Marseille-Fos lance une vaste opération de reconquête commerciale

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Lourdement affecté par un conflit social national depuis le 5 décembre 2019 avec un quart de milliard d’euros de pertes pour les entreprises du secteur, le port de Marseille-Fos a présenté le 21 février 2020, avec l’Union maritime et fluviale et la région Sud, deux mesures d’urgence. Une aide régionale de 3 M€ pour les entreprises en situation financière précaire et 5 M€ de mesures commerciales afin de relancer la dynamique.

Si la grève n’est pas tout à fait terminée -l’opération nationale « ports morts » orchestrée par la FNPD-CGT s’étiole avec une heure de grève par shift durant trois jeudis (les 19, 27 février et 7 mars 2020) et l’arrêt de travail durant un shift entier au remorquage- la place portuaire phocéenne a décidé de lancer un vaste plan de reconquête des marchandises évadées au Nord de l’Europe et en Méditerranée.

Un « pacte d’engagement » a été présenté le 21 février 2020 au conseil régional Sud. Il est destiné à reconquérir les clients armateurs et chargeurs ayant fui les ports français depuis début décembre 2020.

Signé par les professionnels (agents maritimes, transitaires, lamaneurs, pilotes, remorqueurs), l’Union maritime et fluviale de Marseille-Fos et le port de Marseille-Fos, ce pacte présente une place portuaire unie autour d’un seul but : convaincre les clients échaudés en consentant des efforts commerciaux pour un montant global de 5 M€. Ce montant se répartit entre deux mesures : 2 M€ de remise commerciale pour frais de stationnement du 5 décembre 2019 au 25 janvier 2020 sous forme d’avoirs accordés par les manutentionnaires aux armateurs et transitaires et 3 M€ destinés à offrir une réduction de 30 % sur le coût du passage portuaire durant trois mois aux armateurs qui sont, en ce moment même, en train de renégocier les lignes.

Un signal collectif adressé aux clients

« C’est un signal adressé aux clients par un collectif. Ce pacte d’engagement unique comprend des mesures tarifaires et, en aucun cas, des aides. L’allègement sera de 30 %, voire même une ristourne de 50 %, si elle renforce ou crée de nouveaux services. Ces frais englobent le remorquage, le lamanage, le pilotage et les droits de port navire », explique Hervé Martel

Les navires porte-conteneurs de 19 000 EVP de Maersk et MSC se sont éloignés de Fos au bénéfice de Valence, Gioia Tauro, Barcelone, faute de pouvoir accoster en raison, notamment, des grèves à répétition des marins de Boluda. En revanche, il ne devrait pas y avoir de modification sur les lignes de « The Alliance » à compter de début avril.

Si les entreprises portuaires se trouvent fragilisées par plus de deux mois de conflit, elles consentent néanmoins à faire des efforts. « Sans trafic, pas de revenus et pas d’emplois », lâche Jakob Sidénius, patron de la société de manutention Seayard qui a perdu plusieurs millions d’euros dans la bataille. De très nombreuses entreprises ont laissé des plumes : importateurs, exportateurs, transitaires, agents, services aux navires, industriels. Les pertes immédiates seraient évaluées à 250 M€, peut-être même plus. Certains avancent 500 M€.

Difficile en réalité de mesurer les conséquences de ces pertes immédiates et futures. « C’est dix ans d’effort collectif qui sont en péril, nous ne pouvions pas voir ces années de reconquête partir en fumée avec ce conflit historique. La région a décidé d’allouer 3 M€ d’aides aux entreprises en difficulté. Ce plan n’a pas été simple à mettre en place car il fallait qu’il soit conforme aux droits français et européen. 13 dossiers ont déjà été instruits en un temps record pour un montant de 2 M€ qui pourront être votés dès la commission permanente du 6 mars 2020 », a souligné le président de la région Sud Renaud Muselier. Il n’a pas manqué de tacler au passage la métropole. « En pleine campagne des municipales à Marseille, pas une voix ne s’est élevée contre les effets du conflit », a-t-il ajouté, rappelant le soutien de l’Union pour les entreprises et des chambre de commerce métropolitaine et régionale (voir aussi notre article).

Jean-Marc Forneri, président du conseil de surveillance du GPMM après avoir retracé tous les efforts consentis ces six dernières années en faveur de la restauration de la compétitivité de Marseille-Fos, est revenu sur les événements de ces dernières semaines : « Quand les choses vont bien il y a toujours des oiseaux de malheur et nous avons vu surgir brusquement ceux qui considèrent que le travail est un gros mot, que le profit est abject, que créer de la valeur et des emplois n’a pas de sens et ceux-là ont essayé de mettre à mort le port. Ils n’ont pas réussi. Ils ont créé des dommages considérables. L’image que nous avions restaurée avec beaucoup de difficultés pendant les cinq années écoulées est gravement atteinte auprès de nos clients, des pouvoirs publics, des armateurs, dont certains ont détourné leurs trafics. Cette crise terrible a été l’occasion de réunir à nouveau la place portuaire, la famille pour réfléchir à ce que nous pouvons offrir à nos clients ».

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