En novembre 2019, le Grand port maritime de Nantes-Saint-Nazaire organisait son premier hackathon, évènement qui visait à apporter des solutions numériques concrètes autour de trois enjeux : accélérer les innovations numériques, optimiser les flux et les infrastructures, améliorer l’interface avec la ville et les citoyens. La centaine de participants était invitée à plancher sur quatre défis : « optimisation de l’attente des navires sur rade », « connecter le port, la ville et les citoyens », « utiliser les données de vent et de hauteur d’eau en temps réel », et « informer en temps réel sur les travaux de voirie ». Plus de six mois plus tard, quels éléments ont connu une mise en œuvre et une application concrète ?
« Nous essayons de transformer les idées issues du hackathon en réalité. La démarche n’est pas des plus classiques, car elle bouscule la gouvernance habituelle de l’établissement. Mais des idées originales ont émergé de ce hackathon, apportées par des entreprises qui mettent en avant avec professionnalisme la thématique du Smart Port », déclare Émilie Neveu, responsable des systèmes d’information au Grand port maritime de Nantes-Saint-Nazaire.
Parmi les quatre thématiques, certaines sont plus avancées que d’autres. L’attente des navires sur rade, en particulier, fait l’objet d’un travail du port avec une société ayant participé au hackathon. Une analyse est en cours pour calculer plus précisément l’heure d’arrivée estimée des navires grâce à un ensemble de données : vitesse du navire, courants marins, trajets précédents, etc. « L’idée n’est pas de remplacer la déclaration d’ETA du navire, mais de la corroborer par d’autres éléments. Ce calculateur d’ETA est un outil qui n’existe pas sur étagère, et qui a le potentiel pour servir à de nombreux acteurs de la place portuaire. Cela permet de réduire l’attente sur rade et de parvenir au Graal : le juste à temps », souligne Émilie Neveu. Le développement du modèle commence. Il devrait être validé en septembre 2020, avant une phase exploratoire pour le confronter au réel. Des échanges entre le port et des agents maritimes ont déjà eu lieu pour voir comment il peut aider à améliorer les escales.
Informer les riverains
Le projet stratégique 2021-2026 du port n’est pas encore adopté, mais il devrait faire la part belle à la croissance du roulier et du conteneur, et les outils numériques aideront à ce développement. « Sur le terminal roulier en particulier, nous avons besoin d’améliorer la traçabilité et la gestion des flux, pour avoir une meilleure connaissance de ce qui entre et sort. Aujourd’hui, ces informations sont dispersées chez différents opérateurs », constate Émilie Neveu.
Destiné non aux entreprises portuaires, mais aux riverains du port, le projet d’information en temps réel sur la circulation routière a aussi fait l’objet d’une mise en œuvre rapide depuis le hackathon. L’ouverture et la fermeture des ponts et des écluses de Saint-Nazaire, depuis fin juin 2020, est connue en temps réel des utilisateurs de l’application « à bon port », développée avec la société Citykomi, qui avait participé au hackathon. Les déplacements des colis exceptionnels qui peuvent perturber la circulation seront aussi renseignés. De Saint-Nazaire, l’appli sera ensuite étendue à d’autres zones comme Montoir-de-Bretagne et Cheviré.
Il reste du travail au port et à ses partenaires pour tirer tout le profit possible de ce hackathon. Un évènement utile, qui pourrait devenir récurrent, mais pas sur une base annuelle car la mise en pratique des idées émises nécessite un certain temps.