Aux ports de Calais et Boulogne, les résultats des élections professionnelles du 7 novembre 2019 ont donné une large victoire à la CFDT. Une réussite liée à une certaine manière de concevoir le rôle des élus et à un travail d’équipe. Cela signifie aussi que la CGT perd sa position dominante.
Aux ports de Calais et Boulogne, les résultats des élections professionnelles, organisées le 7 novembre 2019, bénéficient largement au syndicat CFDT au détriment de la CGT qui enregistre un repli sans précédent.
« Les résultats des élections professionnelles du 7 novembre constituent pour nous une très bonne nouvelle et marquent la victoire de l’ensemble de l’équipe qui se bat pour la défense des salariés et le développement des ports de Calais et Boulogne depuis la création d’une section il y a 20 ans, a indiqué Christophe Fontaine, délégué syndical, lors d’une conférence de presse le 14 novembre 2019. Pour la CFDT, le score est historique dans les deux ports et dans la société d’exploitation des ports du détroit, SEPD ».
Dans l’établissement port de Calais, le score de la CFDT (représentativité de près de 31 % et 7 sièges) signifie que la CGT a perdu la majorité absolue, qu’elle détenait depuis toujours, et ne pourra plus signer d’accord seule. FO arrive en troisième position tandis que la CFE-CGC disparaît. Dans l’établissement de Boulogne, la CFDT atteint 50 % et remporte 4 sièges, ce qui lui assure la majorité devant la CGT (34,84 %, 2 sièges) qui est suivi de la CFE-CGC (15,15 %, 1 siège). Au niveau de la SEPD port de Boulogne Calais, là aussi, avec près de 33 % de représentativité et 11 sièges, la CFDT retire à la CGT sa position dominante.
Il faut rappeler que selon les « ordonnances Macron » du 22 septembre 2017, qui ont entraîné une importante réforme du code du Travail, avec une représentativité dépassant les 30 %, la CFDT peut proposer des accords qui peuvent être soumis directement aux salariés par référendum. Il faut noter également que seule une comparaison est possible au niveau de la représentativité, compte tenu que les nouvelles élections mettent en place des comités sociaux et économiques (CSE) qui remplacent désormais les instances précédentes de comité d’entreprise, délégation du personnel, comité d’hygiène, sécurité et conditions de travail (CHSCT).
« Le niveau que nous avons atteint, cela signifie davantage de démocratie dans l’entreprise en termes de dialogue social et dans les négociations, a précisé Olivier Lemaître, délégué syndical. Il faut aussi souligner que nous avons une parité/mixité totale, une stricte moitié des élu/e/s sont des femmes et l’autre moitié des homes. Nous progressons dans les trois collèges, « ouvriers et employés », « techniciens/agents de maîtrise », « cadres ». Nous sommes les seuls à obtenir une évolution positive d’élections en élections depuis 2011 ».
Une forte participation des 667 salariés des deux ports
Pour les deux délégués syndicaux, les résultats des élections professionnelles montrent « le soutien des salariés vis-à-vis de la manière dont l’équipe CFDT œuvre pour la défense des conditions de travail et des emplois, le développement social et économique des ports ». Le taux de participation apparaît particulièrement élevé : 100 % des 65 salariés ont voté à Boulogne et 98 % des 602 salariés à Calais. La réussite d’aujourd’hui est aussi « une conséquence du travail conduit par les élus qui se sont succédés en commençant par ceux qui ont eu le courage de créer une section syndicale CFDT il y a 20 ans. Aujourd’hui, nous cumulons la force de l’expérience et l’énergie des jeunes salariés et des femmes qui sont mobilisés ».
Les élus ont insisté sur « la responsabilité » qui leur incombe désormais et tout au long des 4 ans de leur mandat. « Notre équipe, c’est notre force. Nous avons présenté un bilan de nos actions, nous avons établi des propositions pour l’avenir. Nous allons rester modeste et continuer à travailler dans l’intérêt des salariés et des ports, fédérer et non pas diviser ».
Du côté des directions, la prise de conscience serait en train de se faire qu’une page se tourne avec la progression de la CFDT et le repli de la CGT, dont les deux ports étaient des bastions historiques avec des scores de représentativité dans le passé qui ont atteint jusqu’à 92 %.
Les résultats à Calais et Boulogne interrogent sur ce qui va se passer au Grand port maritime de Dunkerque où les élections professionnelles sont prévues pour la fin du mois de novembre 2019.
« Les résultats dans les établissements portuaires peuvent changer la situation au niveau national pour la CFDT par rapport à la CGT, a relevé Valérie Latron, secrétaire fédérale de la Fédération générale des transports et de l’environnement-FGTE-CFDT, représentante CFDT au comité des femmes de ETF et ITF pour la section de la navigation intérieure. Il est possible au niveau de la fédération d’envisager de demander dans les instances nationales, les commissions paritaires, d’avoir un poste pour les ports et un pour les dockers ». Ce qui constituerait une évolution majeure et un autre revers pour la CGT. En plus des très bons résultats, Valérie Latron a mis en avant la parité/mixité des sièges entre hommes et femmes suite aux élections professionnelles à Calais et Bouloge : « Vous démontrez qu’il peut y avoir des élus femmes dans un établissement portuaire ».