{{IMG:1}}
L’aboutissement de 4 ans de travail
Ce constat a conduit l’EMIZ Sud-Est à engager une réflexion pour déterminer comment améliorer la gestion des risques en lien avec les paquebots fluviaux qui a abouti en décembre 2015 à un « plan Orsec risque fluvial ». A ce moment-là, un rapprochement s’effectue entre l’EMIZ Sud-Est et la CNR qui commencent à travailler ensemble sur des situations d’incidents possibles. Un premier cas défini est celui d’un bateau de croisière en difficulté sur un bief, un deuxième un bateau bloqué dans un sas d’écluse. « Le partenariat signé en novembre 2019 est l’aboutissement du travail et de la réflexion mené depuis 4 ans. Il apporte des réponses opérationnelles aux services de secours. Il constitue un engagement sur des mesures concrètes de chacune des parties prenantes », souligne Valérie Chabrier. A l’origine, le travail a porté sur la partie du Rhône situé en Rhône-Alpes, sous le pilotage de l’EMIZ Sud-Est. « Quand des solutions opérationnelles ont commencé à émerger, nous nous sommes rendus compte qu’elles étaient valables aussi pour la partie du fleuve située plus au Sud, donc pour toute la vallée du Rhône », poursuit Valérie Chabrier. L’EMIZ Sud s’est donc jointe à la démarche, le pilotage relevant toutefois de l’EMIZ Sud-Est. Le partenariat pour accroître la sécurité et les moyens de secours concerne ainsi l’ensemble de la vallée du Rhône. Son objectif est de déployer un ensemble opérationnel de solutions et de moyens de secours à la personne dans les bateaux de passagers sur un axe fluvial comme celui du Rhône. « Les services d’incendie et de secours, les SDIS, sont les intervenants et les responsables pour les secours aux personnes. De notre côté, nous sommes responsables de la sécurité de nos installations. Nous nous rejoignons au niveau de la coordination auquel s’ajoute une vision sur toute la vallée. Avec le partenariat, nous passons un cran dans la coopération entre les SDIS et la CNR ». 11 SDIS sont concernés. {{IMG:2}}Des bateaux polyvalents de secours
Le partenariat comprend trois axes pour favoriser les interventions des SDIS. Le premier est l’acquisition de matériels d’intervention spécifique et adaptés au secours en milieu fluvial. Il s’agit de 18 bateaux polyvalents de secours, spécialement conçus pour évacuer un grand nombre de passagers et les ramener sur la berge. La CNR participe à 50 % du montant de l’acquisition de ces bateaux, soit 3 M€ sur un total de 6 M€. « Les SDIS ont évalué le besoin du nombre de bateaux qui vont être répartis sur différents biefs dans des lieux de stockage pérenne, dotés de quai ou ponton pour une mise à l’eau rapidement. Cela va éviter aux services de secours de perdre du temps avec des bateaux placés sur des remorques et pour lesquels il faut d’abord trouver une installation de mise à l’eau en état de fonctionnement », précise Valérie Chabrier.
Fiabilisation des rampes de mise à l’eau
Le deuxième axe du partenariat porte sur la fiabilisation des rampes de mise à l’eau le long du Rhône. L’entretien de ces rampes relève de différents intervenants qui peuvent être des collectivités, des personnes privées, la CNR. Les rampes de mise à l’eau ont été cartographiées dans « l’Atlas fluvial », un document qui fait partie des annexes au « plan Orsec risque fluvial ». Un travail a été mené pour passer en revue les rampes de mise à l’eau de l’Atlas, identifier celles nécessaires aux services de secours. « La CNR s’engage dans le partenariat à faire en sorte que ces rampes de mise à l’eau identifiées soient toujours opérationnelles, ce qui signifie mettre en place une surveillance régulière, un niveau de maintenance plus élevé, un entretien régulier et prend en charge le coût. Nous mettons aussi en place une déclaration de hors service d’une rampe auprès des SDIS afin qu’ils soient avertis et ne l’utilisent pas le temps pour la CNR de la rendre à nouveau opérationnelle ». Ce sont entre 60 et 65 rampes de mise à l’eau qui ont été identifiées et vont faire l’objet d’une surveillance et d’une maintenance accrues. « Les secours pour être efficaces doivent être rapides. La vitesse fait l’efficacité du secours à la personne. Actuellement, les services de secours utilisent des bateaux sur remorque et ont besoin de rampes de mise à l’eau utilisables. S’ils prévoient d’utiliser telle rampe à tel endroit et si elle n’est pas en état d’être utilisé, les secours perdent alors un temps précieux ».
