Les propositions de l’alliance 4F pour doubler la part du ferroviaire en 2030

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L’alliance 4F, pour « fret ferroviaire français du futur », a remis au secrétaire d’Etat aux Transports des propositions pour faire passer la part des marchandises transportées par rail de 9 à 18 % en 2030 en France. Détails des objectifs et enjeux de cette ambition pour une logistique verte et s’appuyant sur la complémentarité entre les modes.

L’alliance 4F, pour « fret ferroviaire français du futur », a remis le 24 juin 2020 au secrétaire d’Etat aux Transports des propositions intégrées dans un rapport intitulé « Le fret ferroviaire pour concilier relance économique et écologique » (voir le rapport) avec l’objectif de faire passer la part des marchandises transportées par rail de 9 à 18 % en 2030 en France. Dans les autres pays européens, la part modale du fret ferroviaire atteint en moyenne 18 % et l’objectif est de parvenir à 30 % en 2030 dans le cadre du projet Rail Freight Forward.

Lors d’une conférence de presse le 26 juin 2020 à Paris, 4F, qui réunit de manière inédite tous les acteurs de la filière ferroviaire en France (voir encadré), a indiqué que les échanges et travaux avaient débuté en janvier et abouti à un plan qui se décline en 10 axes de travail, 30 actions et deux temporalités (2021 à 2024 puis 2025 à 2030). Ce plan s’inscrit d’abord dans le cadre de l’article 178 de la loi d’orientation des mobilités qui prévoit l’élaboration d’une stratégie pour le développement du fret ferroviaire d’ici fin 2020 mais aussi dans le contexte de la relance économique post-Covid-19. Il prend en compte la dimension européenne avec la démarche Rail Freight Forward et avec le Green Deal.

Une offre multimodale, alliant le ferroviaire, le fleuve et la route

Pour Franck Tuffereau, coordinateur 4F : « C’est un projet d’avenir au service de l’ensemble des acteurs du transport et d’une logistique verte s’appuyant sur les complémentarités entre les différents modes rail-route-fleuve-mer ». Pour Pascal Sainson, président d’Europorte, groupe Getlink : « Il s’agit d’améliorer la qualité de service, de proposer une offre de bout en bout, multimodale, alliant le ferroviaire, le fleuve et la route ». Pour Delphine André, présidente de GCA, groupe qui possède Novatrans et Greenmodal : « C’est un engagement pour une logistique plus intégrée, plus performante, plus verte, chaque mode étant complémentaire. Le gouvernement doit se pencher sur le fret ferroviaire et sur le transport combiné, comme le font d’autres pays européens ». Les enjeux sont « la création d’emplois en France dans le secteur ferroviaire et les autres industries, la réindustrialisation du pays voulue par l’Etat dont il faudra prendre en charge les flux, une nouvelle dynamique d’aménagement du territoire », selon Eric Tassily, vice-président de la Fédération des industries ferroviaires, président de Knorr-Bremse.

Gottfried Eymer, président d’Euro Cargo Rail, groupe DB Cargo, a expliqué que le plan de 4F se fonde sur trois piliers dont le premier est constitué des opérateurs membres de 4F et qui sont « prêts à travailler main dans la main avec la route et le fluvial pour orienter la croissance des transports vers la décarbonation, prêts à innover et à prendre des risques ». Le deuxième pilier, c’est le gestionnaire d’infrastructure, SNCF Réseau, associé à 4F dans l’élaboration du plan d’action, qui donne la priorité à la qualité de service et à l’investissement dans la rénovation du réseau. Le troisième est l’Etat, lequel « doit, comme c’est le cas dans d’autres pays, accompagner la décroissance des émissions de CO2, décider maintenant des mesures de soutien financier au rail, mettre en place les incitations qui faciliteront l’évolution vers une chaine logistique durable ».

Chiffrage des besoins et gains pour la société

« Le plan que nous avons élaboré, c’est un plan d’investissement pas un plan de subvention. Il est conçu sur un temps long, il est peu gourmand à court terme. Nous l’avons construit avec l’ensemble de la profession ferroviaire mais aussi avec les chargeurs. Nous avons eu des retours positifs pendant nos travaux quand nous avons échangé avec les pouvoirs publics. Le secrétaire d’Etat aux Transports l’a reçu avec bienveillance et a dit vouloir le soutenir », a ajouté Pascal Sainson.

