« L’UE a besoin de transports multimodaux, c’est la modernité, c’est l’avenir »

Article réservé aux abonnés

La commissaire désignée pour le portefeuille des transports, la candidate roumaine Adina-Ioana Vălean, a été auditionnée par la commission des transports et du tourisme du Parlement européen le 14 novembre 2019. Compte-rendu de ses prises de parole sur les ports, le fret ferroviaire et le transport maritime lors des 3 heures d’audition et en réponse à 25 questions des députés européens.

La commissaire désignée pour le portefeuille des transports, la candidate roumaine Adina-Ioana Vălean, a été auditionnée par la commission des transports et du tourisme du Parlement européen le 14 novembre 2019. Cette audition a duré 3 heures, a commencé par un discours d’ouverture de la commissaire désignée puis 25 questions lui ont été posées par les députés européens, ce qui l’a amené à parler des ports, du fret ferroviaire, du transport maritime, de quelques aspects sociaux comme les manques d’attractivité des métiers et de diversité liée notamment à la faiblesse du nombre de femmes travaillant dans le secteur.

Ne plus opposer les transports et le changement climatique

Dans son discours d’ouverture, Adina-Ioana Vălean a indiqué que le « Green Deal » ou, en français, « pacte vert européen », annoncé par la présidente de la Commission européenne, « concernait aussi le secteur des transports » et que « le verdissement de la mobilité devait servir les intérêts des citoyens ». Ces derniers doivent avoir accès à une mobilité durable, propre, sûre, inclusive, c’est-à-dire accessible à tous. L’une des priorités restent les objectifs européens déjà fixés de réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2030 et de neutralité carbone en 2050 pour l’atteinte desquels « des efforts supplémentaires sont nécessaires ». Parmi les actions qu’elle a listé : favoriser les bons choix des consommateurs et des entreprises vers des véhicules propres et des carburants alternatifs, citant également l’intégration du secteur maritime dans le système communautaire d'échange de quotas d'émission, la réduction des émissions dans l’aérien, l’adaptation des infrastructures, le développement de points de ravitaillement et de stockage « propres ». 

Pour Adina-Ioana Vălean, il est temps de « ne plus opposer les transports et les changements en lien avec les objectifs climatiques. Il faut faire évoluer les carburants utilisés par l’aérien et le maritime pour atteindre la décarbonisation des transports. Il faut trouver un équilibre entre les ambitions climatiques et la durabilité pour des transports inclusifs et équitables ».

Pour elle, la numérisation et l’automatisation constituent un autre axe de travail car « elles impliquent d’énormes changements pour le secteur », y compris sur les aspects sociaux. Il s’agit « d’éviter un coût humain » en lien avec ces évolutions, d'où la nécessité de « se concentrer davantage sur la formation, permettre aux personnels d’acquérir de nouvelles compétences en lien avec les nouveaux besoins » tout en attirant davantage les jeunes et en soutenant les actions en faveur de l’emploi des femmes et la lutte contre les violences qui leurs sont faites.

En matière d’investissements dans les infrastructures, elle a déclaré qu’elle défendrait le budget du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE) dans le prochain cadre financier pluriannuel. Pour elle, « l’achèvement du RTE-T est fondamental » tout comme la poursuite de la réalisation des chainons manquants, mentionnant la révision des lignes directrices du RTE-T à partir de 2021. « Toute infrastructure de transport est vitale pour l’Union européenne qui doit être un point central pour toutes les régions voisines et le commerce mondial ».

Des bateaux et navires « verts et compatibles climat »

Interrogée à plusieurs reprises sur la situation du rail, Adina-Ioana Vălean a répété que « le ferroviaire est le mode le plus propre », qu’il fallait « investir dans la multimodalité pour que le fret passe majoritairement par le ferroviaire. Le fret ferroviaire est essentiel, il faut mettre les marchandises sur les trains ».

