Un facteur de compétitivité pour Haropa

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Pour les trois ports de l’axe Seine, la transition énergétique est au cœur du projet stratégique de la future entité unique. Mais chacun des trois ports conduit déjà des projets en ce sens, notamment l’ajout de bornes pour l’eau et l’électricité à quai.

«Concernant les transitions écologique et énergétique, la stratégie de Haropa est globale associant les aspects fluviaux, maritimes, portuaires, les territoires, pour éviter un travail en silo et être certain que l’ensemble des actions est en cohérence forte pour atteindre les objectifs ambitieux que nous avons à l’échelle de l’axe Seine », précise Gauthier Pourcelle, en charge de la transition écologique et de l’innovation au sein de l’équipe de préfiguration du nouvel établissement unique de la Seine.

Le projet stratégique, en cours d’établissement en vue de l’intégration des trois ports de l’axe Seine au 1er janvier 2021, est fondé sur quatre piliers : les clients et les services, la transition énergétique et écologique, la multimodalité associant notamment le fer et le fleuve pour une logistique plus efficiente, le facteur humain. « Le deuxième pilier est donc celui la transition énergétique et écologique car nous pensons qu’à l’avenir apporter des solutions plus propres doit être un facteur de compétitivité pour la logistique de demain. La transition énergétique est positionnée au cœur de la stratégie de Haropa pour la période 2021 à 2026 et au-delà », poursuit Gauthier Pourcelle.

Ce pilier transition énergétique se décline en deux parties dont la première concerne l’accueil des navires, des modes de transports dans les ports, le passage des marchandises, ce qui signifie des besoins et de la consommation en énergie. « Il s’agit d’accompagner les usagers du port à se tourner vers des énergies plus propres, moins émettrices de gaz à effet de serre. C’est par exemple l’électricité à quai ». La deuxième partie concerne les sites portuaires eux-mêmes, inscrits au cœur des territoires avec des installations et des activités variées qui peuvent être sources d’émissions polluantes. « L’objectif est que les activités portuaires soient plus respectueuses de l’environnement. Il s’agit, par exemple, de développer la production et la distribution d’énergies vertes locales, de programme d’audits énergétiques, de pilotage des consommations énergétiques des bâtiments et des installations. Les ports doivent être neutres à l’horizon 2040 ».

Une variété de solutions

Pour Haropa, les « solutions plus propres » sont variées, électricité, hydrogène, gaz naturel liquéfié, etc. Il revient à l’établissement d’être à l’écoute des besoins de ses clients et de travailler en partenariat à la mise en place des solutions, faciliter l’accès aux nouvelles énergies existantes ou à venir pour réaliser le virage vers la transition énergétique. Il ne faut pas oublier la transition écologique avec le suivi et la préservation de la biodiversité, l’adaptation au changement climatique, la gestion environnementale des espaces portuaires. L’ambition étant de permettre une croissance économique de Haropa.

Bien évidemment, les trois ports de l’axe Seine conduisent, depuis plusieurs années déjà, des projets en lien avec la transition énergétique sans avoir attendu le projet stratégique qui trace les priorités pour l’avenir de la future entité unique.

Marina Labeylie, responsable de la division développement multimodal de Haropa, indique que les travaux se sont notamment déroulés dans le cadre des engagements pour la croissance verte (ECV) pilotés par l’État et qui n’ont pas encore été signés par toutes les parties prenantes mais pourraient l’être d’ici la fin 2020.

Dans le cadre des ECV, deux axes de travail ont été définis. Le premier concerne « la motorisation plus vertueuse des bateaux ». « Notre rôle est d’accompagner l’évolution de la demande. Les discussions ont montré que pour les opérateurs fret et passagers, il n’y a pas de solution unique. Il y a différents scénarios possibles ». Elle cite en exemple le port du Havre où le GNL émerge comme la solution privilégiée pour la croisière maritime ou le dragage. « Nous travaillons à un schéma d’approvisionnement et réfléchissons à comment associer le fluvial et le ferroviaire à cette solution gaz. L’idée est de réunir un maximum d’acteurs autour de solutions pérennes et adaptées au fluvial qui est un marché plus restreint ».

