NPI : Pouvez-vous expliquer ce qui a été dit lors de la réunion du 30 avril 2020 du CESNI concernant la crise du Covid-19 et les conséquences pour la navigation intérieure ?
CESNI : La crise tout à fait inédite causée par la pandémie de Covid-19 a créé des difficultés économiques et sociales majeures également pour le secteur de la navigation intérieure en Europe, appelé par ailleurs à jouer un rôle toujours essentiel, durant la crise, en matière de transport et de libre circulation ainsi que de continuité des chaînes logistiques d’approvisionnement. Si la navigation à passagers fut immédiatement et très durement touchée, bien des activités du transport marchandises furent aussi fortement affectées.
De nombreux États membres du CESNI ont réagi très rapidement pour adopter des mesures exceptionnelles et dérogations aux procédures normales afin de permettre aux bateaux et aux équipages de continuer à naviguer malgré les restrictions imposées dans le cadre de la lutte contre la propagation du virus. La nouveauté de cette crise, son ampleur et la rapidité avec laquelle elle s’est installée ont laissé peu de temps aux États membres du CESNI pour se coordonner.
Lors de la réunion du Comité du 30 avril, les participants ont tout d’abord échangé sur leurs actions respectives en soutien au secteur de la navigation intérieure, y compris sur celles de la CCNR, de la Commission européenne et de la commission du Danube. Ils se sont également accordés sur la publication d’une lettre ouverte (disponible sur le site internet).
NPI : Quel est le contenu de cette lettre, quelle en est sa signification ?
CESNI : La lettre ouverte est le fruit des discussions lors de la réunion du 30 avril, proposant une approche commune concernant la certification en navigation intérieure. Son objectif était d’augmenter autant que possible la sécurité juridique et d’apporter ainsi son soutien au secteur.
Dans cette lettre, CESNI, par la voix de son président et de son secrétaire exécutif, appelait ses membres, sous certaines conditions, à ne pas imposer des pénalités si la durée de validité de certificats devait être dépassée. L’objectif de cet appel consistait à maintenir la navigation intérieure en Europe dans des conditions juridiques plus claires pour les bateliers pendant la crise.
Le CESNI appelait également le secteur et les commissions en charge de l’inspection des bateaux de navigation intérieure à continuer ou à reprendre les processus d’inspection et de certification, dans la mesure du possible. L’objectif de ce deuxième appel était d’éviter des retards trop importants dans les processus d’inspection et de certification, ainsi que pour les chantiers et les bureaux d’études.
NPI : Une autre décision a aussi été prise ?
CESNI : Le Comité a également décidé d’inviter ses groupes de travail à réaliser une évaluation à mi-parcours de son programme de travail 2019-2021 et à proposer d’éventuels ajustements motivés, y compris des changements de priorités, afin de répondre aux questions urgentes liées à la crise du Covid-19, sans que cela compromette toutefois les objectifs de sécurité et de durabilité définis précédemment.
NPI : Le CESNI a-t-il un rôle dans l’établissement et le contenu d’un possible troisième programme Naiades 2021-2027 ?
CESNI : N’étant pas doté d’un statut juridique propre, le CESNI n’a pas de rôle officiel dans l’élaboration d’un futur troisième programme Naiades. Toutefois, plusieurs de ses participants sont en contact étroit avec les représentants du secteur et de la Commission européenne pour développer des priorités pour un tel programme d’action de l’UE pour la navigation intérieure.
On relèvera également que le Conseil de l’Union européenne, dans ses récentes conclusions sur le secteur des transports par voie d’eau de l’UE « Perspectives d’avenir : vers un secteur du transport par voie d’eau de l’UE neutre en carbone, sans accident, automatisé et compétitif » adoptées le 5 juin 2020 sous présidence croate, vient encore de reconnaître explicitement l’expertise particulière du CESNI dans les domaines de la numérisation, des compétences des membres d’équipage et de la collecte de données sur les accidents. On peut en conclure que les travaux menés actuellement sous les auspices du CESNI s’inscrivent pleinement dans les priorités de l’Union européenne et que cet organe jouera certainement un rôle important dans la mise en œuvre d’un futur troisième programme Naiades, au-delà de 2020.