Scat, coopérative de transport fluvial, est active sur trois marchés principaux: les conteneurs, les céréales, les granulats.
Concernant les conteneurs, « les bateaux tournent sans trop de difficultés, la plupart transportent des conteneurs maritimes, indique Philip Maugé, président du directoire de la Scat. Il va peut-être y avoir un passage plus difficile avec des voyages blancs annoncés entre l’Asie et l’Europe mais pour le moment, cela va à peu près. »
Pour les conteneurs, il y a eu un pic de stockage notamment à Paris Terminal qu’une organisation mise en place entre les opérateurs a permis de freiner. Un temps envisagé, le stockage flottant de conteneurs n’a finalement pas été mis en place.
L’activité est très importante du côté des céréales, dans la suite de la très belle dernière campagne. Si entre juillet et décembre 2019, c’était peu dynamique, il y a eu un net changement fin décembre qui s’est accentué début janvier 2020 et qui se poursuit. « La plupart des affréteurs font tourner les bateaux. Les flottes de Cemex et de Lafarge se positionnent d’ailleurs sur les céréales, vu la situation sur les granulats. »
C’est en effet ce dernier marché qui a connu un coup de frein brutal et total avec l’arrêt des chantiers du Grand Paris puis des autres compte tenu de la mise en place du confinement mi-mars 2020. Les centrales à béton ont stoppé leurs approvisionnements après avoir fait un maximum de stock, comme GSM à Achères, par exemple, ou Unibéton.
« On a eu encore des importations jusqu’à la fin de la semaine dernière. Mais cette semaine et celle à venir, il n’y a rien de prévu. C’est un sujet très important, la situation du BTP et des grands chantiers, le transport de granulats représente pour nous un important tonnage. Certains des bateaux sur ce marché ne peuvent pas se reconvertir vers d’autres produits. Il y a un peu de réserve de trésorerie mais tout va dépendre de la durée de l’arrêt de l’activité. »
Quelques unités de grande taille ne naviguent plus ainsi que des bateaux de moyen et petit tonnages. Un bateau pour du ciment à livrer à Calcia est à l’arrêt.
Certains chantiers de BTP de moindre ampleur ont repris (en organisant la venue d’un corps de métier après l’autre pour éviter trop de personnel sur place et tenir compte des mesures de protection entre les salariés) mais ils ne créent pas d’importants besoins nécessitant de relancer des approvisionnements par voie fluviale.
Comme autre trafic, il y a aussi des transports de produits recyclés qui se poursuivent.
Absence de visibilité
Philip Maugé rappelle que la crise sanitaire s’est installée alors qu’un épisode de crue était en cours. « L’une des conséquences est que le trafic XPO Logistic/Franprix n’a pas encore redémarré, le terminal de la Bourdonnais devant être remis en service. Et il faut aussi trouver des solutions pour assurer aux conducteurs routiers d’opérer en étant protégés dans le contexte de l’épidémie. »
Pour l’après, même s’il n’y a aucune visibilité actuellement, le président du directoire répond que la relance des grands chantiers de BTP, notamment ceux du Grand Paris, constitue un facteur majeur. D’autant plus que l’arrêt des travaux du Grand Paris est survenu juste au moment où de nouveaux chantiers (pour les lignes 14 et 15) et donc de nouveaux trafics d’évacuation de déblais allaient démarrer avec des bateaux prévus.
Le personnel administratif de la Scat est en télétravail, certains sont en arrêt maladie, la solution prévue pour garder les enfants. Le chômage partiel pourrait être envisagé en avril, compte tenu de la diminution d’activité.
En conclusion, Philip Maugé souligne que « les banques sont assez réactives et prêtes à décaler les remboursements. Je n’avais pas vu cela par le passé ».