A Strasbourg, les travaux pour poser les canalisations ont débuté en septembre 2020 mais la réflexion a été engagée en 2015 dans le cadre d’un partenariat entre le port et un énergéticien (R‑CUA) qui a favorisé l’établissement d’un dialogue avec les industriels de la zone portuaire. Le port précise : « L’idée de départ était d’étudier la possibilité de créer des synergies entre industriels et, ensuite, de valoriser l’excédent de chaleur en l’exportant vers les quartiers proches, par le biais de réseaux de chaleur urbains neufs ou existants – et de contribuer ainsi à la décarbonation du territoire ».
Les premiers travaux lancés en septembre 2020 constituent la première phase du projet R-PAS qui vise à poser un réseau de canalisation de 11 km pour relier de premiers sites industriels du port, puis prolonger cette infrastructure vers les secteurs urbanisés et réaliser l’interconnexion avec des réseaux existants.
3 M€ d’investissement pour un industriel
Le premier industriel du port concerné est le site du papetier Blue Paper. Selon le port, cet industriel a été « identifié dès l’origine du projet comme l’un des meilleurs gisements de chaleur de récupération de la zone. La chaleur est en effet récupérée sur un process lui-même largement décarboné, puisqu’il utilise comme combustible de la biomasse. On peut donc affirmer que la chaleur récupérée sur le site Blue Paper sera doublement décarbonée, d’abord du fait de sa production initiale vertueuse issue de la valorisation de la biomasse pour un usage industriel, ensuite de sa récupération pour une seconde utilisation sur le réseau R-PAS. De plus, cette énergie propre récupérée ne crée aucune émission atmosphérique supplémentaire, contribuant ainsi aux efforts collectifs de maîtrise de la qualité de l’air ».
Pour la première phase de travaux, l’investissement porté par R-PAS s’élève à 10 millions d’euros pour les équipements de valorisation de chaleur et la pose de 3 km de réseau neuf permettant l’interconnexion avec les réseaux « Eco2Wacken » et « quartier Coop » existants. Il faut ajouter 8 millions d’euros pour le développement du réseau du Wacken au moyen de 9 km de canalisations. De son côté, Blue Paper investit 3 millions d’euros dans l’installation des équipements de récupération de chaleur sur les circuits de sa chaudière biomasse.
Le projet est accompagné par la Banque des Territoires, présente au capital de la société porteuse du projet, et bénéficie d’un soutien financier du fonds « Chaleur » de l’Ademe.
Bénéfice environnemental et avantage économique
Dès le courant 2021, le réseau R-PAS va fournir 45 à 50 GWh de chaleur décarbonée, effaçant ainsi 15 000 tonnes d’émissions de CO2. A terme, la fourniture de chaleur à partir du site Blue Paper sera plus que doublée pour atteindre 100 GWh/an, soit 30 000 tonnes de CO2 évitées. Par la suite, le raccordement de nouveaux gisements de chaleur fatale doit permettre au réseau de chaleur R-PAS d’atteindre une capacité totale de 160 GWh de chaleur décarbonée, équivalent à la consommation de 35 000 logements neufs.
Pour le port autonome de Strasbourg, R-PAS constitue l’une de ses actions dans le contexte de la transition énergétique en réduisant les émissions de carbone dues aux process industriels et au chauffage des bâtiments. « Ce bénéfice environnemental s’accompagne d’un avantage économique net pour les clients raccordés, puisque les logements et bâtiments tertiaires raccordés accéderont à une chaleur de récupération soumise au taux de TVA réduit à 5,5 %. En valorisant la chaleur fatale d’industries implantées dans le port, le projet R-PAS parvient à concilier la performance économique et environnementale des entreprises, la réduction de la dépendance aux énergies fossiles du territoire et l’enjeu de la facture énergétique des ménages ».
Le port ajoute que le projet répond aussi « aux objectifs de la ville et de l’Eurométropole de Strasbourg en matière de protection du climat, d’énergie et d’amélioration de la qualité de l’air, tout en renforçant durablement l’attractivité du port et la performance environnementale de ses entreprises ». L’Eurométropole de Strasbourg s’est fixé l’objectif d’être un territoire 100 % énergies renouvelables et de récupération d’ici 2050.