Des députés du parti Les Républicains à l’Assemblée nationale, 28 au total, ont déposé le 11 mai 2020 une proposition de résolution « visant à engager une politique offensive et ambitieuse en faveur du transport fluvial », a annoncé Agir pour le fluvial (APLF).
Cette association précise : « Cette proposition de résolution reprend les termes exacts de notre tribune d’avril 2020 envoyée à tous les parlementaires. C'est le souhait de l'ensemble des acteurs et des représentants du fluvial, de tous ceux qui voient un avenir pour la voie d'eau autre que des projets de dénavigation. Souhaitons que tous les groupes parlementaires suivent cette initiative ».
NPI avait publié la tribune d’APLF (voir notre article).
La résolution des députés s’articule autour de trois points :
- la prise de mesures relevant des champs législatif, budgétaire et fiscal pour favoriser le transport fluvial et une politique offensive et ambitieuse pour ce mode,
-la nécessité de donner une priorité à la régénération de l’ensemble du réseau,
-une modification des arbitrages des chargeurs en matière de choix modal.
Une exigence de transition énergétique
Cette résolution comprend l’exposé des motifs suivants qui a été inspiré largement par la tribune d’APLF : « Notre pays constate dans la violence de cette crise du Covid-19 son extrême dépendance, principalement avec les pays du continent asiatique et plus particulièrement pour les produits de première nécessité. Notre économie, depuis des décennies, s’est engagée dans une politique de désindustrialisation se tournant vers les pays à faible coût de main-d’œuvre. Nous avons remplacé notre activité de production par une activité de logistique pour acheminer aux consommateurs les produits fabriqués ailleurs. Les grands ports maritimes reçoivent le flux des conteneurs.
Le mode fluvial s’est adapté pour desservir les régions irriguées par les grands fleuves et la France dispose d’un fantastique réseau de canaux reliant les régions entre elles.
La pandémie du Covid-19 laisse apparaître l’extrême fragilité de ce système. De nombreuses voix s’élèvent pour réfléchir à une réindustrialisation. Va-t-on connaître une modification structurelle de notre économie et de ses besoins de transport ?
Si le flux de marchandises en provenance d’Asie tend à décroître, les professionnels du fluvial devront s’adapter à de nouveaux trafics notamment européens. Pour que ce mode de transport franchisse un cap, il sera nécessaire de répondre à l’évolution de ses besoins en matière d’infrastructure, de logistique, de modernité des bateaux et d’adaptation des unités de transport Intermodal à tous les types de trafic. Une telle adaptation sera aussi de nature à répondre à une exigence de transition énergétique.
À ce jour, le secteur du transport compte pour près de 30% des émissions de gaz à effet de serre en France, en augmentation de 30% par rapport à 2012. La part du transport routier de marchandises représente 43% des émissions totales.
Celle du fluvial est toute faible, compte tenu de sa place dans la réalité de la logistique d’aujourd’hui et de son efficacité énergétique à la tonne transportée (une barge porte beaucoup plus de volume et de masse qu’un camion, à surface égale). Les barges et péniches comptent pour à peine 1% des émissions du secteur du transport. Le basculement d’une partie significative des flux de marchandises de la route vers la voie d’eau permet de diviser par quatre la production de gaz à effet de serre. Aussi, pour répondre à cette urgence économique et climatique, il paraît nécessaire d’engager une politique offensive et ambitieuse en faveur du transport fluvial. »