A l’occasion d’une conférence ministérielle sur le rôle de la navigation intérieure dans la réalisation du Pacte vert (Green Deal), la commissaire européenne aux transports, Adina Vălean, a promis un soutien accru au mode tout en indiquant que le défi est moins de relancer que de « mieux reconstruire » le secteur après la crise du Covid-19 en favorisant son verdissement et l’introduction des technologies nouvelles.
La présidence allemande de l’Union européenne a organisé le 20 novembre 2020 une conférence ministérielle sous forme digitale sur le rôle de la navigation intérieure dans la réalisation du Pacte vert (Green Deal) lancé par la Commission en décembre 2019. L’objectif des échanges était de voir quelle approche « ciblée » peut contribuer au verdissement et à l’innovation dans le secteur fluvial.
Le ministre allemand des transports Andreas Scheuer a souligné le caractère durable et l’efficacité énergétique de la navigation intérieure et sa contribution à un transport plus écologique et climatiquement plus neutre. Dans le même temps, il n’a pas caché que le Pacte vert, s’il apporte de nouvelles chances pour le transport fluvial, représente pour ce mode un défi majeur. Selon lui, l’Union européenne et les Etats membres devront aider le fluvial à relever ce défi.
Des chiffres d’affaires en recul
La commissaire européenne aux transports, Adina Vălean, a pris la mesure des conséquences de la crise du Covid-19 sur le transport fluvial. « La perte en chiffre d’affaires se situe entre 2,2 et 4,4 milliards d’euros, suite à la chute de 90 % dans le transport de personnes et de 25 à 30 % dans le trafic de marchandises durant la première partie de l’année ». Elle a assuré : « Nous allons renforcer notre soutien au secteur », en renvoyant au plan de relance « NextGenerationEU » et à sa « facilité pour la reprise et la résilience ».
Toutefois, pour elle, « le défi n’est pas uniquement de relancer le secteur, mais aussi de le porter vers un plus haut niveau de durabilité et de numérisation. Nous devons mieux reconstruire et faire ainsi en sorte que la navigation intérieure devienne plus résistante aux chocs futurs ».
Elle a dit vouloir miser sur un accroissement de la capacité du transport fluvial, une plus grande coordination transfrontalière, l’élimination des barrières par une plus grande harmonisation numérique et environnementale entre bassins. « La stratégie pour une mobilité durable et intelligente, que je présenterai dans quelques semaines, expliquera comment nous comptons y parvenir ».
Naiades 2021-2027
Durabilité et numérisation seront les pierres angulaires du nouveau programme Naiades pour la période 2021-2027, qui s’appuiera sur les recommandations du groupe d’experts de décembre 2019, a ajouté Adina Vălean.
Toutefois, une infrastructure (tant physique que numérique) prête pour l’avenir est une condition essentielle à remplir pour augmenter la part modale de la navigation intérieure (6 % à l’échelle européenne) et lutter contre les conséquences écologiques, climatiques et sociétales des transports.
De même, la flotte fluviale doit se renouveler pour évoluer vers des unités zéro émission, ce qui nécessite la mise en place d’un cadre financier et réglementaire pour soutenir les investissements dans du tonnage plus « vert » et éviter que le déploiement des nouvelles technologies ne soit freiné par une législation inadaptée.
Enfin, pour la commissaire, aux côtés du fluvial, les ports intérieurs ont un rôle à jouer : « Je crois qu’ils peuvent devenir des hubs pour les carburants alternatifs. Ils peuvent s’engager dans le verdissement de la logistique urbaine ».