Le Premier ministre, Edouard Philippe, a confirmé l’engagement financier de l’Etat pour Seine-Nord Europe et tout l’intérêt de ce projet sur le plan national et régional, lors d’un déplacement sur le tracé de ce futur canal à Aubencheul-au-Bac le 24 octobre 2019.
Lors de la conférence de presse, à l’issue de la visite dédiée au projet de canal Seine-Nord Europe à Aubencheul-au-Bac, entouré de Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, et de Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, le Premier ministre a déclaré : « Ici, je suis venu dire que, conformément aux engagements pris pendant la campagne présidentielle par le candidat Emmanuel Macron puis par le président de la République à Amiens l’année dernière, l’Etat sera au rendez-vous des engagements qui ont été pris. Au rendez-vous des engagements s’agissant de la participation financière à ce projet considérable, d’un montant de plus de 5 milliards d’euros. L’Etat apportera plus de 1 milliard d’euros. Il le fera dans les conditions qui ont été étudiées et discutées avec les collectivités territoriales. Et l’argent de l’Etat sera au rendez-vous des engagements qui ont été pris. Il est également au rendez-vous en faisant confiance aux élus locaux. C’est la première fois qu’un projet de cette ampleur est porté par les collectivités territoriales. La première fois que l’Etat a fait confiance à une société régionale pour porter un projet décisif pour la région mais, je le dis volontiers, qui va au-delà des intérêts de la région ».
Le Premier ministre a ajouté : « Le canal Seine-Nord Europe est un projet dont on a beaucoup parlé, depuis très longtemps, probablement depuis trop longtemps. Et qui est en train de passer une à une les étapes qui vont permettre de concrétiser la réalisation de ce projet d’infrastructure assez exceptionnel, important évidemment pour le commerce, pour la production mais, au fond, extrêmement important pour toute une région et pour l’ensemble du pays ».
« Un superbe projet pour toute la France »
Edouard Philippe a poursuivi : « Je veux souligner la qualité du travail et des discussions avec les élus locaux. Dire aussi l’importance du financement européen. Sur les 5 milliards d’euros, plus de 2 milliards d’euros viennent de l’Union européenne, qui est capable de participer au financement d’une infrastructure qui va offrir des emplois au moment de sa construction, des emplois après sa construction pour le développement économique, pour les activités logistiques qui vont être développées à coté du canal et pour donner des perspectives de croissance. C’est un très beau projet ».
Le Premier ministre est entré dans des détails techniques et concrets : « Les travaux vont commencer en 2022, en réalité, dès 2020, avec des travaux de préparation. Nous espérons que ce projet pourra être terminé en 2028, c’est lointain dans le temps mais on imagine bien, quand on voit les 107 km de travaux à réaliser, la masse de travaux publics et de compétences qu’il faut mobiliser ».
Il a conclu sa déclaration par : « C’est un superbe projet pour les Hauts-de-France, pour toute la France. Je le répète, les engagements pris par l’Etat, les engagements rappelés par le président de la République seront tenus ».
« Il y a un projet économique »
Edouard Philippe a ensuite été interrogé à deux reprises par un journaliste sur sa position pas vraiment enthousiaste par rapport au projet de canal Seine-Nord Europe quand il était maire du Havre, fonction qu’il occupait avant de devenir Premier ministre.
Pour Edouard Philippe : « Ce qui me paraît évident est que derrière la construction de cette infrastructure, il y a un projet économique. Une infrastructure, c’est utile si on sait s’en servir, créer de la valeur, des activités logistiques, si on sait mettre en œuvre cette infrastructure. C’est ce que porte chacun des élus qui contribue au projet, c’est ce que porte tout ceux qui sont dans la promotion de ce projet. J’ai bon espoir que ce projet, bien pensé, permettra d’apporter de la richesse, de la compétitivité pour l’ensemble des places portuaires françaises, des constructeurs, des logisticiens, des agriculteurs, etc. qui vont pouvoir utiliser un mode de transport beaucoup plus vert et beaucoup plus respectueux de toute une série de préoccupations qui sont les nôtres ». Par la fin de cette dernière phrase, il faut comprendre : un mode respectueux de l’environnement dans le contexte de la transition énergétique et du défi climatique.
Le Premier ministre a conclu : « 5 milliards d’euros vont être consacrés à la réalisation de cette infrastructure, qui va créée beaucoup d’emplois pendant sa construction. Et je sais que la société de projet va mettre tout en œuvre pour que les emplois créés profitent aux actifs de la région. Cette infrastructure va ensuite créer de l’activité et du développement économique. L’essentiel est là. C’est un projet porté par l’Etat sur lequel l’Etat s’est engagé. C’est un projet porté par les collectivités sur lequel elles se sont engagées. Nous essayons de le faire en bonne intelligence, dans de bonnes conditions pour le bénéfice de tout le monde et c’est ça l’essentiel ». (voir la vidéo).
A Aubencheul-au-Bac, Xavier Bertrand a fait part de sa satisfaction, indiquant que c’est le Premier ministre qui avait arbitré les dernières décisions autour du projet de canal Seine-Nord Europe : « Si on avait laissé faire les technocrates et les comptables, on ne l’aurait jamais eu ce canal ».
Une nouvelle convention financière à signer
Ces déclarations du Premier ministre font suite à l’accord entre l’Etat et les collectivités territoriales sur le financement de Seine-Nord Europe (voir notre article). Selon cet accord, l’Etat contribue pour 1,1 milliard d’euros en crédits budgétaires par l’intermédiaire de l’AFITF, les collectivités territoriales apportent le même montant, l’UE participe à hauteur de 2 milliards d’euros.
Notre collègue du quotidien régional La Voix du Nord précise : « On sait désormais que le montant apporté par les collectivités territoriales sera financé par une indexation sur l’inflation de la taxe d’aménagement du territoire, due par les sociétés d’autoroute « sans que cela ne soit répercuté sur les usagers », promet Gérald Darmanin, ministre des comptes publics. Pour l’emprunt de bouclage d’environ 700 millions d’euros, question qui ne se posera pas avant 2026-2027, ça discute encore, mais cela pourrait, là aussi, reposer à terme sur une contribution des sociétés d’autoroutes ».
Le quotidien régional ajoute : « Reste tout de même quelques détails pas anodins à régler. Deux points de désaccords subsistent avant la signature fin 2019-début 2020 d’une nouvelle convention financière, sans doute en Picardie et par Emmanuel Macron lui-même. « Je ne veux pas que ce que l’Europe mettra éventuellement en plus aille en déduction de la part de l’État. Et si des dispositions prises par l’État renchérissent le coût du canal, je veux que ce soit lui qui le prenne en charge », indique Xavier Bertrand, qui ne souhaite plus payer pour les autres. On négocie encore, donc. « Mais on va y arriver », sourit Gérald Darmanin ».