Mais les dragages ont vocation à se poursuivre après la fin des travaux d’approfondissement du chenal, récemment arrivés à leur terme. Et la quantité la plus importante de sédiments provient de la partie aval de l’estuaire, entre Tancarville et la mer : 4,5 Mt de matériaux y sont retirés chaque année du fond de la Seine, et sont « clapés » au large du Havre, c’est-à-dire immergés en mer.
Moins de possibilité de clapage
Autant de matériaux qui pourraient être réutilisés à terre, réduisant ainsi la pression sur les carrières de sable. La valorisation de ces sédiments est donc une nécessité pour le port de Rouen, d’autant plus pressante que Haropa est confronté à une difficulté supplémentaire : la zone de clapage Kannick, située à 5 km au large du Havre, arrive à saturation. Le choix du nouveau site d’immersion du Machu, situé à 18 km au large des côtes du Calvados, est contesté par les défenseurs de l’environnement. Le projet Sédinnove a donc été lancé par le port de Rouen, en partenariat avec l’école des Mines de Douai, le consultant Neo Eco et le laboratoire Toxem, afin de trouver une utilisation terrestre à cette importante masse de sédiments, qui pourrait être considérée comme une ressource en granulats.
Des filières de valorisation identifiées
La première partie du projet Sédinnove, au cours de l’année 2020, a consisté à effectuer des prélèvements de sédiments et à les analyser, pour en évaluer la composition, la pollution, la granulométrie et autres caractéristiques.
Il s’est ensuite agi d’identifier les filières de valorisation aptes à les utiliser. Il en ressort que la pollution, pour ces sédiments récemment déposés, est considérée comme très faible. Leur utilisation comme sable pour ciment ou pour les aménagements paysagers a cependant été exclue, en particulier car leur granulométrie ne s’y prête pas. Deux filières pertinentes ont en revanche été identifiées : d’une part la fabrication de béton préfabriqué (blocs béton pour la construction, mobilier urbain, pavés de voirie) ou de béton prêt à l’emploi ; d’autre part leur utilisation en couche de forme ou remblais de faible hauteur pour la construction de routes.
Le projet Sédinnove, d’un coût total de 400 000 euros, va encore se poursuivre pour une durée de deux ans. Il s’agit à présent de mener des études pour optimiser l’utilisation des sédiments dans deux applications spécifiques : la formulation d’un béton armé prise mer et d’une couche de forme pour la filière routière.