Pour les artisans-bateliers, le souci de Marseille

Article réservé aux abonnés

Témoignages d’artisans-bateliers du bassin Rhône-Saône qui montrent des analyses communes sur la situation au GPM de Marseille, la nécessité d’une volonté politique forte pour améliorer la fluidité du passage portuaire et développer le report modal vers le fluvial. Sur le bassin Rhône-Saône, 26 artisans-bateliers sont présents avec des entreprises familiales. Les marchandises qu’ils transportent sont des vracs secs comme les céréales, le bois, les engrais, le charbon, le sel de déneigement, des vracs liquides (hydrocarbures, huile alimentaire), des conteneurs, des colis exceptionnels. « 2018 a été une très bonnes année comme la première partie de 2019, avec beaucoup de céréales, qui représentent 50 à 60 % des trafics pour nous. La deuxième moitié de 2019 et le début de 2020 ont été plus compliqués. En 2020, sur le bassin, le fait marquant, c’est l’accident à l’écluse de Salaise et l’arrêt de navigation qui a suivi pendant six semaines. Nous avons plutôt bien travaillé pendant le confinement, une fois l’écluse réparée fin mars. Il faut bien comprendre qu’à bord de nos bateaux, on vit, en quelque sorte, confiné au quotidien », rappelle Julien Legrain, délégué régional Rhône-Saône chez Entreprises fluviales de France (E2F).

Julien Legrain explique que la rentabilité de l’activité des artisans-bateliers est fondée sur l’enchaînement des voyages sans perdre du temps au moment des chargements et déchargements dans les ports afin de respecter le délai de livraison prévu avec le chargeur. « Satisfaire le client est toujours notre priorité », dit-il.

Sur le bassin, la principale difficulté pour les artisans-bateliers se concentre au Grand port maritime de Marseille où ils perdent énormément de temps. Ils sont unanimes : « Le souci, c’est Fos et les dockers. On perd du temps pour les opérations commerciales. Par exemple, à Lavéra, on peut attendre 6 à 8 h. Et ce délai perdu, pour livrer nos clients au moment convenu, il faut le rattraper pendant la navigation et cela n’est pas toujours possible. Nous perdons des rotations et donc du chiffre d’affaires, la rentabilité de nos entreprises est fragilisée. C’est très dure cette situation à Marseille ».

Innover, une priorité

Un autre point fait l’unanimité : la nécessité d’une volonté politique forte pour améliorer la fluidité du passage portuaire et développer le report modal vers le fluvial. « Tant qu’il n’y aura pas une volonté politique pour que tout passe d’abord par le fluvial, cela ne fonctionnera pas. Il y a des incohérences entre le discours et la réalité. J’ai transporté des éléments d’éoliennes mais il aurait été possible d’aller au plus près du site d’installation par le fluvial et de réduire au minimum le trajet routier. Au-delà de la décision du client, les administrations devraient avoir des instructions pour ne pas accepter des trajets routiers quand il y a une solution fluviale pour ce genre de colis exceptionnels qui sont faits pour la voie d’eau », indique Bernard Theuret.

Pour Dario Malcuit : « Les flux sur Rhone-Saône sont limités alors qu’ils pourraient être multipliés par trois, sans congestion ni investissement. Il faut davantage d’orientations de l’État vers le fluvial pour augmenter le trafic. C’est déplorable cette absence de volonté de faire vivre le réseau fluvial, ce manque d’entretien alors qu’il y a des marchandises à transporter sur le gabarit Freycinet. Si celui-ci n’est plus viable, c’est tout le réseau français qui est (re)mis en cause, à terme ».

La transition énergétique fait partie des préoccupations. Pour Michel Sanvert : « Je réfléchis à un bateau à l’hydrogène, c’est l’avenir. Je ne crois pas en l’électricité avec des batteries qui ont besoin de terres rares entre autres. Il faut des pionniers pour faire évoluer la profession, pour développer le mode à long terme. Dans l’opinion, l’écologie et le développement durable, c’est acquis. Nous devons convaincre de la pertinence du fluvial avec des innovations dans les bateaux et communiquer autour de cela ».

Dario Malcuit et Bernard Theuret partagent des convictions : « On attend des moteurs plus écologiques dans les puissances dont on a besoin et qui respectent EMNR. On forme des jeunes. On croit en l’avenir ». Comme Julien Legrain, ils ont choisi d’adhérer à E2F : « Pour être fort et entendu, il faut être regroupé, pour partager les expériences, se faire mieux connaître ».

À la une

Dossier

Actualité

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15