L’association Norlink Ferroviaire, ex-2A2F, a fait le point sur ses activités le 11 février 2020 lors d’une assemblée générale organisée dans les locaux du CIFFCO à Coquelles, suivie d’une visite des installations d’Eurotunnel. Cette association privilégie les actions concrètes portées par ses adhérents. Parmi celles-ci : l’acheminement des matériaux par le fret ferroviaire pour le chantier de construction du canal Seine-Nord Europe, un projet de locotracteur au GNV, la déclinaison régionale de la plate-forme nationale de fret ferroviaire.
L’association Norlink Ferroviaire, ex-2A2F, a fait le point sur ses activités le 11 février 2020 lors d’une assemblée générale organisée dans les locaux du CIFFCO à Coquelles, suivie d’une visite des installations d’Eurotunnel.
Norlink Ferroviaire, tout comme Norlink Fluvial (ex-Consortium fluvial Hauts-de-France) et Norlink Ports, fait partie de la Fédération d’acteurs Norlink, fondée en septembre 2019 et qui se structure depuis. Chacune des associations restent autonome et a adhéré à la Fédération. L’ensemble travaille en commun à des projets transversaux pour favoriser le développement des activités de transport multimodal ou massifié dans la région Hauts-de-France.
Des plans d’actions de 3 ans
« Depuis 6 ans que nous avons relancé une dynamique afin de trouver les moyens et les solutions pour développer le fret ferroviaire, notre volonté a été, dès le début, de travailler en mettant en place des plans d’actions définies et portées par les membres-adhérents », a expliqué Pascal Sainson, président de Norlink Ferroviaire, pdg d’Europorte.
Cela signifie une structure légère, une cotisation minimum, éviter de multiplier des études. Il y a eu un premier plan d’actions de 3 ans entre 2015 et 2017 puis un deuxième qui porte sur les années 2018 à 2020, un troisième va être défini pour la période 2021 à 2023.
« Cela fonctionne depuis 6 ans autour d’actions concrètes amenées par les membres et avec des priorités. Par exemple, l’une d’entre elles concerne la formation, désacraliser le fret ferroviaire, simplifier, faire connaître. Il peut s’agir aussi d’actions très spécifiques. Par exemple, une alimentation au GNV à la place du diesel pour les locotracteurs ».
Une autre caractéristique de Norlink Ferroviaire est qu’elle rassemble l’ensemble des forces du secteur ferroviaire de la région, entreprises et opérateurs privés, établissements publics, mais aussi les élus des différentes collectivités, consulaires, chargeurs… Norlink Ferroviaire, ex-2A2F, a noué des liens avec Norlink Ports dès la création de cette structure en 2017, ce qui a favorisé une dynamique de multimodalité avec le grand port maritime de Dunkerque, les ports intérieurs de la région, la plate-forme de Dourges. La création de la Fédération doit renforcer cette dynamique de tous les acteurs autour de la multimodalité et de son organisation.
Un travail avec la société de projet du canal Seine-Nord Europe
Le plan d’action de Norlink Ferroviaire pour 2018 à 2020 comprend 5 ambitions. Parmi elles, il y a celle de « faire du fret ferroviaire un moteur d’attractivité et de compétitivité des territoires ». C’est dans cette partie que s’inscrit un travail autour de l’approvisionnement en matériaux de construction du chantier du canal Seine-Nord Europe par le fret ferroviaire.
L’association s’est emparée du projet de canal Seine-Nord Europe, il y a 3 ans, en constatant l’absence de prise en compte des opportunités que peut offrir le fret ferroviaire pour approvisionner le chantier. Un travail à consister à définir des sites et plates-formes potentiels pour l’acheminement des matériaux, si possible déjà connectés au ferroviaire et au fluvial. Les possibilités identifiées par les professionnels du ferroviaire ont été reprises par la région et par la Société du canal Seine-Nord Europe. Les solutions ferroviaires pour l’approvisionnement du chantier deviennent de plus en plus concrètes.
