« Pas de solution universelle » pour relever les défis posés par les basses-eaux

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Un atelier consacré aux basses-eaux et à leurs conséquences sur la navigation rhénane a eu lieu sous l’égide de la CCNR. Un résumé des échanges montre qu’il n’y a « pas de solution universelle » mais des mesures sont à prendre afin de garantir que la navigation intérieure reste fiable et d’éviter que l’on s’en détourne de manière permanente au bénéfice d’autres modes de transport. Un atelier consacré aux basses-eaux et à leurs conséquences sur la navigation rhénane a eu lieu sous l’égide de la Commission centrale pour la navigation du Rhin (CCNR) à la mi-juin 2020. Le compte-rendu des échanges est à disposition sur le site de l'organisation ainsi qu’un ensemble de documents dans la suite d’un atelier organisé à Bonn en novembre 2019 (voir magazine NPI de février 2020). C’est au lendemain du phénomène d’étiage extrême en 2018 que la tenue de cette réunion a été décidée par la CCNR en coordination avec la Commission internationale pour la protection du Rhin (CIPR) et la Commission internationale de l’hydrologie du bassin du Rhin (CHR). L'objectif de l'atelier était d'aider la navigation intérieure à surmonter les défis liés au phénomène des basses-eaux et de stimuler la discussion sur les stratégies d'adaptation. Il a d’abord été indiqué : « Pour le Rhin, une période d’étiage, avec un débit dynamique qui était le sien en 2018, n’était pas sans précédent et pourrait donc se reproduire à l’avenir ». Compte tenu de la faiblesse des débits d'étiage, et selon la classification des étiages par la CIPR, l'événement qui a touché le sud du Rhin supérieur peut être qualifié de « rare » (période de retour de 15 ans), et celui survenu sur le reste du Rhin, en aval de Worms, peut être qualifié de « très rare » (période de retour de 40 ans). En ce qui concerne la durée des étiages, l'événement qui s’est produit sur le Rhin supérieur et moyen peut être qualifié « d’extrêmement rare », avec une période de retour de 50 ans tout comme celui survenu sur le Rhin en aval de la confluence avec la Moselle mais avec une période de retour de 100 ans.

Vulnérabilité de la navigation rhénane

L’augmentation du volume de marchandises transportées sur le Rhin est une réalité depuis des années et va continuer à croître à l’avenir, c’est l’une des informations à retenir.

« Au cours des dernières décennies, le trafic a été multiplié par un coefficient allant de 5 à 10. Dans le même temps, les bateaux sur le Rhin sont devenus deux fois plus grands et l'infrastructure a été adaptée à la taille croissante des bateaux. La capacité de stockage pour les chargeurs riverains et le secteur a pourtant considérablement diminué. L'hydrologie du Rhin étant presque constante, il en est résulté une augmentation sensible de la vulnérabilité de la navigation rhénane ».

Cette caractéristique de l’hydrologie rhénane conduit à la certitude que « les solutions pour renforcer la résilience du transport par navigation intérieure doivent reposer sur d'autres facteurs et, comme il n'existe pas de solution universelle, une combinaison de mesures est nécessaire ».

Parmi celles-ci, certaines concernent l'adaptation de la flotte de bateaux, de l’infrastructure, de la logistique et du stockage, d’autres portent sur la mise en œuvre d'outils numériques. Les mesures visent « à garantir que la navigation intérieure reste un mode de transport fiable et d'éviter que l’on s’en détourne de manière permanente au bénéfice d'autres modes de transport ».  

Adapter les bateaux aux basses-eaux

L’une des mesures à mettre en œuvre concerne l’adaptation des bateaux aux basses-eaux.

A ce propos, « l'atelier a conclu que l’on dispose déjà actuellement de tous les moyens nécessaires ». Plusieurs options existant déjà : une conception optimisée de l'avant pour minimiser la formation de vagues susceptibles d'avoir une incidence sur les diverses conditions de chargement (en fonction du profil opérationnel), des hélice(s) optimisée(s) avec un diamètre plus petit pour réduire le tirant d'eau, une conception moderne des hélices et des tuyères, l’installation de deux ou plusieurs hélices, la prévention de l'aspiration d'air vers l'hélice par l'installation de tunnels, tunnels Flex ou tôles de recouvrement.

Contargo est l’un des opérateurs qui avance sur ces aspects.

Il faut toutefois nuancer cette solution : « Il ne faudrait pas se limiter à ces mesures d'adaptation des bateaux mais aller vers une diversification de la flotte, ce qui signifie qu'une partie spécifique de celle-ci serait optimisée pour être engagée en période de hautes ou de basses-eaux. Cela entraînerait cependant des coûts supplémentaires pour le transport par navigation intérieure, car certaines parties de la flotte seraient exploitées en dehors de leurs paramètres de conception. Ces coûts doivent être intégrés dans le prix du transport. Cela pose également la question de savoir si ces bateaux seraient effectivement exploités en dehors de leurs paramètres de construction ou s'ils resteraient à quai jusqu'à ce qu'il soit nécessaire de les utiliser ».

Besoin de financement et de planification

Parmi les autres mesures à prendre, il y a l’organisation d’un transfert vers d'autres modes en cas d’étiage « particulièrement pertinent pour garantir l'approvisionnement en matières premières/produits finaux critiques et compenser, quelque peu, le volume des pénuries de barges (pas tous les volumes). Pour favoriser la multimodalité en cas d'incidents de ce type, un passage rapide à d'autres modes dans les terminaux doit être possible, ce qui peut nécessiter la construction de nouveaux points de chargement et/ou la modification/optimisation des points de chargement existants ».

Les solutions numériques font aussi partie des mesures à prendre : « Elles permettent, en particulier, de fournir des informations en temps réel sur la profondeur disponible dans le chenal navigable, des prévisions de niveau d'eau à court et à long terme, des données sur l'intensité du trafic et d’indiquer l'heure d'arrivée estimée (ETA). Il incombe, en partie, au secteur de la navigation intérieure et, en partie, aux administrations compétentes des voies navigables de développer davantage ces solutions ».

Un consensus s’est dégagé à la fin des échanges : toutes les mesures listées nécessitent « que soient mises à disposition des ressources adéquates en matière de financement et de planification. En ce qui concerne la flotte, des investissements majeurs seraient nécessaires, tant pour la mise en service de nouveaux bateaux, mieux adaptés aux futures situations de basses-eaux, que pour l'adaptation de la flotte existante ».

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