« Nous avons assisté à une profonde transformation des flux présents sur nos trains d’autoroutes ferroviaires suite à la crise sanitaire du Covid-19, explique Thierry Le Guilloux, président de Viia. Les produits destinés à la grande distribution et ceux des industries comme l’automobile ont très fortement diminué. À l’inverse, les produits alimentaires frigorifiques et pharmaceutiques sous température dirigée ont augmenté. Il en a été de même pour le vrac citerne pour des produits des industries chimiques. Il faut encore noter qu’il y a une stabilité pour les citernes alimentaires, qui représentent 10 à 15% de l’activité, essentiellement du vin de l’Espagne vers l’Europe du Nord. » Ces évolutions sont étroitement liées aux fermetures de nombreux magasins, à l’arrêt de certaines industries et à la poursuite d’activité pour d’autres depuis mars 2020.
« La principale conséquence a été pour nous un déséquilibre des flux : les volumes de produits alimentaires frigorifiques au départ du sud de l’Europe à destination du nord du continent n’ont pas été compensés par des flux retours plus industriels en sens inverse. Nous avons pris des mesures tarifaires pour aider les transporteurs frigo pour ces retours à vide et pour maintenir l’activité dans l’intérêt général du pays et des populations », poursuit Thierry Le Guilloux. Cela a permis la poursuite des approvisionnements des pharmacies et des grandes surfaces en France, en Angleterre, dans le Benelux et en Allemagne.
Mobilisation des équipes et respect des mesures sanitaires
L’activité de Viia a été maintenue à hauteur de 80% de son niveau en temps normal, ce qui correspond à la totalité de la demande. « C’est plutôt bon, on n'avait pas vraiment espéré cela au début de la vague de la crise », reconnaît le président de Viia, ajoutant : « Cela a été possible grâce à la mobilisation des équipes sur tous les terminaux. » Toutes les mesures sanitaires ont été mises en place pour protéger le personnel au travail sur les sites, pour réduire les contacts ; des horaires ont aussi été modifiés. « Toutes les équipes se sont mobilisées, se sont adaptées aux mesures barrière, à la distanciation sociale, dont tout le monde a compris l’importance. Et cela perdure encore actuellement. Nous avons un très fort taux de présentéisme. » Viia a recours « un peu » au chômage partiel et a demandé à ses salariés de prendre des congés payés et des jours de RTT.
Une mobilisation similaire se retrouve chez les fournisseurs notamment à Calais et à Mâcon. Il en va de même pour la traction à Fret SNCF. Du côté de SNCF Réseau, un important travail est conduit pour tenir les différents postes et le gestionnaire s’est fortement mobilisé pour le fret. Il n’y a pas eu de difficulté pour accéder au réseau ni aux ports. « Nous avons acquis de l’expérience au cours de cette crise sanitaire. Nous savons désormais gérer les sites et les équipes dans un tel contexte sanitaire. Le personnel a aussi appris. »
Si l’avenir est assez flou avec une reprise qui doit avoir lieu non seulement en France mais aussi en Italie, en Espagne, en fait dans l’ensemble de l’Union européenne, Thierry Le Guilloux se dit « plutôt optimiste même si la reprise ne sera pas forcément rapide avec des rythmes et des niveaux différents selon les filières économiques. Pour Viia, le point clé, c’est la manière dont les flux vont se rééquilibrer. Si chaque secteur a un rythme de reprise différent, le déséquilibre des flux pourrait être important ».
Seul l’avenir dira si l’importance du rôle joué pendant cette crise sanitaire par le transport combiné et les autoroutes ferroviaires, en lien avec la chaîne globale des transports et de la logistique, va entraîner une (re)découverte des atouts et de la pertinence de cette solution de transport.
Légende photo
Un train « Calais-Le Boulou » lors de son passage à Calais, avec, au second plan, le beffroi de la mairie de cette ville (photo prise le 1er avril 2020 par Viia).