Comme chiffrage des demandes à l’Etat, 4F a indiqué un montant de 200 millions d’euros par an de 2021 à 2024 pour permettre un triplement de l’enveloppe annuelle allouée à « l’aide à la pince » (dont le montant annuel est aujourd’hui de 27 millions d’euros par an), pour octroyer des aides au wagon isolé, pour permettre une réduction des péages en s’inspirant ici de ce qui se fait en Allemagne où une division par deux a été mise en place en 2018. Il faut ajouter 1 milliard d’euros pour la régénération du réseau de 2021 à 2024 : « Une partie de cette somme est déjà en partie dans le plan de SNCF Réseau mais il faut aller plus vite et prévoir davantage que les montants déjà inscrits ». Il y a en effet des travaux urgents à réaliser à court terme sur le réseau, notamment concernant les voies de services, les lignes capillaires... Les années 2021-2024 seront aussi celles du lancement et de la réalisation d’études pour définir un programme de grands travaux pour lesquels 4F a donné une estimation à 11,5 milliards d’euros sur 2025-2030 avec des financements européens possibles. Parmi les grands travaux cités : l’adaptation des ouvrages pour obtenir la hauteur nécessaire au passage des remorques routières embarquées sur wagon, l’adaptation des voies à une plus grande longueur des trains, la réalisation de contournements ferroviaires fret pour les grandes métropoles de Paris, Lyon ou Lille…

Les sommes détaillées par 4F doivent être comprise dans un contexte environnemental, c’est-à-dire en termes d’économie de coûts externes : « Nous avons chiffré les externalités négatives qui seront évitées si la part modale du fret ferroviaire double dès 2030. En tenant compte de la pollution, de la congestion, des émissions de CO2, des accidents, le rail peut faire économiser 1,5 milliard d’euro par an à la société à partir de 2030 », a précisé Frédéric Delorme, président de Fret SNCF.

Travailler avec les territoires

Selon 4F, quand il a reçu le rapport et les propositions, le secrétaire d’Etat aux Transports a indiqué qu’à partir de juillet 2020, des travaux allaient être lancés pour avancer sur ce qui est prévu dans l’article 178 de la Lom, soit l’élaboration d’une stratégie pour le développement du fret ferroviaire d’ici la fin d’année.

De leur côté, les membres de cette alliance ont entamé une démarche en direction des territoires. Par exemple, dans les Hauts-de-France, Pascal Sainson a informé l’association Norlink. Pour Frédéric Delorme : « L’énergie vient des territoires. Echanger avec eux permettra d’adapter et de compléter le plan ».


4F, pour « fret ferroviaire français du futur », est « une alliance inédite qui réunit tous les acteurs de la filière en France afin de structurer un ensemble de mesures nécessaires à la sauvegarde et au développement du fret ferroviaire ».

Cette alliance regroupe les membres suivants :

- les principales entreprises de transport ferroviaire de marchandises : Fret SNCF, DB Euro Cargo Rail, VFLI, Europorte, Lineas, RegioRail, Millet Rail,

- les principaux opérateurs de combiné multimodal en France : Novatrans, Naviland Cargo, T3M, Froidcombi,

- l’opérateur d’autoroutes ferroviaires VIIA,

- le commissionnaire Forwardis,

- les opérateurs ferroviaires de proximité, réunis au sein de l’association Objectif OFP,

- l’Association Française du rail (AFRA),

- le Groupement national des transports combinés (GNTC),

- l’Association française des détenteurs de wagons (AFWP),

- l’Association des utilisateurs de transports de Fret (AUTF),

- la Fédération des industries ferroviaires (FIF),

- l’Union des entreprises transport et logistique de France (TLF),

-le syndicat des entrepreneurs de travaux de voies ferrées de France (VFF), l’Association française des gestionnaires d’infrastructures ferroviaires indépendants (AFGIFI),

- le Comité pour la liaison européenne Transalpine,

- l’association France Logistique 2025.


Le gestionnaire d’infrastructures SNCF Réseau « coopère activement aux travaux ».

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