Un foisonnement de projets et de réalisations à Bordeaux

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Au grand port maritime de Bordeaux, les projets pour réaliser la transition énergétique sont en lien avec les énergies, la valorisation et le démantèlement des navires. «En 2012, le directeur général du grand port maritime de Bordeaux de l'époque a mis en place un département innovation pour travailler à long terme sur ce que pourrait être le port du futur, tout en prenant en compte le contexte de la transition énergétique et du changement climatique, sujet déjà d’actualité à l’époque, rappelle Michel Le Van Kiem, chef du département de l’innovation. Très rapidement, nous avons travaillé sur les énergies, pour répondre à la question : comment un port peut aider à la transition énergétique des transports mais aussi des activités industrialo-portuaires ». Pour avancer dans cette démarche le GPM de Bordeaux a bénéficié d’un financement européen pour conduire une étude de fin 2013 à fin 2015. « Le port a cherché à mieux connaître et mieux comprendre ses consommations énergétiques, et à entraîner des entreprises en appliquant la même démarche d’audit énergétique à certaines d’entre elles », poursuit Michel Le Van Kiem. Ces analyses ont eu plusieurs bienfaits : mieux connaître le port en tant qu’industriel, identifier les principaux process industriels des clients du port sous les angles consommation de matières, d’énergies et non plus seulement d’un point de vue logistique. Cela a permis d’identifier des synergies possibles dans le cadre d’une écologie industrielle et conduit à la mise en place de la démarche « Port à énergie et économie positives » (Péépos) et le lancement de plusieurs projets.

Une autre facette de Péépos est la recherche d’énergies alternatives, le photovoltaïque ou l’éolien, mais aussi en lien avec le fleuve et de l’estuaire de la Gironde. Au pied du pont de pierre, où les courants peuvent atteindre 3,5 m/s, à une profondeur supérieure à 8 mètres, un site expérimental d’essai pour hydroliennes fluviales, nommé SEENEOH, est en place depuis mars 2018. « C’est le site expérimental estuarien national pour l’essai et l’optimisation d’hydroliennes », précise Michel Le Van Kiem. Des emplacements sont disponibles pour accueillir des technologies flottantes, posées ou à portance variable d’hydroliennes fluviales de différents industriels qui mettent à l’épreuve leurs prototypes, injectent du courant dans le réseau. « Cela permet à la filière des hydroliennes fluviales de grandir, de soutenir les industriels de Nouvelle Aquitaine. Il y a aussi du potentiel sur le fleuve là où il y a des rétrécissements naturels pour produire de l’électricité mais il faut trouver la technologie optimale pour tirer parti de l’énergie du fleuve ».

Une drague au GNL

L’étude a permis de montrer le poids du port et de ses activités au sein de son territoire, la zone industrialo-portuaire représentant 11 % de la consommation énergétique de la métropole. Le port est, par exemple, un important consommateur d’énergie pour le dragage qui a d’importantes conséquences environnementales. C’est la raison pour laquelle, le GPM de Bordeaux a lancé la construction d’une drague L’Ostréa à injection d’eau mais surtout dotée d’une propulsion dual-fuel (GNL-diesel), unique en son genre. L’arrivée annoncée de cette nouvelle drague marque la volonté du port d’effectuer l’entretien indispensable de ses accès et équipements portuaires de manière encore plus respectueuse pour l’environnement, au-delà des normes exigées. « Le port et le GIE prennent un risque financier mais c’est un investissement de longue durée qui montre le rôle du port dans le développement durable et son engagement pour lutter contre la pollution atmosphérique en abandonnant le diesel pour cette drague ». L’Ostréa devrait entrer en service au début de l'année 2020.

Le GPM de Bordeaux conduit en partenariat avec Cap Vert Energie un projet de méthanisation pour produire de l’énergie renouvelable sur le périmètre du port. Il s’agit de récupérer des déchets, environ 25 000 tonnes, et d’utiliser la chaleur fatale émise par un ou des industriels proches pour optimiser le processus de  méthanisation. Le biométhane produit (300 Nm3/h) sera réinjecté dans dans un réseau de gaz local et directement valorisé pour les usages les plus proches (process industriels, mobilité verte). Cap Vert Energie a pour objectif d’atteindre d’ici 2023 une puissance installée de 28 MW pour valoriser 700 000 t de matière organique par an.