Un test de solution innovante et inédite en septembre
Le troisième axe du partenariat concerne écluses de Châteauneuf-du-Rhône et de Bollène pour y faciliter les interventions des SDIS en cas d’incident du type bateau à passagers coincé en fond de sas à cause de la porte aval bloquée en position mi-ouverte, mi-fermée. Si cette situation s’ajoute à un autre incident à bord, par exemple, un incendie, l’intervention des secours apparaît complexe, étant donné que ces deux écluses n’ont pas, pour le moment, de double porte aval et présentent une hauteur supérieure à 10 mètres.
« Nous avons constaté que les services de secours ne disposaient pas de moyens adaptés pour intervenir dans ces cas d’incident à ces deux écluses, indique Valérie Chabrier. Nous avons donc prévu une action spécifique dans le partenariat : la CNR s’engage à faire venir une grue d’une société de levage, les SDIS s’engagent à apporter le matériel de secours adapté à la grue pour secourir les personnes ». Ce matériel adapté, ce sont des « triangles de sauvetage », des « baudriers simplifiés » que le personnel des SDIS accroche la grue et qui permettent de remonter de 4 à 8 personnes en fonction de leur taille, poids, état de santé…
Pour valider la solution, il a fallu mener un test pour passer de la théorie à la pratique. L’expérimentation a eu lieu de nuit le 12 septembre 2019. « C’est une solution inédite, une innovation qui a été testée cette nuit-là, raconte Valérie Chabrier. Il s’agissait de valider tous les paramètres : non seulement la solution grue et triangles de secours mais aussi le temps pour évacuer les personnes, les déposer à terre, enchaîner les évacuations. Nous avons vécu une vraie réussite. Le chronomètre a été satisfaisant pour évacuer les personnes en cas d’incendie. Il y a eu une compatibilité entre les temps d’intervention, les matériels, et le secours en sécurité des personnes. La réussite de ce test était la condition pour signer le partenariat. Nous avons réussi, il a été signé ».
Il faut noter que cette solution est temporaire pour ces deux écluses de Châteauneuf-du-Rhône et de Bollène. Dans le cadre du projet de prolongation de la concession du Rhône à la CNR, il est prévu le doublement des portes aval de ces deux écluses.
Transmettre et partager
Le partenariat signé entre la CNR et les EMIZ constitue le seul exemple de l’organisation des secours à la personne sur un axe fluvial. Il est le résultat d’une coopération inédite entre des partenaires issus de milieu très différents qui ont appris à travailler ensemble pour trouver des solutions innovantes et concrètes. « Nous avons très vite identifié l’objectif commun à toutes les parties : porter secours de la manière la plus rapide que possible, analyse Valérie Chabrier. Et à partir de là, les solutions sont venues ».
Mais en termes de secours et de gestion des risques, le travail ne s’arrête jamais : il faut veiller à garder les connaissances et compétences acquises, les mettre à jour si besoin, les partager. C’est la raison pour laquelle lors du test du 12 septembre 2019, des SDIS de toute la France ont été présents. Des actions de sensibilisation, de formation pour partager informations et connaissances sont prévues. Un film pédagogique est notamment en cours de réalisation pour montrer concrètement comment les secours sur un axe fluvial comme celui de Rhone-Saône-Méditerranée sont organisés et susciter le même élan de coopération ailleurs…