Quand la hausse du coût de l’énergie, et plus particulièrement de l’électricité, conduit à parler du projet Seine-Nord Europe sur la radio Europe 1 et à une lettre au président de la République… C’est ce qui s’est passé les 28 et 29 mai 2019 entre François de Rugy, ministre de la Transition écologique, et Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France.
Le 28 mai sur Europe 1, Xavier Bertrand critique vertement le gouvernement qui, selon lui, n’empêche pas l’augmentation de 5,9 % des tarifs de l’électricité à partir du 1er juin, une hausse qui aurait dû entrer en vigueur le 1er mars mais repoussée pour cause de mobilisation des « gilets jaunes ».
Xavier Bertrand déclare : « On va avoir une augmentation de l'énergie sans rapport avec le coût de l'inflation et l'évolution des salaires. Ils attendent quoi au gouvernement ? Que les gens se remettent en colère ? En France, c'est les taxes qui bouffent tout. À chaque fois, il y a un gagnant : l'État qui s'en fout plein les poches ».
Invité sur la même antenne le lendemain, 29 mai, François de Rugy, a taclé Xavier Bertrand en rappelant que ce dernier « a été ministre à une époque où ce mode de calcul des tarifs de l'électricité a été fixé ».
Puis il a enchaîné : « Xavier Bertrand est président d'une région qui vient voir l'État pour que celui-ci finance ses projets, notamment le projet pharaonique de canal Seine-Nord Europe. Il a des projets dans sa région et demande à l'État de les financer. Avec quel argent ? Alors ces discours démagogiques sur l’Etat s’en met plein les poches… ».
Une lettre co-signée par d’autres élus des Hauts-de-France
La réaction de Xavier Bertrand a été de passer à l’écrit en envoyant une lettre au président de la République Emmanuel Macron, co-signée par les présidents des conseils départementaux de la région Hauts-de-France et diffusée par le service communication de cette dernière.
Dans ce courrier, les signataires demandent au président de la République si les mots du ministre François de Rugy qualifiant « avec dédain de projet pharaonique le canal Seine-Nord Europe » ont été tenus avec son accord ? Et : « Est-ce une remise en cause de l’engagement financier de l’Etat dans ce projet économique et écologique essentiel pour la région Hauts-de-France ? ».
Le texte rappelle la déclaration d’Emmanuel Macron lors d’un dîner à l’Elysée avec les élus de la région Hauts-de-France le 29 mars : « L’Etat sera au rendez-vous de ce projet structurant ». Mais depuis cette date, les signataires « attendent toujours une décision politique de votre gouvernement afin de préciser le financement de l’Etat sur lequel votre Premier ministre s’est engagé par courrier du 2 octobre 2017. Qui devons-nous croire ? »
Pour tenter d’éclaircir l’avenir du projet Seine-Nord Europe, la lettre demande que « se tienne sous l’autorité du président de la République ou celle du Premier ministre une réunion avec l’ensemble des collectivités locales engagée pour ce chantier afin de lever une fois pour toutes les incertitudes sur la position de l’Etat. Un pays sans projet bâtisseur n’est pas un grand pays. La France et l’Europe ont besoin de ce canal ».
La lettre conclut : « Nous ne demandons pas de traitement de faveur, nous ne quémandons pas des financements comme a pu le suggérer votre ministre d’Etat. Nous demandons simplement que vous honoriez votre parole et que l’Etat respecte ses engagements ».
A noter que le 27 mai, Elisabeth Borne, ministre chargée des Transports, avait indiqué à l’Assemblée nationale que le « gouvernement était pleinement engagé dans le projet » et qu’une mission sous l’autorité de Gérald Darmanin et Bruno Le Maire avait été créée pour identifier les futures ressources fiscales du canal avec des conclusions attendues pour juillet.