« Une dynamique dans différentes métropoles »

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La logistique urbaine fluviale est à la veille d’un développement plus important après plusieurs années de tests variés, portée par la volonté grandissante des élus de diminuer l’empreinte carbone de la distribution jusqu’au cœur des villes. Il y a un regain d’intérêt des entreprises et des territoires pour réduire l’empreinte carbone et la logistique urbaine fluviale est, dans ce cadre, un argument en faveur de la voie d’eau et du report modal. La voie d’eau pénètre jusqu’au centre des agglomérations sans congestion, c’est son atout fort pour la logistique urbaine : désencombrer le cœur des villes », précise Juliette Duszynski, chef du service développement de la voie d’eau à la direction territoriale bassin de la Seine de Voies navigables de France (VNF). Dans les villes et les agglomérations, les pollutions et leurs conséquences sur la santé humaine, la congestion routière sont des nuisances de plus en plus prises en compte et pour lesquelles des politiques environnementales locales se mettent en place pour améliorer la qualité de vie au quotidien. « Il faut ajouter qu’en 2020, la crise sanitaire a permis de redécouvrir le rôle stratégique de la logistique. Le transport fluvial a montré une grande capacité de résilience, a continué à acheminer les marchandises, a participé à la poursuite du fonctionnement de l’économie. Cela peut avoir pour effet de renforcer le regain d’intérêt pour la voie d’eau », poursuit Juliette Duszynski.

Les enjeux de la logistique urbaine fluviale sont nombreux et varient selon les acteurs mais les impératifs en lien avec le développement durable s’imposent à tous. Pour la voie d’eau, la logistique urbaine fluviale permet une diversification des trafics. Pour les territoires, elle contribue à l’amélioration de la qualité de vie des habitants en favorisant un mode respectueux de l’environnement. Les entreprises sont engagées dans des politiques de RSE ambitieuses où la réduction de l’empreinte carbone est souvent une priorité et concerne leurs activités de transport et de logistique.

« Il y a deux autres enjeux : accélérer le « verdissement » du fluvial, notamment avec des motorisations plus propres ; conserver les quais et les ports situés en milieu urbain pour que les activités de transport et de logistique puissent se faire, ne pas tout dédier uniquement aux loisirs. Les usages peuvent être mixtes », souligne la responsable.

Rôle des JOP

Le rôle de VNF pour la logistique urbaine fluviale s’inscrit dans sa mission générale d’accompagnement du développement de la voie d’eau en apportant un soutien aux porteurs de projets, notamment financier avec les PAMI et PARM, du conseil auprès des acteurs qu’ils soient publics ou privés.

« Nous accompagnons les collectivités et inversement. Par exemple, la région Ile-de-France avec sa stratégie pour le fret et la logistique accorde une large place au fluvial et participe au financement des PAMI et PARM de VNF. Parmi les lauréats d’un AMI de cette région, 5 projets de logistique urbaine fluviale ont été retenus » (voir encadré).

Des collectivités imposent le recours au transport fluvial. Par exemple, pour les travaux du village olympique, l’Île-Saint-Denis a exigé la mise en place des évacuations de déblais par le fleuve pour éviter une circulation intense de poids lourds. « Ce genre d’exigence nous aide ». De mai à fin octobre 2020, 125 000 tonnes de déblais issus des terrassements pour le village olympique ont été transportées par le fleuve sur un total de plus de 500 000 tonnes à évacuer par la Seine en 48 mois. Le fleuve est ainsi déjà au cœur des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) 2024.

Les organisateurs des JOP affichent une ambition de neutralité carbone et le fluvial dispose d’atouts importants pour la réaliser, pas seulement concernant les déblais. Début décembre 2020, une expérimentation a été menée pour tester la desserte fluviale d’éléments préfabriqués en bois pour la construction du village olympique. VNF et Haropa accompagnent ces tests qui impliquent Profession Bois, deux entreprises normandes. L’objectif est que parmi les héritages des JOP 2024, il se mette en place en Ile-de-France et en Normandie un recours croissant aux constructions en bois qui seraient transportées par la Seine.

