Cette prise de conscience a conduit à la signature d’une « Charte de développement durable » entre le port et les collectivités territoriales en décembre 2011 qui listait des actions concrètes liées au développement durable et prenant en compte les enjeux environnementaux, économiques et sociaux qui découlent de l’activité portuaire. Les associations locales et environnementales ont été consultées lors de la rédaction de cette charte dont l’objectif était aussi de favoriser l’acceptabilité du port auprès de ses riverains. En 2015, une nouvelle version de cette charte marque un nouveau pas dans la nécessité de concilier développement économique et protection de l’environnement en associant l’Union maritime de La Rochelle, syndicat professionnel qui regroupe 78 entreprises de la place portuaire.
Par ailleurs, fin 2014, le port est sollicité par l’Ademe et par la région pour répondre à un appel à manifestation d’intérêt (AMI) portant sur l’écologie industrielle et territoriale (EIT). « Nous avons participé à cet AMI avec l’Union maritime et notre projet a été retenu en novembre 2015. Cela nous a permis d’obtenir des financements pour recruter un animateur pour la démarche d’écologie industrielle et pour réaliser des études », précise Bernard Plisson. La démarche d’EIT a été baptisée « matières énergies rochelaises (MER) » et son animateur, Rémi Justinien, a pris ses fonctions en mai 2016. La démarche MER a été déployée sur 3 ans, poursuit Bernard Plisson, avec l’objectif de recenser les flux entrants et sortants de matières, eaux, énergies des entreprises de la place portuaire, d’identifier les synergies possibles. La moitié des entreprises de la place portuaire a participé au diagnostic (voir notre article).
Partager le pilotage et les risques
« Nous pouvons constater que la démarche a été un succès mais reste encore en devenir. Pour nous, la démarche a vocation à pérenniser la volonté des entreprises à s’engager, explique Bernard Plisson. Au terme des 3 ans, il était temps de passer un nouveau cap en ce sens ». Et ce cap a été franchi en 2019 avec la transformation de la démarche MER, financée par l’Ademe, le port et la région, en structure associative, financée par les trois structures publiques mais aussi par les cotisations des adhérents, qui sont les entreprises de la place portuaire. Cette évolution, pour Bernard Plisson, « c’est le chemin de la pérennisation de la démarche, un passage d’une structure projet à une structure pérenne qui va dans le sens d’une prise de responsabilité après la prise de conscience et la réalisation des diagnostics de flux. Il s’agit de partager les risques, les responsabilités, le pilotage entre toutes les parties prenantes, publiques et privées ».
Une démarche d’écologie industrielle permet à court terme une meilleure performance collective de la place portuaire, relève Bernard Plisson. Elle diminue les impacts négatifs des activités industrielles sur l’environnement. La performance est aussi d’ordre économique avec une baisse de certains coûts. A long terme, l’écologie industrielle permet un meilleur ancrage territorial de l’espace portuaire, favorise l’innovation. Il est possible aussi que des projets se greffent, qu’il y ait un « effet d’aubaine », la création de nouvelles activités, de nouvelles filières pour une meilleure compétitivité du territoire.
L’avenir plus immédiat de la démarche pour le GPM de La Rochelle, c’est la participation à l’appel à projets « territoires d’innovation et de grande ambition » au sein d’un consortium regroupant l’Agglomération de La Rochelle, la Ville et le parc d’activités Atlantech. « Le projet que nous présentons est de devenir un territoire zéro carbone en 2040, indique Bernard Plisson. Pour y parvenir, il faut jouer sur plusieurs leviers dont l’économie circulaire et le travail concerne l’ensemble du territoire pas seulement le port. Si nous sommes retenus, le soutien financier permettra des investissements significatifs pour réduire l’empreinte environnementale du C02 ».