« Le canal Seine-Nord Europe va se faire, son financement est acté. Les acteurs du ferroviaire doivent s’investir et s’investissent par rapport à ce projet. Une méthode de travail existe avec la Société du canal Seine-Nord Europe. Le choix des plates-formes ferroviaires pour l’approvisionnement du chantier va être dimensionnant. Ce sera le résultat d’un compromis. Pour moi, c’est déjà un succès de voir que le ferroviaire avance sur le futur canal avec un travail très positif en lien avec la société de projet », a précisé Pascal Sainson.
Il faut avancer sans tarder sur le choix d’un ou plusieurs sites ferroviaires pour les approvisionnements du chantier par le fret ferroviaire, le début du creusement du canal étant prévu à partir de courant 2021. Approvisionner ce chantier nécessite notamment de prévoir le matériel roulant ferroviaire adapté et en nombre suffisant, sachant que la fabrication de wagon prend du temps (2 ans).
La question reste entière concernant le fait que les sites retenus dans le cadre du chantier pourraient être intéressants pour les futures liaisons fer/fleuve du canal une fois celui-ci en service en 2028 ? L’un ou l’autre des sites qui seront choisis pour l’approvisionnement pourraient-ils devenir une plate-forme multimodale ? Seul le temps apportera la réponse.
Un travail avec la société de projet du canal Seine-Nord Europe
Une autre ambition du plan d’actions de Norlink Ferroviaire de 2018 à 2020 s’intitule « faire de la production de connaissance sur le fret ferroviaire un moteur de développement pour ce secteur ». La déclinaison dans les Hauts-de-France de la « plateforme nationale fret ferroviaire » est l’un des axes de travail de cette ambition.
Il faut rappeler que la mise au point d’une « plateforme nationale fret ferroviaire » a été initiée par SNCF Réseau en août 2019 pour améliorer la performance du système ferroviaire et faciliter le report modal de la route vers le rail. « Ces actions concernent tous les domaines, de la construction des sillons à l’extension des itinéraires aptes aux trains de 850 mètres, en passant par les travaux de modernisation du réseau et des infrastructures de services, etc. », avait alors indiqué SNCF Réseau. Cette démarche de plateforme nationale fait suite à l’ambition des entreprises et fédérations européennes réunies au sein du groupement Rail Freight Forward de doubler la part du fret ferroviaire en Europe pour la porter à 30 % d'ici 2030. Pour la France, doubler la part du fret ferroviaire, c’est passé de 9 % à 18 %.
La mise au point de la plateforme nationale passe par un vaste travail à conduire au niveau des régions, dont celle des Hauts-de-France, où il s’agit de construire une politique coordonnée en matière de services (sillons) et d’aménagement (investissements) pour le développement du fret ferroviaire. Concrètement, il faut identifier les flux de fret ferroviaires existants, les plates-formes présentes et celles pour l’avenir, de déterminer les flux et chargeurs potentiels et comment les convaincre d’envisager un report modal vers le ferroviaire. Cette démarche se fait largement en lien avec la délégation générale au développement de l’axe Nord sous la direction de Xavier Valère.
Un démonstrateur de la solution GNV
L’innovation constitue une autre ambition « pour construire le fret ferroviaire de demain ». C’est dans ce cadre que des membres de Norlink Ferroviaire avec la région et GRDF ont lancé une réflexion qui pourrait conduire à la réalisation d’un premier locotracteur au gaz naturel véhicule (GNV), voire bio-GNV, au lieu du diesel dès 2020.
Le GNV réduit les émissions de gaz à effet de serre de 20 %, les oxydes d’azote (NOx) de 50 %, les particules fines de 95 %. Avec le bio-GNV, les émissions de CO2 sont diminuées de 80 %. Le bruit est réduit de 50 %. Le GNV est de 30 à 50 % moins cher que le gazole, à énergie équivalente.
L’expérimentation envisagée porte sur le retrofit d’un moteur diesel en moteur dual-fuel bio-GNV/diesel pour des locotracteurs de manœuvre sur sites privés. Pour l’avitaillement, deux options sont envisagées : l’installation d’une station sur site ou un camion avitailleur.
Il s’agit désormais de trouver un partenaire industriel prêt à lancer un prototype unique qui sera le démonstrateur de la solution GNV/bio-GNV. L’expérimentation de GNV sur un matériel fret peut, à terme, ouvrir la voie à une déclinaison sur des locomotives de ligne ou bien sur des TER.