Vulnérabilité de la navigation rhénane
L’augmentation du volume de marchandises transportées sur le Rhin est une réalité depuis des années et va continuer à croître à l’avenir, c’est l’une des informations à retenir.
« Au cours des dernières décennies, le trafic a été multiplié par un coefficient allant de 5 à 10. Dans le même temps, les bateaux sur le Rhin sont devenus deux fois plus grands et l'infrastructure a été adaptée à la taille croissante des bateaux. La capacité de stockage pour les chargeurs riverains et le secteur a pourtant considérablement diminué. L'hydrologie du Rhin étant presque constante, il en est résulté une augmentation sensible de la vulnérabilité de la navigation rhénane ».
Cette caractéristique de l’hydrologie rhénane conduit à la certitude que « les solutions pour renforcer la résilience du transport par navigation intérieure doivent reposer sur d'autres facteurs et, comme il n'existe pas de solution universelle, une combinaison de mesures est nécessaire ».
Parmi celles-ci, certaines concernent l'adaptation de la flotte de bateaux, de l’infrastructure, de la logistique et du stockage, d’autres portent sur la mise en œuvre d'outils numériques. Les mesures visent « à garantir que la navigation intérieure reste un mode de transport fiable et d'éviter que l’on s’en détourne de manière permanente au bénéfice d'autres modes de transport ».
Adapter les bateaux aux basses-eaux
L’une des mesures à mettre en œuvre concerne l’adaptation des bateaux aux basses-eaux.
A ce propos, « l'atelier a conclu que l’on dispose déjà actuellement de tous les moyens nécessaires ». Plusieurs options existant déjà : une conception optimisée de l'avant pour minimiser la formation de vagues susceptibles d'avoir une incidence sur les diverses conditions de chargement (en fonction du profil opérationnel), des hélice(s) optimisée(s) avec un diamètre plus petit pour réduire le tirant d'eau, une conception moderne des hélices et des tuyères, l’installation de deux ou plusieurs hélices, la prévention de l'aspiration d'air vers l'hélice par l'installation de tunnels, tunnels Flex ou tôles de recouvrement.
Contargo est l’un des opérateurs qui avance sur ces aspects.
Il faut toutefois nuancer cette solution : « Il ne faudrait pas se limiter à ces mesures d'adaptation des bateaux mais aller vers une diversification de la flotte, ce qui signifie qu'une partie spécifique de celle-ci serait optimisée pour être engagée en période de hautes ou de basses-eaux. Cela entraînerait cependant des coûts supplémentaires pour le transport par navigation intérieure, car certaines parties de la flotte seraient exploitées en dehors de leurs paramètres de conception. Ces coûts doivent être intégrés dans le prix du transport. Cela pose également la question de savoir si ces bateaux seraient effectivement exploités en dehors de leurs paramètres de construction ou s'ils resteraient à quai jusqu'à ce qu'il soit nécessaire de les utiliser ».
Besoin de financement et de planification
Parmi les autres mesures à prendre, il y a l’organisation d’un transfert vers d'autres modes en cas d’étiage « particulièrement pertinent pour garantir l'approvisionnement en matières premières/produits finaux critiques et compenser, quelque peu, le volume des pénuries de barges (pas tous les volumes). Pour favoriser la multimodalité en cas d'incidents de ce type, un passage rapide à d'autres modes dans les terminaux doit être possible, ce qui peut nécessiter la construction de nouveaux points de chargement et/ou la modification/optimisation des points de chargement existants ».
Les solutions numériques font aussi partie des mesures à prendre : « Elles permettent, en particulier, de fournir des informations en temps réel sur la profondeur disponible dans le chenal navigable, des prévisions de niveau d'eau à court et à long terme, des données sur l'intensité du trafic et d’indiquer l'heure d'arrivée estimée (ETA). Il incombe, en partie, au secteur de la navigation intérieure et, en partie, aux administrations compétentes des voies navigables de développer davantage ces solutions ».
Un consensus s’est dégagé à la fin des échanges : toutes les mesures listées nécessitent « que soient mises à disposition des ressources adéquates en matière de financement et de planification. En ce qui concerne la flotte, des investissements majeurs seraient nécessaires, tant pour la mise en service de nouveaux bateaux, mieux adaptés aux futures situations de basses-eaux, que pour l'adaptation de la flotte existante ».