Le deuxième axe de travail, c’est l’installation de bornes interactives pour la fourniture d’eau et d’électricité le long de l’axe Seine pour les transporteurs fluviaux (« Borne et Eau ») depuis décembre 2018 en partenariat avec Voies navigables de France. À fin avril 2020, 152 MW ont été consommés soit une économie de 186 000 tonnes de CO2 et 58 000 litres de gazole.

Actuellement, 13 bornes sont en service, une nouvelle phase est programmée avec l’installation de 73 bornes supplémentaires d’ici 2024 pour lesquelles un financement européen a été sollicité. Sur les 73 bornes supplémentaires, 19 sont prévues en Ile-de-France, identifiées en fonction des zones de stationnement des bateaux de fret pour fournir un service unifié et cohérent, indique Benoît Seidlitz, adjoint à la direction de l’aménagement de Haropa - Ports de Paris.

Électrifier les escales

Les nouvelles bornes sont dédiées aux bateaux fret avec l’objectif de développer un réseau suffisamment maillé pour répondre aux besoins futurs, y compris autres que l’eau ou l’électricité. « Avec les premières bornes, nous avons beaucoup appris. La principale difficulté a été la facturation avec un seul et même moyen de paiement et 4 gestionnaires concernés. Du côté des utilisateurs, il reste des progrès à faire sur l’utilisation des bornes déjà disponibles en faisant l’effort d’aller systématiquement se brancher pour couper les moteurs auxiliaires. Sachant que le branchement à quai est plus économique. Il faut aussi avancer sur la mise à niveau de l’électricité à bord dans les bateaux », ajoute Marina Labeylie. Le PAMI de VNF va d’ailleurs prendre en compte ce point.

Pour la croisière avec hébergement, une borne de grande puissance a été installée au port de Javel en 2019 « ouvrant une période d’essai d’un an car il a fallu des ajustements en fonction des bateaux dont les spécifications techniques peuvent être différentes pour un raccordement en toute sécurité, avec un niveau de qualité suffisant et répondant aux besoins », précise Benoît Seidlitz. Cette borne devait passer en mode opérationnel mi-mars 2020. À Javel, l’installation d’une deuxième borne est prévue, les travaux pourraient commencer fin mai. Une troisième est en cours d’achèvement à La Roche-Guyon (95). « L’électrification de 100 % des escales pour la croisière avec des bornes de 240 KWa ou 2 fois 240 KWa sur la zone Haropa - Ports de Paris est ainsi en cours avec un aboutissement d’ici 2021-2022. La mise en service des bornes demeure un enjeu dans les tissus urbains denses afin de réduire les nuisances dont le bruit », poursuit Benoît Seidlitz.

Ce responsable ajoute que Haropa accompagne l’étude de la Communauté portuaire de Paris (voir p. 8-9) : « Nous attendons de voir quelles options de standards et d’équipements vont être retenues pour adapter les infrastructures à terre dans les escales publiques pour un système accessible à tous les bateaux ». Dans un premier temps, l’idée est d’installer une borne-test de standard 125 A au deuxième semestre 2020 sur un port parisien pour permettre aux bateaux de se connecter lors de leur escale et de ne pas avoir recours à leur groupe électrogène. Cette mesure comme pour la croisière avec hébergement entraîne une réduction des émissions polluantes et des nuisances comme le bruit. Si la phase de tests est positive, 7 autres bornes seront installées sur des escales publiques d’ici 2023. Il resterait 11 escales à équiper à l’horizon 2025.

Pour Haropa, les évolutions technologiques des flottes induites par les enjeux de la transition énergétique nécessiteront aussi l’installation de bornes de rechargement électrique sur les ports d’attache des bateaux concernés. Indissociables de la conception du bateau modernisé, ces bornes devraient être portées par l’amodiataire. Le port travaille déjà sur les besoins de puissance électrique sur ses sites afin de répondre aux futurs enjeux du verdissement de la flotte.

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