Port de Sète-Sud de France, une activité en croissance

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L’année 2019 a été positive pour Port de Sète-Sud de France. Le fluvial y est toutefois « un peu en berne », en lien avec les travaux qui se font attendre sur le canal du Rhône à Sète.

L'activité du port de Sète est en progression constante avec des résultats plus que positifs en 2019. Port de Sète-Sud de France constitue le neuvième port de commerce français et le deuxième port décentralisé et en eaux profondes sur la Méditerranée. L'année 2019 s'inscrit comme la sixième année de records successifs : « Nous avons fait 21,6 millions d'euros, 50% de croissance de chiffre d'affaires en six ans », conforte Olivier Carmes, directeur général de Port de Sète-Sud de France. La répartition est de 80% sur le port de commerce, 10% sur la pêche et 10% sur la plaisance. La progression atteint +7% sur le port de commerce (1 million de tonnes de plus par rapport à 2018), +3% sur la pêche et +6% pour la plaisance en 2019. Pour l'année 2020, les chiffres risquent d'évoluer à la baisse compte tenu de la crise sanitaire sans précédent du Covid-19/coronavirus.

En 2007, la région Occitanie est devenue propriétaire du port et l'exploite via une régie déléguée à l’établissement public régional (EPR) Port de Sète-Sud de France. Celui-ci se veut « un port multimodal à dimension humaine mais équipé d'installations polyvalentes et modernes ». Les investissements de fin 2008 à 2019, soit 400 millions d'euros, sont à parts égales issus (50%) de fonds privés et de fonds publics. La Région et Port de Sète-Sud de France ont investi dans l'aménagement des quais et dans l'outil industriel dont, récemment, une grue Liebherr de 40 tonnes. Une deuxième grue est planifiée pour 2021.

Des activités diversifiées

Parmi les différentes activités qui permettent au port d'afficher ces bons résultats, il y a le développement de la ligne régulière EKOL (depuis Sète, un service de trains lancé en 2016 relie Noisy-le-Sec avec le concours de Viia), la reprise du trafic sur la Turquie de la compagnie de ferries DFDS sur la base de navires de plus grandes capacités « qui a décidé de concentrer toute son activité à Sète », précise Olivier Carmes. Le développement d'une troisième escale par semaine depuis octobre 2019 a permis de passer d'une capacité globale de 30 000 à 80 000 remorques. La poursuite du développement des connexions ferroviaires repose sur l'ouverture prévue d'une connexion de Sète vers Calais en complément de celle de Bettembourg.

Il y a aussi le démarrage d'un nouveau trafic de vrac à l'import depuis juin 2019 avec du clinker en provenance de Turquie. La livraison de l'une des usines de broyage de la start-up industrielle Cem'In'Eu à Tonneins se fait par le ferroviaire. Le nouvel opérateur, la société Cimsaro (Ciments de la Saône et du Rhône), qui va exploiter le broyeur, fait partie de la start-up industrielle Cem'In'Eu qui a choisi la plateforme portuaire multimodale de Chalon-sur-Saône. La société, créée à Saint-Nazaire, s'est lancée dans le projet de construire un maillage de broyeurs à ciment sur tout le territoire avec un modèle économique et industriel commun. Elle comptera à terme cinq sites d'implantation de cinq broyeurs pour obtenir le ciment qui sera ensuite conditionné en vrac ou en sac pour sa commercialisation. Aproport, et son site de Chalon, a été choisi pour son positionnement et sa multimodalité. « La particularité de notre projet est que nous arrivons pour la dernière étape de la production de ciment. Nous importons la matière première par voie ferroviaire et fluviale depuis le port de Sète », souligne le directeur général de Cem'In'Eu. Pour l'heure, l'opérateur Cimsaro va bientôt ouvrir une deuxième unité de production qui sera connectée à Portes-lès-Valence et à Sète.

