Les ports belges ont entamé leur transition vers une économie plus circulaire et plus sobre en carbone. Gand offre des exemples concrets d’écologie industrielle pour une plus grande durabilité des activités.
Dans le combat pour rendre l’économie plus durable, les ports belges sont en première ligne. Plaques tournantes multimodales, ce qui leur permet de stimuler les transports produisant le moins d’émissions, ils constituent souvent des zones industrielles de tout premier plan. C’est le cas d’Anvers, avec son complexe pétro-chimique, l’un des plus grands au monde, et de Gand, avec ses nombreuses entreprises sidérurgiques.
La nécessité d’une transition économique et énergétique et d’une réduction de l’empreinte écologique ne fait plus débat. Les autorités portuaires et les acteurs économiques se donnent la main pour formuler une réponse à cette question esssentielle pour l’avenir. Mais le défi est de taille et ne peut être relevé en un jour. Du fait de la nature de leurs activités actuelles et des besoins énergétiques des entreprises qu’ils abritent, les ports restent des pôles de l’économie carbone et des sources importantes d’émissions. Le port d’Anvers représenterait à lui seul près de 30 % des émissions de CO2 en Flandre.
La pollution provoquée par les navires et bateaux réclame elle aussi des solutions adaptées, comme l’installation de bornes électriques à quai pour la navigation intérieure et maritime.
Energies éolienne et solaire
Du fait des incertitudes qui planent sur leur approvisionnement énergétique - les pouvoirs publics belges peinent à formuler une politique cohérente et convaincante en la matière - nombreuses sont les sociétés qui se sont dotées d’éoliennes pour en assurer au moins une partie par eux-mêmes. Ce mouvement a été enclenché il y a de nombreuses années. Les ports sont devenus en Flandre des zones où leur concentration est la plus forte. Gand en compte une centaine, qui totalisent 280 MW de capacité.
A Gand s’ajoute à cela une des plus grandes centrales photovoltaïques de Belgique avec Terranova : 55 000 panneaux solaires couvrant une vingtaine d’hectares et représentant une puissance maximale de 16,5 MW. Dans les ports, nombre de toitures accueillent de mini-centrales voltaïques sous la forme de panneaux solaires.
La centrale électrique de Rodenhuize a remplacé depuis plusieurs années le charbon par de la biomasse. ArcelorMittal s’est doté de sa propre centrale qui transforme les gaz de ses hauts-fourneaux en électricité. L’énergie hydrolienne n’a pas encore fait d’adeptes dans les ports flamands.
Parallèlement, les efforts pour valoriser les flux de matière résiduels en stimulant l’interaction entre les entreprises se multiplient, en vertu du principe que les « déchets » de l’un sont la matière première de l’autre. Encore faut-il disposer de l’infrastructure - en particulier de canalisations - ou mettre en place les chaînes logistiques qui rendent possibles ces échanges.
Gand en présente un exemple frappant : l’usine du papetier scandinave Stora Enso sur la rive gauche du canal maritime vers Terneuzen est reliée à l’usine d’assemblage de Volvo Car à la rive droite par une canalisation qui achemine une eau à 125° C de la première à la seconde pour y chauffer certaines installations. Elle repart ensuite en sens inverse pour être réutilisée. Cet échange se fait par des conduites d’une longueur totale de 4 km qui passent sous le canal maritime. Le système représente une capacité thermique équivalent à 25 MW, ce qui correspond à la consommation énergétique de 5 000 ménages. Volvo Car a pu mettre à l’arrêt trois de ces cinq chaudières au gaz et est parvenu à réduire ses émissions de CO2 de 15 000 t par an. Le système est opérationnel depuis 2016.
Un cluster pour du biocarburant
Réduire l’empreinte écologique de certaines activités peut aussi se faire en évitant les transports intermédiaires toujours sources d’émissions. Gand y est parvenu avec son « cluster » pour la production de biocarburant implanté sur le versant sud de la darse de Rodenhuizedok. Les graines oléagineuses y sont déchargées chez Euro-Silo et transformées chez Cargill, qui fournit la matière première dont ont besoin Bioro et Bio Alco Fuel pour produire respectivement du biodiesel et du bio-éthanol qui sont stockés dans les citernes d’Oiltanking pour distribution par camion, train, allège, navire ou pipeline, tout se faisant par bandes transporteuses ou par conduites. Bio Alco liquéfie par ailleurs son CO2 en vue d’une réutilisation.