Fabienne Margail a mis en avant le travail collectif mené pour améliorer le traitement des barges à Fos et éviter le brouettage. « Nous avons organisé le passage à terre entre les deux terminaux à conteneurs de Fos sur une distance de 300 mètres pour les conteneurs des barges. Il a fallu tout organiser entre les opérateurs de terminaux et de barges, et aussi les flux de documents dans le CCS. Des fenêtres ont été définies pour traiter les barges. Nous essayons d’aller vers une fréquence quotidienne ».
Guy Bourbonnaud, chef du département études et multimodalité au GPM de Dunkerque, est revenu sur la mise en place de la péréquation des coûts de manutention pour le fluvial dans ce grand port maritime depuis septembre 2016. « La solution a été de lisser le surcoût de la manutention du fluvial sur tous les conteneurs du terminal. Et l’opérateur du terminal répercute sur tous les armateurs maritimes. Le système est pérenne et a donné un coup de pouce au transport fluvial qui a profité aussi de l’essor des lignes conteneurisées à Dunkerque ». La mise en œuvre de cette solution n’a été possible que suite à l’acceptation de toutes les parties concernées qui a résulté d’un vaste travail collectif, notamment sous l’égide de l’autorité portuaire.
De zéro EVP en 2013, le fluvial a atteint 25 000 EVP à Dunkerque alors que, pour le moment, l’hinterland fluvial de ce port reste limité, en attendant la mise en service de Seine-Nord Europe. Le trafic conteneurs du GPM de Dunkerque va atteindre les 500 000 EVP en 2019.
Le rôle de l’innovation
Dominique Mathern a relevé que cette « mutualisation des THC » existe depuis toujours à Anvers. Pour lui, « il appartient aux autorités portuaires d’être des facilitateurs de solutions avec l’ensemble de la communauté portuaire. Il en va du développement des flux et des activités ». Fabienne Margail a ajouté : « Il faut créer une communauté de pensée autour du report modal, d’une meilleure coordination des modes. L’innovation peut aussi jouer un rôle important comme avec l’expérimentation de Blockchain conduite sur l’axe Méditerranée Rhône-Saône et dans laquelle le port de Marseille a joué un rôle important ».
Christophe Régnier, directeur de LHTE, a expliqué que le terminal multimodal du Havre fonctionne et voit son trafic augmenter pour atteindre 8 000 EVP en fluvial cette année, soit +18 %. Actuellement, 6 navettes ferroviaires quotidiennes relient LHTE aux terminaux maritimes du Havre. Ce sont des trains de 750 mètres.
Selon lui, une fois l’accès fluvial direct à Port 2000 réalisé, à l’horizon 2023 compte tenu que le financement est bouclé avec l’appui de l’Union européenne (voir notre article), « il y a aura la nécessité d’avoir un créneau de traitement et un volume suffisant pour traiter les barges fluviales. Et il y aura toujours un coût supplémentaire pour le traitement des barges sur les terminaux maritimes ».
Une autre conférence de la première journée de Riverdating, le 28 novembre 2019 à Liège, a eu pour thème les Services d’information fluviales (Sif).
Ce sont des services informatiques harmonisés qui prennent en charge le trafic et la gestion du transport sur les voies navigables intérieures. Ils ont été définis au niveau européen par la directive 2005/44/CE du Parlement européen et du Conseil du 7 septembre 2005. En France, il y a e-Ris sur le Rhin et Sif-Seine sur ce fleuve.
Depuis 2013, il y a aussi la dématérialisation des déclarations de chargement qui peut se faire avec le site Veli (pour : voyage en ligne). Après avoir fourni des incitations financières à la dématérialisation des déclarations, l’État l’a rendu obligatoire pour le périmètre Seine-Escaut à partir du 1er janvier 2019, pour une période d’essai de deux ans.
De son côté, la Wallonie teste la téléconduite de sa première écluse à Salzines, située sur la Sambre en amont de Namur, depuis le printemps 2019. Si les essais sont concluants, le passage définitif à la téléconduite devrait intervenir à partir de février 2020. La téléconduite de cette écluse se fera depuis le nouveau centre Perex (ou Perex 4.0) inauguré en avril 2019 et implanté au nord de la capitale wallonne. Ce centre d’exploitation des infrastructures, longtemps axé sur le réseau routier, a pour vocation d’intégrer la gestion des voies navigables et des niveaux de l’eau ainsi que le suivi en temps réel de la navigation sur tout le réseau wallon. A terme, l’ensemble des ouvrages d’art sur la Basse-Sambre et la Haute-Meuse (toutes deux en amont de Namur) devraient êtres gérés depuis le centre Perex.
Il existe au niveau européen le projet RIS Comex dont l’objectif est de favoriser une meilleure harmonisation entre les Sif tels qu’ils existent actuellement dans les 13 pays européens concernés. Ce projet cherche à mettre en place une plate-forme commune pour interfacer tous les portails ou systèmes Sif existants et parvenir à un portail unifié afin de fournir des services et des informations ainsi que davantage de prédictibilité.