La coopérative Noriap réalise pour ses 3 500 adhérents la collecte de céréales et d’oléaprotéagineux pour un total d’environ 1,2 million de tonne dans la Somme, le Nord de l’Oise, la Seine maritime, le Pas-de-Calais et le Nord. Elle dispose de 160 sites de collecte et de stockage. Sur ce total, trois sont installés au bord de la voie d’eau dans les Hauts-de-France, deux sur le canal du Nord et un sur le canal de l’Aa, trois sont également embranchés au ferroviaire. « Nous utilisons aussi des quais publics pour des opérations ponctuelles d’une journée vers Béthune », précise Geoffrey Saint Yves, responsable exploitation de Noriap.
Les deux installations sur le canal du Nord, dont le site de Languevoisin, atteignent une capacité de 170 000 tonnes tandis que le site de Holque, très proche de Languevoisin, est peu utilisé mais apporte, en fonction des besoins, une souplesse pour l’accueil des bateaux. Noriap commercialise et exporte les produits collectés principalement vers l’Europe du Nord en passant par le Grand port maritime de Dunkerque. Les clients de Noriap organisent eux-mêmes leur transport, la coopérative commercialise en effet ses produits FOB.
« Les solutions fluviales et ferroviaires permettent de massifier les flux, de proposer des lots homogènes de grande qualité, explique Geoffrey Saint Yves. Un bateau c’est entre 300 et 2 000 tonnes au lieu de 30 tonnes pour un poids lourds. Un train, c’est 1 500 tonnes ». Ces deux modes représentent environ la moitié des volumes transportés. Le responsable exploitation trouve « que le transport fluvial est globalement bien maîtrisé ». Il se souvient d’une augmentation des coûts du fret fluvial en 2017 et des difficultés à trouver de la cale disponible ce qui a entraîné un recours plus important au transport routier. « C’était juste après la très mauvaise campagne de 2016 avec ses niveaux de récolte très bas et il y avait très peu de produits agricoles à transporter cette année-là. Les bateaux ont alors transporté des produits d’autres filières voire ont quitté le bassin. La situation est revenue à la normale en 2018 ».
Un trafic de 2 millions de tonnes par an
Dans la perspective du projet de canal Seine-Nord Europe, Noriap entend faire évoluer son site de Languevoisin en une plate-forme multimodale dédiée au vrac et aux pondéreux pour les produits agricoles, les engrais, des aliments pour bétail mais aussi du sable, des granulats.
Languevoisin est situé sur le tracé du futur canal dans la Somme à mi-chemin entre Rouen et Anvers. Il s’agit de faire emprunter la voie fluviale à ces produits plutôt que la route. À terme, la plate-forme de Languevoisin devrait apporter au canal Seine-Nord Europe un trafic de 2 millions de tonnes par an. Depuis 2010, dans le cadre d’Euroseine, Noriap conduit ce projet avec d’autres coopératives agricoles régionales partenaires (Agora, Cap Seine, Sana Terra, Acolyance, Cerena, Vivescia et Noriap) ainsi qu’avec Sénalia, leader européen du chargement portuaire de céréales basé à Rouen, et InVivo, Union nationale des coopératives françaises.
Avec Euroseine, il s’agit d’apporter un soutien actif au projet de canal Seine-Nord Europe qui, en reliant Compiègne à Cambrai, constitue un facteur de compétitivité dont l’importance se mesure également en termes d’empreinte écologique car la voie d’eau est le moyen le plus efficace pour remplacer le camion sur les moyennes et longues distances.