Co-investir avec les territoires
Les données disponibles à fin septembre 2019, extraites d’un système qui compte les bateaux au passage des écluses, montrent « une très forte progression de la croisière, paquebots fluviaux et péniches-hôtel, de +16 % par rapport à la même période de 2018. A l’inverse, il y a une diminution de la plaisance privée et de la location de bateau habitable sans permis », indique Nicolas Delaporte. Largement concentrées sur le canal du Midi, ces activités ont subi, en 2019, les conséquences des inondations en fin de saison 2018 mais aussi du Brexit qui ont freiné la venue des Britanniques. Ceux-ci représentent environ 10 % des plaisanciers.
Cette tendance positive du tourisme fluvial sur les 9 premiers mois de 2019 fait suite à une bonne année 2018 qui a enregistré une augmentation de +2 % du nombre total de passagers (11,3 millions) par rapport à 2017 qui avait elle-même battu des records après un trou d’air consécutif aux attentats de 2015.
Favoriser le développement du tourisme fluvial nécessite de toujours mieux connaître chacune des filières qui le composent. VNF a donc entamé une mise à jour des études prospectives réalisées par filière : location de bateaux habitables, paquebots fluviaux, péniches-hôtel, plaisance privée, bateaux-promenade. Les premiers résultats des nouvelles études prospectives par filière vont être présentés lors de la cinquième édition des Rencontres nationales du tourisme fluvial (RNTF) les 5 et 6 février 2020 à Auxerre.
« Avec les études prospectives, nous cherchons à mieux connaître les clientèles de chacune des filières. Nous avons réalisé des entretiens avec plus d’une centaine d’acteurs en France et à l’étranger pour connaître leur analyse de la situation actuelle et la meilleure stratégie à mettre en place, selon eux. Les études ont pour vocation de mieux apprécier les retombées économiques du tourisme fluvial dans les territoires pour les convaincre de co-investir avec l’établissement pour établir une offre compétitive. Elles vont permettre d’actualiser notre stratégie, si nécessaire. Au deuxième semestre 2020, nous conduirons une réflexion avec tous les acteurs concernés », précise Nicolas Delaporte.
Mieux communiquer
Pour ce responsable, les enjeux sont différents selon chacune des filières du tourisme fluvial. Pour la croisière, la tendance apparaît porteuse mais l’avenir et les priorités sont différents pour les paquebots fluviaux par rapport aux péniches-hôtel. « Les paquebots fluviaux sont contaminés par la mauvaise image des navires de croisière maritime alors qu’ils s’intègrent bien mieux dans le paysage urbain et n’accueillent qu’environ 150 passagers. Il faut trouver une trajectoire pour une meilleure acceptation de ces bateaux, notamment auprès des élus. Pour cette activité en France, il y a une nette marge de progression possible en favorisant une croissance durable », assure Nicolas Delaporte. Pour les péniches-hôtel aussi, la capacité de développement est forte et répond à une demande de fond des touristes (slow tourisme). « On doit arriver à donner davantage de moyens d’expression sur davantage de bassin aux péniches-hôtel. Une réflexion en ce sens a déjà été initiée en 2019 pour parvenir à une offre plus diversifiée dans les territoires ».
Le responsable estime qu’il faut sans doute mieux faire connaître l’activité de location de bateau habitable en communiquant davantage sur l’aspect sans permis. Pour lui, les loueurs ont déjà des pratiques de « Yield Management », système de gestion tarifaire des capacités disponibles comme des chambres en hôtellerie ou des sièges dans les transports aérien et ferroviaire, qui a pour objectif l'optimisation du remplissage et du chiffre d'affaires, mais peut-être faut-il aller plus loin. L’objectif est d’améliorer la communication sur les offres de location, proposer une plus grande variété d’offres en jouant, par exemple, sur la durée, sur les saisons, etc.
Concernant la plaisance privée, dont les chiffres montrent une tendance à la baisse, pour Nicolas Delaporte, « il y a sans doute un renouvellement générationnel à engager. Ce sont des passionnés, des propriétaires de leur bateau plutôt ancien, eux-mêmes âgés. On doit y travailler avec les acteurs ».
De leur côté, les bateaux-promenade se divisent « en deux mondes » : les opérateurs dans les grandes cités comme Paris, Strasbourg ou Lyon et ceux qui développent l’activité dans des villes moyennes en proposant des offres très diverses. « L’un des objectifs est là aussi de trouver le bon modèle économique et la bonne promotion de cette filière pour faire en sorte que les bateaux-promenade deviennent un incontournable de toute ville « mouillée » dans les territoires ».
Pour le responsable du développement du tourisme chez VNF, qui vient de l’aérien et découvre le monde du fluvial depuis plusieurs mois, l’un des atouts de cette filière est la passion des acteurs du tourisme fluvial : « C’est une chance pour l’avenir, pour le développement de toutes les activités ».