« Nous répondons à un besoin, la valorisation ne se décrète pas dans un port mais il y a un foisonnement de projets et de réalisations », souligne Sylvie Saint-Vignes, chargée de développement à la direction stratégie et développement du GPM de Bordeaux. Il y a, par exemple, la valorisation de pneus broyés que nous exportons. Nous avons des projets autour de la biomasse. Ainsi que la valorisation des ferrailles de différentes natures qui sont collectées dans l’hinterland, triées et valorisées dans une usine créée sur un terrain de la zone portuaire. C’est un projet vertueux et emblématique de ce qui peut être réalisé par un industriel avec le port ».

La diversification, c’est l’avenir

Pour Sylvie Saint-Vignes, tout l’enjeu pour un GPM comme Bordeaux est de répondre aux besoins des industriels, de les accompagner dans leurs projets, de les mettre en cohérence avec des initiatives locales. Le rôle du port est d’apporter un conseil aux industriels pour les aider à obtenir d’éventuels financements pour leurs projets innovants, leur proposer des boîtes à outil notamment réglementaire. « Etre sobre, avoir des projets industriels vertueux qui fonctionnent, être concret, utiliser l’espace portuaire d’une manière efficiente, avoir un projet territorial en cohérence avec l’outil portuaire, c’est ainsi que les zones portuaires peuvent répondre aux enjeux des transitions énergétique et écologique ».

Pour le GPM de Bordeaux, la diversification vers des activités nouvelles est très importante dans un contexte d’érosion des trafics traditionnels et les filières liées à la valorisation constituent un signe positif pour l’avenir. Bordeaux est le seul port français lauréat dans le cadre du programme européen Horizon 2020 - ports du futur. Il bénéficie d’un financement de 125 % pour le projet PIXEL dont le but est de développer l’utilisation d’objets connectés (IoT) dans les ports en faveur d’une meilleure intégration ville-port. « Nous travaillons en R&D sur un projet d’interconnexion de capteurs de mesure de consommation d’énergie pour mieux savoir ce qui se passe dans le port, explique Michel Le Van Kiem. L’idée est que le port produise de l’énergie pour ses clients et de manière suffisante pour satisfaire aux activités de la zone. L’objectif étant l’autoconsommation en privilégiant les énergies renouvelables comme le photovoltaïque à des prix compétitifs ».

Le démantèlement de navire

Le démantèlement au GPM de Bordeaux date de 2008 avec une activité autour de bateaux de pêche réalisée par un industriel qui avait obtenu une autorisation préfectorale. « En 2012, le port a souhaité reprendre l’activité à son compte, explique Olivier Garcia, du département production et maintenance, en prenant en considération que la mise en application de la convention de Hong Kong allait naturellement accroître la demande en terme d'installations aptes à accueillir les activités de démantèlement. L’objectif est de proposer des installations conformes et de démanteler les navires dans les meilleures conditions d’un point de vue environnemental ». Le port a obtenu les autorisations préfectorales nécessaires, la dernière en date court jusqu’en 2021. Elle permet d’accueillir tous les navires qui rentrent dans la forme de radoub n° 3 à Bassens. Cette forme permet d’accueillir des navires de 235 m de long et 24 m de large.

« L’intérêt de la démarche est de pouvoir profiter des installations portuaires pour la réexpédition des ferrailles par le transport maritime », souligne Olivier Garcia. Entre 2013 et 2017, 4 navires, représentant 23 000 t, ont été démantelés. « Nous continuons à prospecter pour développer cette activité de démantèlement de navires. Il faut savoir que notre forme de radoub fait partie des 21 installations classées par l’Union européenne ».

Pour l’avenir, le GPM de Bordeaux conduit un projet d’amélioration des installations pour les rendre plus attractives avec l’implantation d’une grue de capacité de 25 t au pied de la forme pour la manutention. La rénovation des installations et infrastructures électriques se poursuit. Une amélioration de la viabilisation des terre-pleins autour de la forme de radoub est également envisagée, pour une meilleure récupération des eaux de ruissellements, par exemple.

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