Pour le syndicat maritime Bretagne Océan-CFDT, la première réaction a été « l’incompréhension totale » devant la proposition de la Commission européenne de rediriger le fret maritime irlandais vers les ports du Benelux, une fois le Brexit effectif.
« D’un point de vue maritime, pour les échanges entre le continent européen et l’Irlande, il y a une logique géographique que se soit par la France et ses ports, explique Claude Huchet, secrétaire général de ce syndicat regroupant plus de 1100 adhérents du secteur maritime. Il y a aussi une logique d’organisation : dans nos ports, nous savons faire : recevoir les marchandises, les traiter, les manutentionner, les réacheminer. Comment un tel projet de proposition peut-il voir le jour ? ».
Claude Huchet rappelle qu’une liaison vers l’Irlande existe déjà au départ de la Bretagne vers l’Irlande, opérée par Brittany Ferries. « Pour cette compagnie, les équilibres entre les transports de fret et de passagers sont fragiles. Si elle perd le fret vers l’Irlande, l’existence de la ligne risque d’être compromise s’il reste seulement le trafic passagers ». Brittany Ferries s’organisait par rapport aux conséquences du Brexit, anticipait de probables décisions, en fonction des négociations qui avançaient entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.
Avec cette proposition qui n’avait jamais été évoqué auparavant dans le contexte des négociations du Brexit, « des projets de développement risquent de tomber à l’eau, relève Claude Huchet. Et ce sera à nous les syndicats de gérer, après coup, les conséquences en termes d’emplois d’une telle proposition si elle n’est pas modifiée ». En plus de Brittany Ferries, il évoque des conséquences possibles sur la filière des EMR qui constitue une opportunité de développement dans plusieurs ports bretons.
Mobilisation prévue si le dialogue n’aboutit pas
Pour le moment, la priorité est donnée à une participation aux prises de position à transmettre à la Commission européenne d’ici le 26 septembre 2018. « C’est notre fonctionnement à la CFDT : le dialogue d’abord. Mais si rien n’est obtenu, nous n’hésiterons à organiser une mobilisation pour peser dans les négociations à Bruxelles ». Claude Huchet rappelle que le 6 mai 2018, un appel à la grève de la CFDT avec la CGT et FO a immobilisé les navires à quai et vidé les gares maritimes un dimanche. Aucune des liaisons exploitées par la Compagnie Océane (groupe Veolia) avec les îles du Morbihan n’a été effectuée ce dimanche-là, qui précédait une semaine « de pont ». Les personnels navigant et sédentaire ont fait grève pour obtenir une augmentation des salaires et protester contre un management créant trop de souffrance au travail.
Claude Huchet conclut : « Il reste aujourd’hui environ 30000 marins relevant du régime social français qui se répartissent entre 20000 à la pêche et 10000 au commerce. C’est très peu par rapport aux niveaux que nous avons connus au cours des décennies passées. Il faut préserver ces emplois ».