étendue à l’Autriche, au Liechtenstein, à l'Italie et à la Belgique/Région Wallonne. Les langues de travail de la CIPR sont le français, l’allemand et le néerlandais.

Étiage plus long, moindre débit, qualité de l’eau en baisse

Le Rhin
contribue à alimenter par dérivation les bassins du Tessin et du Rhône. Les prélèvements pour l’irrigation agricole, en saison, peuvent atteindre 5 m³/s. Mais les apports d’autres cours d’eau dont il bénéficie, principalement depuis le bassin du Danube et aussi depuis celui de l’Inn, contribuent à un bilan globalement positif pour le Rhin. De l’eau est également retenue dans les Alpes en été, avec une capacité de stockage de 1,8 Md de m³ : cela permet la production d’hydroélectricité, et alimente le Rhin en hiver, lors de l’étiage dominant, à raison de 100 à 120 m³/s, soit 10 à 20 % des débits d’étiage moyens.
À l’horizon 2050, l’étude de la CIPR ne montre pas d’influence nette du changement climatique sur les débits d’étiage, qui pourraient « osciller dans une fourchette allant de baisses d’environ 10 % à des hausses d’environ 10 % également. » Un scénario plus pessimiste, sur la même période, prévoit des diminutions de débits atteignant 14 % et des étiages plus fréquents. Les projections à l’horizon 2100 sont plus alarmistes encore, avec des étiages plus fréquents et de plus longue durée, et des baisses importantes et uniformes des débits d’étiage pendant l’été hydrologique. Les analyses de la CIPR prévoient aussi une élévation de la température des eaux du Rhin, « de l'ordre de 1,5 degrés pour le futur proche et de plus de 3 degrés pour le futur éloigné. » Une bonne nouvelle pour les amateurs de baignade ? Pas sûr, puisque cela s’accompagnera d’une dégradation importante de la qualité des eaux.

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