Déploiement achevé en 2020
Le passage d’AP+ à S)One se fait progressivement, le mode de déploiement choisi privilégiant « l’agilité », selon Hervé Cornède, directeur général de Soget, qui précise : « AP+, qui n’a cessé d’évoluer pendant de nombreuses années, est conservé comme moteur de secours. Mais, désormais, c’est S)One et non AP+ qui constitue le cœur du réacteur. La qualité des données transmises dépendant de la qualité du PCS lui-même, nous ne pouvons cependant passer à S)One d’un seul coup ».
Concrètement, il s’agit, entreprise par entreprise, de basculer sur S)One pour les conteneurs, pour le trafic roulier, pour le vrac, puis de vérifier la bonne transmission des données et de couper chaque module AP+ au fur et à mesure que c’est effectué. Le déploiement s’est d’abord fait avec des utilisateurs pilotes avant d’être étendu à toutes les entreprises. Pour les importations, la totalité des utilisateurs sera passé à S)One fin 2019. Pour le transbordement, c’est encore en cours, les premiers essais ayant été menés le 26 septembre 2019. Le mouvement de transition concernera ensuite les exportations ; il doit être achevé pour l’ensemble de l’axe Seine dans le courant de l’année 2020.
Environ 80 % des utilisateurs du nouveau PCS ne verront jamais un écran S)One, leur système informatique étant directement interfacé avec celui de Soget pour des échanges de données informatisées (EDI). Sur l’axe Seine, ce sont ainsi près de 3 500 interfaces qui sont mises en places, une par une, pour chaque entreprises. Tous les entrepôts de l’axe Seine sont concernés, quel que soit le mode de transport utilisé.
« C’est la première fois que l’on déploie notre système sur tout un corridor, rappelle Hervé Cornède. Pour autant, nous ne voulions surtout pas d’un big bang qui aurait pu occasionner une interruption de service. La précédente transition, pour le passage à AP+, était plus simple car il y avait moins d’EDI à l’époque. D’ici cinq ans, on estime que la totalité des utilisateurs pratiqueront l’EDI, de petites entreprises étant déjà totalement interfacées. La transition vers S)One sera plus simple ailleurs que sur l’axe Seine car, à Paris, on suit les marchandises jusqu’au dernier kilomètre. »
Un outil adapté à chaque filière
Alors qu’AP+ était surtout vu comme un outil pour les conteneurs, centré sur le passage portuaire, S)One se veut adapté à chaque filière et se présente comme un outil du management de la logistique, au-delà du passage portuaire, avec des fonctions adaptées à chaque métier. Les transports de véhicules, par exemple, sont suivis grâce à la plaque moteur de chaque voiture. Autre innovation de S)One : son unité. Depuis Lyon ou Strasbourg, on peut se connecter à S)One, ce qui était plus difficile avec AP+, même si des passerelles existaient.
Le passage à S)One devrait désormais s’accélérer dans les autres ports utilisant aujourd’hui AP+, selon la demande des utilisateurs. « Nous avons commencé à travailler au déploiement de S)One à Nantes, à La Rochelle, en Guadeloupe, détaille Hervé Cornède. Mais AP+ a des fonctionnalités différentes selon les sites. En Guadeloupe, par exemple, il couvre non seulement le trafic portuaire mais aussi le trafic aéroportuaire. Dans certains pays, il est même interfacé avec les banques. Il faut donc à chaque fois des solutions S)One spécifiques. D’autres informations peuvent encore être intégrées dans le PCS. On peut, par exemple, connecter l’AIS des barges sur le PCS si les clients le demandent et estiment que ça leur apporte de la valeur ajoutée. C’est ce qui se fait déjà au Havre avec Swing ».
Répondant à l’appel à projets du dispositif « territoires d’innovation », la communauté urbaine et le port du Havre ont imaginé la plateforme « Smart Data Services » dans le cadre de leur projet Smart Port City, projet territorial qui vise à apporter de l’innovation aux acteurs économiques, mais aussi aux territoires et aux citoyens.
Smart Data Services commence par une expérimentation d’une durée de douze mois, pour imaginer de nouveaux services pouvant être mis en place grâce à l’utilisation de grandes quantités de données. « Dans le domaine du transport de marchandises, l’utilisation des données peut, par exemple, permettre d’affiner l’heure d’arrivée prévue d’un camion ou d’un navire, explique Cyril Chédot, chef du service planification de l’aménagement du territoire de Haropa-port du Havre. L’utilisation d’un gros volume de données peut contribuer à préciser une ETA qui reste souvent théorique, et adapter le créneau horaire prévu pour la manutention. Pour tous les modes de transport, grâce aux objets connectés, on peut aussi parvenir à une traçabilité en temps réel. Les douze mois prévus pour l’expérimentation sont nécessaires à la validation technique de chaque service. Dans le même temps, on peut aussi vérifier si cela correspond à une attente des utilisateurs, et trouver la forme commerciale qui y répondra ».
La mise en commun des données suppose que chacun y trouve un intérêt, et nécessite aussi une confiance de la part de l’entreprise qui les fournit dans l’utilisation qui en sera faite. La création d’une société jouant ce rôle de tiers de confiance s’avère donc nécessaire, sauf à utiliser la Blockchain qui permet l’échange de données de pair à pair sans recourir à un tiers. « S)One, par exemple, joue ce rôle de tiers de confiance, explique Cyril Chédot. Son déploiement homogène sur l’axe Seine présente un impact positif sur nos projets, car notre objectif ultime n’est pas le Smart Port, mais le Smart Corridor ».