Le canal qui relie la mer du Nord à la Baltique, en contournant le Danemark par l’Allemagne, le NOK (Nord-Ostsee Kanal) a enregistré sur les six premiers mois de l’année 2020 une forte diminution de son activité. Selon la direction générale de la navigation fluviale allemande, GDWS, le repli concerne aussi bien le transport de marchandises que celui des passagers.
L’année de son 125è anniversaire, le NOK -ou canal de Kiel- a subi une baisse de trafic, passant de 14 662 bateaux sur les six premiers mois de l’année 2019 à 12 341 au premier semestre 2020. Le volume transporté a reflué, pendant la même période, de 42,7 à 36,5 millions de tonnes. Le recul a été particulièrement marqué en avril, du fait de la crise sanitaire, avec -25% pour le trafic et -29% pour le volume transporté. Face à cette situation, les autorités allemandes ont décidé de supprimer jusqu’à la fin de l’année 2020 le péage en vigueur sur le canal.
Des raisons structurelles plutôt que liées au Covid-19
L’évolution du trafic est d’autant plus inquiétante, selon les autorités allemandes, que le recul s’est poursuivi et même accentué en mai et en juin, malgré la reprise de l’activité économique dans le pays. Le nombre de navires circulant sur le canal de Kiel s’est alors contracté respectivement de 30,3 % et de 26,6 % et les volumes transportés de 25,5 % et 26 %. Cette situation est loin d’être liée au seul Covid-19, mais bien plutôt structurelle. « La baisse du prix des carburants incite les compagnies maritimes à contourner le Danemark, plutôt que d’emprunter le canal et ses écluses », constate la députée sociale-démocrate Bettina Hagedorn. Le détour coûterait moins cher en carburant que le montant du péage que les armateurs devait verser jusqu’à présent.
Alerté, l’Etat fédéral a décidé de renoncer jusqu’à la fin de l’année aux 10 millions d’euros tirés des droits de passage, dans l’espoir de rendre plus attractive cette voie de 100 km accessible aux navires maritimes. La suppression des droits a été adoptée par la première chambre du parlement allemand, le Bundestag, fin juin 2020.
Un atout environnemental
Alexander Geissler, le gérant de la fédération des transports fluviaux ZVDS, explique : « Avec nos partenaires du canal de Kiel et de l’industrie maritime, nous avons au cours des dernières semaines fait pression sur le gouvernement pour supprimer les droits de passage, afin de relancer l’activité. Il s’agit désormais de mettre en pratique le plus vite possible les décisions qui viennent d’être prises afin que le plus grand nombre de cargos possible en profite ». Le canal de Kiel, argumente la fédération, joue un rôle de premier plan pour l’environnement, en raccourcissant la durée de navigation et les émissions des navires. La fédération espère une levée définitive des droits de passage, unique en Allemagne.
Le canal de Kiel, dont la profondeur est identique en tous points, est délimité par deux écluses, afin de limiter l’influence des marées. Il a connu une croissance continue du trafic jusqu’à la crise financière de 2009. En 2008, le trafic annuel avait atteint 41 000 cargos pour 80 millions de tonnes de marchandises.