Après la très attendue rénovation des écluses de Méricourt sur la Seine aval, pour laquelle VNF a annoncé le 7 juillet 2020 le début des travaux, un autre chantier majeur commence début août sur le bassin de la Seine. Il s’agit du barrage de Meaux, sur la Seine, qui régule le niveau d’eau sur les 22 km du bief allant jusqu’à Isles-les-Meldeuses.
Ces deux chantiers majeurs nécessitent des investissements conséquents. À Méricourt, 92 M€ sont nécessaires pour la rénovation d’une double écluse qui voit passer la majeure partie du fret fluvial de la Seine (voir article).
À Meaux, 49 M€ seront utilisés pour construire un nouveau barrage qui ne profitera pas à la seule navigation sur ce bief de la Marne, où 3 200 bateaux naviguent chaque année, dont 2 300 bateaux de commerce et 900 bateaux de tourisme. Le barrage permettra l’alimentation eu eau du canal de Chalifert. Le nouvel ouvrage doit aussi garantir l’approvisionnement en eau de l’agglomération de Meaux et soutenir le niveau des nappes en été. L’amélioration de la biodiversité aquatique n’est pas oubliée : le nouvel ouvrage sera doté d’une passe à poissons.
Les hausses remplacées par des clapets
L’actuel barrage a été construit à partir de 1937 et mis en service en 1939. Il s’agit d’un barrage de type Aubert, avec 37 hausses d’1,5 m de large et 6 m de haut. Ces hausses, pesant chacune 6 t, sont manipulées par un bras de manœuvre se déplaçant le long de la superstructure du barrage sur un chariot (voir photo). Les barrages de ce type, sur le bassin de la Seine, ont progressivement été remplacés par des barrages à clapets, de conception beaucoup plus moderne et qui permettent, avec des opérations plus sûres, de parvenir à une régulation plus fine du niveau d’eau du bief.
Le nouveau barrage de Meaux, construit à 90 m à l’aval de l’existant, sera doté de quatre passes de 13,5 m chacune, dotées de clapets automatisés.
La construction du nouveau barrage de Meaux s’accompagne, comme c’est désormais la règle, de l’aménagement d’une passe à poissons. La particularité, ici, tient au fait que cette passe à poissons n’est pas contiguë au barrage, mais utilise le canal du Cornillon, voie d’eau d’origine médiévale qui coupe le méandre de la Seine dans lequel est installé le barrage. L’écluse de navigation n’est pas non plus située à proximité du barrage, la navigation se faisant par le canal de Meaux à Chalifert qui coupe plusieurs méandres de la Marne.
Une centrale hydroélectrique ichtyocompatible
Plus rare qu’une passe à poisson : le barrage de Meaux sera aussi équipé d’une centrale hydroélectrique, réalisée par la société CH Meaux, constituée pour l’occasion par VNF et JMB Hydro. Les quatre turbines seront implantées dans la structure même du barrage, en rive gauche de la Marne. « Totalement immergées, les turbines seront ichtyocompatibles, c’est-à-dire qu’elles permettront aux poissons, notamment aux anguilles, de les traverser sans risque, précise VNF. La présence de la centrale hydroélectrique permettra, en outre, par son débit de fuite, d’accroître l’attractivité de la passe-à-poissons du canal du Cornillon située à proximité, les poissons migrateurs étant naturellement attirés par les courants. La centrale permettra de produire une énergie maximale estimée à 10 350 000 kWh annuel, soit l’équivalent de la consommation de 2 070 foyers ».
Les travaux du barrage, réalisés par l’entreprise Léon Grosse pour le compte de VNF, commencent début août 2020. Jusqu’en décembre, seront concernées les berges et la passe à poissons. Les travaux du barrage proprement dit, en rive droite, se tiendront de mars à octobre 2021. De mars à octobre 2022 se dérouleront les travaux du barrage en rive gauche. Les deux passes centrales du barrage, enfin, seront construites de mars à octobre 2023. Le barrage actuel sera alors déconstruit après la mise en service du nouveau.
Légende: Les hausses de l’actuel barrage de Meaux sont manipulées par un bras de manœuvre se déplaçant le long de la superstructure du barrage sur un chariot.