De son côté, Olivier Carmes met en avant « l'offre multimodale qui est l’un de nos arguments commerciaux ». Une évolution qui va dans le sens du ferroviaire puisque, sur la totalité du tonnage traité, 10% a été acheminé par la voie ferroviaire (Sète compte 42 km de faisceaux ferroviaires) et 5% par le fluvial.

« Verdir » le port

Le fluvial est un peu en berne : « 2019 est une année un peu particulière avec 140 000 tonnes chargées contre en moyenne 250 000 tonnes et 230 escales. Nous sommes confrontés aujourd'hui à la sous-capacité du canal du Rhône à Sète. Ce qui crée des problèmes de rentabilité », indique Olivier Carmes. Car, dans le même temps, la part de l'importation de tourteaux augmente avec des navires à l'import de 22 000 tonnes. « La part du fluvial a du mal à suivre cette évolution », regrette le port de Sète. Beaucoup de bateliers s'en vont du canal, fragilisés car ils sont payés à la tonne et ne peuvent charger qu'à environ 1 000 à 1 100 tonnes alors que « Sète est le second débouché sur les ports intérieurs. Le trafic baisse tous les ans parce que le système n'est plus en place. On est en recherche d'économie d'échelle », reprend le directeur général. Par ailleurs, « quand ça ne passe plus au niveau économie d'échelle sur le fluvial, on perçoit zéro taxe ».

Le directeur général poursuit : « Nous travaillons à fond sur le fluvial qui nous permet de remonter jusqu'à Pagny. Il y a eu des investissements pour la mise à gabarit du canal. Nous attendons une étude que l'État a déléguée pour savoir comment finaliser ces travaux du canal du Rhône à Sète. Nous avons beaucoup investi sur la zone et nos outils pour le fluvial », avec, en particulier, le « Bi-Passe » qui permet de décharger directement dans les péniches une fois la chalandise pesée et d'alimenter à la fois les entrepôts et les bateaux ainsi qu'un poste pour les camions.

Depuis Sète, 50 000 tonnes par an d'alimentation animale sont convoyées en remontée, de la bauxite, de la pierre-ponce et désormais « seulement un peu d'engrais. Avec la coopérative Aréa, on a perdu 60 000 tonnes ». Toutefois, de la coke est remontée. Il y a aussi des colis lourds, des transformateurs. À Laudun-l'Ardoise, suite à la fermeture de FerroPem, une industrie gardoise et fabricant de silicium, ce sont des flux qui ont été perdus. En descente, ce sont des graines oléagineuses et des céréales qui sont chargées par les automoteurs.

« Nous avons validé le projet stratégique où l'une des priorités est le verdissement de notre port. La Région nous fait confiance et a validé notre gestion pour 2021-2030. » Port de Sète-Sud de France a obtenu des prix en matière d'innovation pour une pilotine en 2016 et le prix « Port du futur » pour un projet de barge à hydrogène en 2019. Aujourd'hui, Port de Sète-Sud de France se positionne sur le fluvial qui « consomme 3,7 fois moins de carburant et rejette quatre fois moins de CO2 que le transport routier. Il faut aussi investir, nous allons le faire avec un système plus productif ».

Le port attend avec intérêt le rapport de l'État pour la continuité des travaux du canal du Rhône à Sète. Le programme de mise au gabarit réalisé par VNF, financé par la Région Occitanie dans le cadre de deux contrats plan interrégionaux État-Région (CPIER) successifs, doit se poursuivre sur le prochain contrat prévu pour la période 2021 à 2025.

« Aujourd'hui, la question sur ce canal n'est pas de chercher à justifier les investissements mais de réfléchir à comment on va faire pour le réaliser », signifie Olivier Carmes tout en précisant que si un grand groupe belge comme Sea Invest s’est installé à Sète, « c'est parce qu'on était connecté au canal du Rhône à Sète. Ce qui donne plus de valeur au port avec cette connexion fluviale ».

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