Elle envisage de parvenir à mieux faire contribuer l’UE aux projets autour des réseaux ferroviaires d’œuvrer à un « espace unique ferroviaire ». Elle a cité la nécessité d’intégrer le rail aux chaines logistiques en favorisant les échanges de données, les couloirs de fret ferroviaire tout en indiquant des améliorations à apporter en termes de fiabilité, de signalisation, d’interopérabilité sans oublier les terminaux qui manquent de performance et les infrastructures. Pour elle, « les trains de nuit, pourquoi pas, mais ils doivent être concurrentiels ».

Pour Adina-Ioana Vălean, « les ports doivent jouer un rôle important et essentiel à l’avenir dans l’évolution durable de la société. Ce sont des centres d’activité économique mais dont l’empreinte environnementale est également très importante. Il faut s’y atteler. C’est une opportunité à saisir aussi du point de vue de l’avenir de la multimodalité. Il faut rendre les ports plus durables tout en maintenant leur rentabilité et en favorisant une meilleurs intégration avec les autres modes de transport ». Elle a estimé que l’UE « a besoin de transports multimodaux, c’est la modernité, c’est l’avenir et cela bénéficiera aux entreprises ».

Interrogée sur les différences de modèles de gestion entre les ports du Nord –fondé sur le privé- et du Sud –fondé sur le public- de l’Europe, la commissaire désignée a indiqué qu’il fallait « éviter tout antagonisme, favoriser la coopération ».

Concernant le transport maritime, « très important pour l’Union européenne », il s’agit pour Adina-Ioana Vălean de « le rendre plus vert, plus durable, plus compétitif » tout en le protégeant : « les pays tiers doivent respecter nos conditions. Nous avons des accords internationaux, de bonnes pratiques ».

Pour elle, le transport maritime « doit contribuer aux efforts généraux de réduction des émissions afin de parvenir à l’objectif européen de neutralité carbone en 2050 et pour atténuer les effets du changement climatique au niveau mondial ».

Elle a ajouté : « Certes, le maritime est un secteur mondial. Il y a eu des efforts pour promouvoir notre vision à l’OMI qui prévoit des réductions des émissions à l’horizon 2050 avec une révision en 2023. Nous devons poursuivre notre travail à l’OMI pour des mesures claires. Mais l’OMI n’avance pas suffisamment rapidement et nous devons convaincre cette organisation d’aller plus vite. Oui, nous allons avoir des ambitions plus grandes au niveau européen qu’à l’OMI pour le transport maritime. Et c’est faire preuve de leadership ». Selon elle, cela passe notamment par l’intégration prévue du maritime dans le système communautaire d'échange de quotas d'émission, en estimant que « le cours du carbone doit être élevé pour que cela fonctionne ».

Pour Adina-Ioana Vălean, tourisme et transports sont des activités très importantes d’un point de vue économique pour l’UE et intimement liées entre elles. « Ce sont des éléments de succès d’un point de vue économique, toutefois leur bilan environnemental est beaucoup moins bon. Il faut aller vers un développement durable de ces deux activités ». Elle entend donc travailler sur la pollution liée aux navires dans les ports mais aussi plus globalement sur celle en mer ainsi que sur les déchets. Elle a cité parmi les solutions à privilégier les carburants alternatifs, comme le GNL, l’hydrogène et les branchements à quai des bateaux et navires qui doivent devenir « verts et compatibles climat ».

Adina-Ioana Vălean compte être la commissaire qui parviendra à finaliser le « ciel unique européen », ajoutant : « La taxe kérosène constitue une possibilité parmi d’autres pour décarboner ce mode ». L’adoption du « paquet mobilité » route sera l’une de ses premières priorités.

Il appartient désormais à la commission des transports et du tourisme de fournir un avis à la conférence des présidents qui doit décider le 21 novembre si le Parlement européen a reçu suffisamment d'informations pour déclarer la procédure d'auditions close. Si tel est le cas, une séance plénière se prononcera sur l'approbation ou non de la Commission européenne dans son ensemble le 27 novembre, à Strasbourg.

À la une

Actualité

Acteurs

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15