Le document de 18 pages se divise en deux chapitres dont le premier est un rappel du contexte, le deuxième détaille trois préconisations : « valoriser l’offre commerciale », « tirer les investissements vers la croissance », « construire une gouvernance économico-portuaire ». Pour les trois organisations, « la fusion des trois ports doit, avant tout, traiter le déficit de compétitivité de l’axe Seine par une meilleure captation des marchés sur l’ensemble du corridor fluvial et de son hinterland ». Les préconisations visent donc à améliorer la compétitivité de l’axe. Elles demandent également « une juste représentation des acteurs économiques » dans le futur établissement et ses organes de gouvernance.
Intensifier les activités fluviales sur la Seine
Concernant le contexte, il est indiqué : « Les chambres de commerce soutiennent la direction prise par Haropa dans la projection de sa future vision portuaire. La facilitation des échanges économiques doit être le moteur du futur établissement. L’objectif réside dans la reconquête de parts de marchés par une meilleure prise en compte des attentes des clients internationaux qui privilégient, avant tout, l’efficacité des réseaux et fuient les schémas organisationnels complexes ».
Il est mis en avant que « le trafic fluvial sur la Seine est particulièrement faible. Selon VNF, ses perspectives d’accroissement pourraient être multipliées par trois voire quatre. Une intensification des activités fluviales pourra être absorbée sans aucune difficulté ». Il est noté que « la demande de voyages sur la Seine est en essor, toutefois remise en cause par la crise sanitaire ». La pénurie de recrutement dans le transport routier peut permettre à la voie d’eau et au chemin de fer « d’en tirer profit comme effet d’aubaine ».
Les atouts de la voie d’eau en matière de développement durable ne sont pas oubliés (« capacité de chargement et rationalisation ») mais « l’écart de coût et la modernisation des motorisations de la batellerie deviennent alors des enjeux concrets pour répondre aux besoins des chargeurs. La transition énergétique et écologique aura un coût, la future structure et l’Etat devront trouver, avec les entreprises, un modèle économique adapté pour amorcer ces investissements ».
Valoriser les aides au verdissement
Les deux CCI et l’association consulaire détaillent trois préconisations. La première vise à « valoriser l’offre commerciale » qui passe par la création d’un « centre de relation client » commun dans l’axe Seine. « Les acteurs économiques appellent à une fusion qui vise à rendre plus lisibles les rôles et compétences de chacun. L’instauration d’un « centre de relation client » permettra d’éviter aux usagers portuaires les schémas administratifs rebutants ».
La valorisation commerciale passe aussi par « une valorisation des aides au verdissement comme soutien à la transition écologique ». Les aides existantes (PARM et PAMI) ou celle « au coup de pince » sont « nécessaires » mais « leur multiplication conduit à un saupoudrage inefficace économiquement. La fusion des ports de l’Axe Seine devrait être l’occasion de proposer un mécanisme nouveau, plus global ». Il s’agirait de « concevoir un mécanisme globalisé d’aides permettant l’amorce dans le renouvellement des flottes ».
Il est aussi proposé « d’étendre les critères d’éligibilité des certificats d’économie d’énergie pour le transport combiné afin de soutenir le renouvellement des flottes fluviales ou la réalisation de plateformes multimodales ».
Homogénéiser l’action publique
La deuxième préconisation a pour thème « tirer les investissements vers la croissance ». Pour les trois organisations, « la quête de compétitivité doit combiner une offre multimodale étoffée avec une gestion exigeante et coordonnée des infrastructures. La multiplicité des autorités compétentes dans le bassin de la Seine risque de nuire à la bonne coordination et à la rapidité d’exécution. Il faut homogénéiser l’action publique avec toutes les parties prenantes - dont VNF - anticiper les besoins liés à l’avitaillement alternatif et développer le potentiel du transport combiné rail/fleuve ».
Il est donc suggéré de « permettre une délégation des missions de VNF sur l’axe Seine à Haropa. Dans une logique de clarification et de cohérence de l’action publique, il est indispensable que Haropa puisse, dans le cadre d’une délégation de compétences, disposer des pleines missions de VNF bassin de la Seine. De cette manière, la coordination entre relation commerciale, aides à la transition et gestion du passage portuaire serait pleinement facilitée et fléchée vers le nouvel établissement ».
Il est proposé « d’étendre le périmètre d’action de Haropa à l’ensemble du corridor de l’axe Seine. Un ensemble de ports locaux, complètement indépendants des trois grandes organisations portuaires, sont encore établis dans la partie Ouest de la Seine Aval. Ces ports offrent des opportunités de développement, particulièrement dans le secteur de tourisme. Le futur établissement devra les intégrer. Le périmètre d’intervention d’Haropa devra a minima s’établir sur l’ensemble du corridor de l’axe Seine. Ces ports locaux feront partie de sa pleine gouvernance ».
D’autres propositions sont mises sur la table : « étendre le futur contrat d’objectifs et de moyens d’Haropa aux politiques de VNF, imposer aux investissements des perspectives d’essor du trafic, engager un schéma directeur d’avitaillement en énergies alternatives ».
Préserver la diversité des trois ports
La troisième préconisation s’intitule « construire une gouvernance économico-portuaire ». Pour les deux CCI et l’association consulaire, « le nouvel établissement portuaire devra préserver les spécificités d’activités propres à chaque bassin portuaire. La diversité est une force. Il est donc primordial de reconnaître les spécificités de chaque place portuaire et d’en préserver leur modèle économique. Le respect de l’ADN des ports sera un prérequis dans l’acceptation du projet par les acteurs économiques ».
Toutefois, « l'ADN et la spécificité des économies des ports préexistants ne seront garantis qu’au travers d'une juste représentation des acteurs économiques. Il s'agira de les retrouver au cœur des organes de gouvernance : dans la structure de tête (siège social) comme dans les « territoires portuaires » où les missions opérationnelles sont exécutées. Une gouvernance resserrée et une représentation des acteurs économiques doivent être au cœur de la stratégie. De façon complémentaire, les réseaux d’entreprises concernés joueront un rôle indispensable dans l’animation économique locale ».
Il est donc demandé de « faire siéger les acteurs économiques représentatifs dans les organes de gouvernance. Il apparaît incontournable que les acteurs économiques puissent disposer de sièges avec des voix délibératives dans les organes décisionnels. Ils pourront être représentés par l’association Paris-Seine-Normandie. Concernant l’organisation des « territoires portuaires », les CCI d’Île-de-France et de Normandie pourront assurer leurs rôles de représentants des acteurs économiques ».
A noter que le maintien de la Délégation interministérielle au développement de la Vallée de Seine (DIDVS) existante depuis 2007 est réclamée : « Elle a permis la création de nombreux projets économiques, le soutien des structures associatives et économiques locales ainsi que l’assistance nécessaire auprès des intercommunalités riveraines. La DIDVS relève de l’Etat, incontournable dans le bassin de la Seine. Elle est la reconnaissance même de l’intérêt du gouvernement pour son développement. Elle dispose d’autant plus d’une capacité financière non négligeable pour assurer l’intégration de l’axe Seine auprès des collectivités publiques et au cœur des entreprises ».
Plus d’informations : https://www.cci-paris-idf.fr/etudes/grand-paris/mobilite-transports/fusion-des-ports-de-laxe-seine-enjeux-economiques-etudes