Un cargo à voile mixte pour transporter Ariane 6 en 2022

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Un cargo à voile hybride pour transporter les pièces de la future fusée Ariane 6, non  ce n’est pas de la science-fiction mais bel et bien un projet qui va voir le jour à l’horizon 2022. Le Canopée, tel est son nom, est le fruit de l’imagination de deux anciens élèves de l’Hydro du Havre qui, pour mener à bien leur rêve, se sont entourés de différents partenaires. Un cargo à voile hybride pour transporter les pièces de la future fusée Ariane 6, non ce n’est pas de la science-fiction mais bel et bien un projet qui va voir le jour à l’horizon 2022. Le Canopée, tel est son nom, est le fruit de l’imagination de deux anciens élèves de l’Hydro du Havre qui, pour mener à bien leur rêve, se sont entourés de différents partenaires. Nils Joyeux et Victor Depoers ont toujours eu cette idée en tête. « Nous avons suivis nos études ensemble au Havre. Puis nous avons navigué comme lieutenant. Nous avons poursuivi nos études en cinquième année à l’Hydro de Nantes. C’est à ce moment là que nous avons commencé à travailler sur le thème du transport à la voile dans le cadre d’un mémoire de fin d’études. A l’époque, certains nous riaient au nez à l’idée d’un cargo à voile. A la même époque, nous avons rencontré celui qui allait devenir notre troisième associé, Amaury Bolvin, qui avait un cursus d’école de commerce. Il avait été business développeur en Asie. Finalement, il a quitté son job pour devenir aujourd’hui le directeur général de l’entreprise que nous avons créée », se souvient Nils Joyeux. {{IMG:1}} Dans cette aventure, les choses vont aller très vite. Nils Joyeux, Victor Depoers et Amaury Bolvin vont faire, en 2015, une rencontre déterminante pour mener à bien leur projet de cargo à voile hybride. Ils font la connaissance de Marc Van Peteghem, un grand nom de l’architecture navale, co-fondateur du bureau d’études VPLP. « Ce cabinet, c’est un peu comme ci on parlait de Ferrari dans le monde de l’automobile. VPLP conçoit des bateaux de course qui prennent régulièrement le départ de grands évènements comme la Route du Rhum ou la Transat Jacques Vabre. Lorsqu’on a rencontré la première fois Marc Van Peteghem, il était en train de développer un nouveau système de voiles un peu révolutionnaires à la fois rigides et articulées. VPLP avaient été les premiers à tester cette technologie sur des gros catamarans à l’occasion de la Coupe de l’America en 2010. Ces voiles génèrent une portance, une capacité de traction bien plus supérieure que des voiles classiques. Mais il y avait un gros inconvénient. C’est comme ci on dressait une aile d’avion sur un bateau. On ne pouvait pas affaler les voiles. Il fallait gruter le mât à la fin de la journée puis le stocker dans un hangar. Par conséquent, ce n’était pas quelque chose d’adaptée pour une navigation de plaisance et encore moins de commerce ».

Des ailes voiles automatisées

Nils Joyeux, Victor Depoers, Amauray Bolvin ne vont pas pour autant se décourager. En 2017, les trois associés créent Zéphyr & Borée, une start-up qui se donne pour objectif d’exploiter et de concevoir des navires de commerce innovants et respectueux de l’environnement. Pour porter leur projet de cargo à voile mixte, ils vont continuer à travailler avec VPLP design mais également avec la compagnie maritime JIMAR Offshore Services. VPLP design va obtenir finalement de bons résultats avec des ailes voiles d’un nouveau genre, les ailes automatisées. « L’idée de Marc Van Peteghem a été de concevoir quelque chose de simple et d’automatisé. VPLP avait testé un prototype en 2016 financé par l’Ademe. Puis deux démonstrateurs ont été installés en 2018 sur Energy Observer, le navire à hydrogène qui réalise un tour du monde. Les prochaines ailes seront pour Canopée », ajoute Nils Joyeux.

Un navire hybride

La  technologie d’ailes rigides entièrement automatisées et rétractables qui va être employée a la capacité de répondre aux besoins de la marine marchande. Le gréement permet de manière autonome d’adapter l’incidence de l’aile en fonction de l’allure du navire pour une propulsion optimale tandis que le réglage de la cambrure et du vrillage permet de réguler la puissance en fonction de la force du vent. C’est ainsi que le Canopée devrait recevoir quatre voiles de 363 mètres carrés amenant son tirant d’air à 51 mètres. Mais les économies permises par le vent sont bien évidemment variables en fonction des conditions météorologiques. C’est pourquoi les porteurs du projet ont imaginé un navire hybride avec une propulsion assurée par quatre moteurs diesel-GNL (gaz naturel liquéfié) de 2 300 KW sur deux lignes d’arbres. Le cargo peut ainsi se servir au choix de l’une ou l’autre de ses modes de propulsion ou même des deux de manière simultanée pour gagner en vitesse.

Un outil de routage météo

Pour optimiser l’utilisation du vent et maitriser les aléas météorologiques, le futur cargo sera équipé d’un outil de routage météo développé par la société D-Ice Engineering. Cet outil permettra de définir la meilleure route à emprunter et les régimes moteurs à adopter. Ce logiciel permet également d’anticiper sur la base des historiques météo les économies qui peuvent être réalisées grâce aux voiles sur une ligne donnée en fonction de la vitesse d’exploitation retenue. Plus la vitesse de transport demandée par les clients est élevée plus le besoin de puissance propulsive sera important et moins le pourcentage de contribution des voiles dans le mix énergétique sera important. «  Avec nos partenaires, nous avons répondu à l’appel d’offres d’ArianeGroup via un joint-venture baptisé Alizés. Et nous l’avons remporté ». Une performance d’autant plus remarquable pour la jeune équipe qu’elle devait faire face à une offre commune portée par CMA CGM-Marfret. La Maritime Nantaise, elle, qui effectue actuellement le transport des pièces d’Ariane 5, n’avait pas été retenue dans la liste restreinte.   

Le Canopée qui mesurera 121 mètres de long pour 23 mètres de large aura donc pour mission à compter de 2022 de transporter pour le compte d’ArianeGroup le futur lanceur Ariane 6. Le voyage le mènera d’Europe en Guyane en un mois avec une tournée dans les ports de Brême, Rotterdam, Bordeaux et Le Havre. La traversée vers la Guyane s’effectuera en dix jours à une vitesse moyenne comprise entre 14 et 16 nœuds. Le projet Canopée devrait permettre de réduire les émissions de CO2 de 20 à 50 %. Il devrait également diminuer les différents types d’émissions polluantes de type particules fines tout en respectant les délais de livraison et de coût. Zéphyr & Borée « planche » d’ores et déjà sur d’autres projets de porte-conteneurs à voile pour le transport courte et moyenne distance mais aussi sur des navires rouliers à voile pouvant embarquer des remorques non accompagnées et des voitures.

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