Mi-décembre 2020, dans la perspective des JOP, France Mobilités a lancé un appel à innovation qui vise à faire des Jeux « une vitrine des mobilités innovantes ». Pour le ministère de la transition écologique, « il s’agit de montrer au monde que la France se mobilise pour une mobilité « hommes et marchandises » plus propre, solidaire, inventive, résiliente, inclusive ». VNF est associé à cet appel et précise que les projets innovants autour de la voie d’eau sont attendus. Les innovations peuvent, par exemple, concerner le développement de solutions nouvelles : des embarcations d’un nouveau genre (bateaux autonomes, sur foils, etc.), des motorisations décarbonées (hydrogène, GTL, électrique, etc.), des projets inédits en logistique urbaine. Les projets peuvent favoriser l’émergence de nouvelles mobilités et éviter l’engorgement du réseau routier francilien pendant l’événement, le transport fluvial permettra de relier les quartiers en bord de la Seine, de la Marne et des canaux de Paris aux différents sites olympiques.

Des réflexes vers le fluvial

En août 2020, avec un Zulu, un test a été mené avec une grande enseigne, quai d’Austerlitz dans Paris. Mi-septembre, il y a eu la deuxième expérimentation de déchetterie fluviale éphémère au port de Bercy à destination des entreprises du quartier des Deux Rives (à cheval sur les 12e et 13e arrondissements parisiens). 19 t de déchets ont été collectés un total supérieur aux 15 t de la première édition en septembre 2019. En septembre-octobre, il y a eu Cemex-Valdelia que VNF a accompagné comme les autres tests, en général avec des partenaires dont Haropa-Ports de Paris.

« À Paris, dès qu’il y a un chantier, le transport fluvial arrive tout de suite comme une solution. En plus des travaux en lien avec les Jeux et le Grand Paris Express, qui sont en cours, il y a le chantier de Notre Dame de Paris, pour lequel le fluvial a livré deux groupes électrogènes. Les discussions sont engagées pour le chantier du Grand Palais, la transformation de l’ancien Palais de Justice », indique Juliette Duszynski.

Elle ajoute : « Nous constatons une dynamique dans différentes métropoles. Nous travaillons à Nantes et à Toulouse où de grands chantiers sont prévus et le dialogue est ouvert. Les échanges sont riches de perspectives à Rouen où le nouveau maire et président de la métropole veut replacer la Seine au cœur de la ville et de la métropole notamment pour du transport de marchandises. Une zone à faibles émissions va être progressivement mise en place, en commençant dès juillet 2021 par Rouen intra-boulevards. Il y a, par exemple, des possibilités de fluvialiser le chantier de l’écoquartier Flaubert, du potentiel avec le MIN, les déchets, etc. De manière générale, on sent un vrai mouvement qui vient des élus des différentes collectivités. Et ce mouvement se dissémine, c’est une évolution de fond qui place le fluvial au cœur des projets de territoires et qui est très prometteuse pour la logistique urbaine fluviale ».

5 projets de logistique urbaine fluviale

L’appel à manifestation d’intérêt « fret et logistique » de la région Ile-de-France avait pour objectif de « soutenir les acteurs publics et privés à se concerter pour aboutir à des projets concrets de logistique urbaine (…) développer une logistique vertueuse permettant de renforcer l’attractivité du territoire francilien et de réduire les nuisances environnementales ».

En juillet 2020, 5 projets fluviaux font partie des 22 lauréats :

• « Barge fluviale de stockage déporté » par Fludis, développement et mise en place d’une solution fluviale de stockage déporté de matériaux de constructions sur le canal Saint-Denis.

• « Green Deliriver » par Marfret, concept innovant de logistique urbaine multimodale avec un pousseur hybride bioGNC/électrique et une barge logistique connectée.

• « Box2home », mise en place d’un nouveau modèle de livraison urbaine multimodale avec des caisses mobiles innovantes et connectées.

• « Logistique urbaine fluviale combinée » par Speed Distribution Logistique, conception, expérimentation et mise en place d’une solution multimodale combinée fleuve/route entre Ivry-sur-Seine et Paris.

• « Logistique propre et multimodale (LPM) » par Coursier Privé, expérimentation de solutions innovantes et complémentaires pour un acheminement fluvial et une distribution finale propre de marchandises légères dans Paris et en proche couronne.

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