Dépendant de l’Asie
Les vracs liquides sont restés quasiment stables à 211,21 Mt (-0,3 %), grâce à la très bonne tenue des hydrocarbures (+3,9 % à 104,40 Mt) et en dépit de la baisse prononcée des produits pétroliers (-12,2 % à 68,16 Mt). Le GNL s’est inscrit en hausse de 36,6 % à 7,15 Mt.Les vracs secs ont connu un recul plus prononcé de 4 % à 74,49 Mt. Il s’explique surtout par la forte contraction (-14,8 %, de 26,36 à 22,45 Mt) des trafics de charbon, dont une bonne partie est destinée à l’Allemagne. Les minerais de fer et ferrailles se sont maintenus au même niveau qu’en 2018 (30,01 Mt).
Les marchandises diverses progressent sur tous les tableaux. Les incertitudes entourant le Brexit n’ont pas empêché le trafic roulier de gagner 0,8 % à 24,25 Mt. Les marchandises conventionnelles remontent de 2,9 % à 6,55 Mt, mais ce secteur a perdu beaucoup de terrain ces dernières années, comme à Anvers.
A 152,91 Mt et 14,81 millions d’EVP, le trafic conteneurisé est au plus haut dans l’histoire du plus grand port européen. Mais ces hausses de respectivement 2,5 % et 2,1 % ne lui auront pas permis de conforter son avance – toujours appréciable - sur son concurrent le plus direct. Anvers a enregistré en 2019 une croissance de respectivement 6 % (à 138,75 Mt) et de 6,6 % (à 11,86 millions d’EVP) dans la manutention de conteneurs et se rapproche de son voisin.
Allard Castelein, le pdg de l’entreprise portuaire, s’attend en ce début d’année à une conséquence de la crise du coronavirus sur les flux conteneurisés, « tout comme ce sera le cas dans d’autres ports ». Mais Rotterdam est plus dépendant de l’Asie qu’Anvers.
Vers un port plus intelligent
Le pdg a souligné que Rotterdam continuera à investir pour consolider sa position de leader européen, mais aussi et surtout pour poursuivre sa transition numérique et énergétique. Cela signifie notamment que le développement de certaines activités et la quête d’un tonnage sans cesse croissant devront céder le pas à la volonté de faire du mainport néerlandais « le port le plus vert au monde ».
« Le succès d’un port moderne ne se mesure pas uniquement au volume du transbordement. La demande en capacité additionnelle de manutention s’est muée en demande d’un port plus performant, plus rapide et surtout plus intelligent », a déclaré Allard Castelein. De nouvelles applications doivent contribuer à faciliter les opérations dans des domaines comme le soutage, la planification des escales, la déclaration en douane et le suivi des conteneurs.
« Il va sans dire qu’une progression des volumes reste la bienvenue, mais pas au prix d’une détérioration de notre environnement. L’implantation d’une dixième raffinerie pétrolière ne cadre pas dans nos ambitions climatiques », a-t-il précisé. Dans ce contexte, Rotterdam coopère avec Anvers et North Sea Port dans un projet visant à stocker du CO2 dans un ancien champ de gaz en mer du Nord.
Des revenus portés par les terrains en concession
Les investissements totaux se sont montés l’année dernière à 338,3 millions d’euros, contre 408,1 millions d’euros en 2018. Cet argent a servi à la réalisation de grands projets comme la Container Exchange Route (CER), pour l’échange de boîtes par le rail entre terminaux à la Maasvlakte.
La rentabilité de l’autorité portuaire reste largement assurée : son résultat net avant impôts s’élève à 241 millions d’euros (-5,2 %) sur un chiffres d’affaires de 706,6 millions (-0,1 %). Dans ce dernier montant, les revenus issus des terrains donnés en concessions (365,5 millions d’euros) l’emportent sur les droits portuaires sur les navires et leurs cargaisons (304,3 millions d’euros).
L’entreprise portuaire va verser un dividende de 98,5 millions d’euros à ses deux actionnaires, à savoir la ville de Rotterdam (qui détient 70,83 % du capital du port) et l’Etat néerlandais (29,17 %).
Crédit photo : © Port of Rotterdam - Paul Martens