Dans l’annonce de ces résultats pour le premier trimestre 2020, l’autorité portuaire de Rotterdam parle d’une « période très exceptionnelle avec des perturbations sévères de la production industrielle et des chaînes logistiques à l’échelle mondiale ».
Au terme des trois premiers mois de l’année, le transbordement maritime s’établissait à 112,4 millions de tonnes, en recul de 9,3% par rapport aux 123,87 Mt réalisés lors d’un premier trimestre 2019, « marqué par des volumes records dans les conteneurs, le GNL et les biocarburants ». La crise provoquée par le coronavirus a très nettement aggravé la tendance à la baisse qui s’était déjà manifestée au second semestre de 2019 (voir notre article).
Les conteneurs résistent
Le trafic conteneurs est resté toutefois quasiment inchangé. À 37,93 millions de tonnes, il ne subit qu’une contraction minime de 0,3% comparé au premier trimestre de l’an dernier (38,04 Mt). Cette stabilité des volumes contraste avec le score enregistré en nombre de boîtes manutentionnées (-5,6% à 2,09 millions) et de EVP (-4,7% à 3,55 millions). Les conteneurs vides se sont apparemment faits nettement plus rares.
Ce sont surtout les flux shortsea qui ont peiné au premier trimestre, ce que le port attribue au ralentissement économique en Europe. Le deepsea et le feedering étaient encore en croissance à la fin mars, date à laquelle les volumes conteneurisés venant d’Asie n’avaient encore cédé que 2,8%. « Les effets de la crise du coronavirus se sont apparemment limités à un afflux moins important en provenance de la Chine à la suite du confinement partiel dans ce pays à partir de février ».
Le trafic roulier (-7,3% à 5,94 Mt) et les diverses conventionnelles (-3,2% à 1,43 Mt) connaissent une évolution négative.
Les vracs plongent dans le rouge
Les vracs liquides affichent une perte de 13,9% et retombent de 58,51 Mt à 50,35 Mt. La tempête sur les marchés pétroliers y est pour beaucoup. Les flux pétroliers sont en forte perte de vitesse, avec des baisses de 8% pour le brut et de près de 33% pour les produits raffinés. La hausse pourtant prononcée du GNL (+17,9% à 2,08 Mt) et des autres vracs liquides comme les produits chimiques et les biocarburants (+9,3% à 8,31 Mt) n’a pas suffi à enrayer ce mouvement, vu l’importance nettement moins grande de ces trafics.
Les vracs secs ont renforcé le ressac, en chutant eux aussi de 13,9%, de 19,45 à 16,74 Mt. Les charbons sont en chute libre et passent de 7,49 à 4,52 Mt (-39,6%), notamment parce que le gaz est devenu plus attractif pour la production d’électricité dans des pays comme l’Allemagne. La hausse des minerais de fer et ferrailles (+15,7% à 6,77 Mt, les producteurs sidérurgiques ayant reconstitué leurs stocks) n’a pas suffi à compenser cette perte, d’autant que les autres vracs secs sont eux aussi restés sous leur niveau du premier trimestre 2019.
Le pire est à venir
Allard Castelein, le PDG du port, prévient que le pire est encore à venir : « L’effet de la baisse de la demande par la crise du coronavirus se fera pleinement sentir à partir d’avril. Une diminution du volume de transbordement de 10% à 20% sur une base annuelle semble plus que probable. Cette prévision dépend de la durée du maintien des mesures prises et de la rapidité avec laquelle la production et le commerce mondial reprendront. »
La plupart des annulations d’escale annoncées dans la navigation de ligne commenceront à jouer à partir de ce mois d’avril 2020, un porte-conteneurs venant d’Asie mettant quelque cinq semaines à atteindre Rotterdam. Le port signale que la capacité entre l’Asie et l’Europe est actuellement réduite de 25%. « Cela aura clairement des conséquences sur les résultats au deuxième trimestre. »