A Nantes-Saint-Nazaire, plusieurs projets d’écologie industrielle sont en cours, l’un des enjeux est de bâtir un modèle économique pertinent.
A Nantes-Saint-Nazaire, une démarche d’écologie industrielle a été lancée en 2014 par le grand port maritime en lien avec l’agglomération nazairienne. Un diagnostic des flux d’énergie a été réalisé avec l’objectif d’identifier des synergies éventuelles. Plus de 25 entreprises de la zone industrialo-portuaire ont accepté de participer au diagnostic, « un nombre qui, pour nous, est un succès », souligne Mathias Guérin, responsable du pôle environnement industriel au GPM de Nantes-Saint-Nazaire.
Des études ont été ensuite réalisées, axées sur les déchets et les énergies, et ont permis l’émergence de plusieurs projets. « Le plus emblématique d’entre eux est la création d’un réseau de chaleur en récupérant la chaleur fatale d’un ou plusieurs industriels pour alimenter des industries voisines et la ville », explique Mathias Guérin. L’idée est d’utiliser des déchets de biomasse d’un industriel pour alimenter une chaudière. Il faut prévoir de réaliser le réseau de distribution. C’est un projet vaste et coûteux à hauteur de 100 M€ qui est aujourd’hui à l’étape des études socio-économiques, de l’analyse des besoins par rapport au potentiel de production. « Il s’agit de trouver le bon modèle économique et des engagements sur le long terme des industriels, en plus de la ville qui envisage d’utiliser le réseau pour chauffer des logements sociaux ».
Un deuxième projet concerne le captage de certains effluents chimiques ou gazeux qui sont des nutriments pour des micro-algues dont sont extraits ensuite des protéines comme la spiruline. « L’enjeu est ici lié au besoin d’espace pour installer les bassins de micro-algues. Dans le port, pour les terrains, la priorité est donnée aux activités portuaires. Nous travaillons avec l’université de Nantes en R&D pour trouver une solution hors-sol moins consommatrice d'espace ».
Un cadastre solaire
Un troisième projet vise à développer un réseau électrique intelligent (« smart grid ») grâce à l’énergie renouvelable de panneaux photovoltaïques qui peuvent installés sur les toitures des bâtiments du port. Un « cadastre solaire » est en cours de réalisation pour évaluer le potentiel des toitures, pour voir si elles peuvent supporter l’installation de panneaux photovoltaïques. L’autre volet de l’étude porte sur le réseau électrique, sa capacité ou non à supporter un nouvel apport. Si le réseau n’est pas suffisant, quelle peuvent-être les solutions de stockage de cette électricité produite (batteries, hydrogène…). Il s’agit aussi de voir si toute cette électricité en plus répond à des besoins, « d’autant plus que deux industriels de la ZIP produisent déjà davantage d’électricité qu’ils en utilisent ». Le courant de quai pourrait être une piste d’utilisation pour toute cette électricité qui pourrait être stockée sur la zone.
Un autre projet concerne la collecte de déchets du BTP dans l’agglomération de Nantes qui pourraient être acheminés par barge jusqu’à la zone portuaire puis transformer et réutiliser.
Certains projets ont été envisagés mais n’ont pas abouti comme la collecte d'eaux de pluie ou d'eaux usées. Pour ces dernières, les opérations nécessaires entre la récupération et la réutilisation sont complexes économiquement, techniquement et réglementairement.
La première réalisation concrète de la démarche d’écologie industrielle au GPM de Nantes-Saint-Nazaire va être en avril 2020 la mise en service d’une station d’avitaillement en GNV/GNC pour de nouvelles mobilités des véhicules au gaz. Plusieurs industriels se sont engagés à utiliser ce carburant alternatif. Le GPM travaille ici avec le syndicat d’électricité de Loire Atlantique.
« Avec le temps, il y a une progression de la démarche, constate Mathias Guérin. Les entreprises sont intéressées par les synergies possibles montrées par la démarche d’écologie industrielle. Ensuite, apparaissent les questions autour des aspects financiers pour lesquelles elles comptent sur le port qui est aussi souvent l’initiateur des projets. L’écologie industrielle peut pérenniser l’activité des industriels ce qui bénéficie au port qui renforce son attractivité au sein du territoire ».