Une fois dépoté, un conteneur doit être retourné à l’armement maritime qui en est propriétaire, soit dans un port maritime, soit dans une plate-forme intérieure autorisée par l’armateur en tant que dépôt. Cela occasionne beaucoup de transports à vide, surtout pour les modes terrestres massifiés qui, avec un nombre plus réduit de destinations accessibles, n’offrent pas la même souplesse que la route. Pourtant, des solutions existent pour permettre aux transporteurs de réutiliser les conteneurs vides. Pour cela, il faut d’abord les localiser. C’est ce que propose, par exemple, l’application Re Use, de la société anversoise Avantida. Utilisable à l’origine uniquement en Belgique et aux Pays-Bas, elle s’étend désormais à un nombre croissant de pays européens. Les clients français de CMA-CGM peuvent, par exemple, l’utiliser depuis l’été 2018 pour localiser les conteneurs vides pouvant être réutilisés pour un nouveau transport.
Depuis 2015, la société française Box on Way propose un service équivalent, mais permettant, en outre, de localiser les conteneurs vides avant même qu’ils ne soient dépotés, avec des avantages pour le premier utilisateur, qui n’a pas à le rapporter à un dépôt de vides, comme pour le second, qui peut disposer du conteneur nécessaire à ses expéditions à proximité de l’endroit où il en a besoin. Cyril Rota, le fondateur de Box on Way, a déjà une expérience certaine dans le domaine du conteneur puisque la société familiale de transport routier qu’il dirige, STTI, propose une activité de transit et de transport routier de conteneurs. Basée à Troyes, STTI est aussi active dans le transport combiné et avait participé, avec le céréalier Soufflet et la coopérative fluviale SCAT, à la création de la Société nogentaise de transport combiné (SNTC), opérateur fluvial pour les conteneurs entre Le Havre et Nogent-sur-Seine.
Confidentialité garantie
« Nous nous sommes aperçus qu’il était compliqué de vendre à nos clients du round trip en fluvial, pour des raisons de coût, explique Cyril Rota. Dans un monde parfait, le même conteneur, transporté par le même camion, serait vidé puis rempli le même jour chez deux chargeurs voisins. Box on Way est une solution qui nous permet de vendre du one way, et de développer ainsi les transports massifiés à destination des ports français. Pour que cela fonctionne, tout repose sur l’anticipation : dès que le conteneur part de Chine, on peut prévoir qu’il sera vide tel jour à tel endroit, et disponible pour être réutilisé. Nous donnons ensuite à ce conteneur de la visibilité : soit à différentes agences du même groupe, soit à des transitaires différents mais ayant en commun d’utiliser Box on Way. »
Le fonctionnement de l’application ne s’appuie pas sur les dépôts de conteneurs autorisés par les armements, mais sur les « petites » plateformes intérieures où les compagnies maritimes ne laissent justement pas de conteneurs vides. La confidentialité est garantie, aucun acteur ne souhaitant dévoiler ses flux : Box on Way joue le rôle de tiers de confiance. La seule information fournie est le type de conteneur, et le lieu et la date de sa disponibilité. L’application se veut aussi un outil d’aide à la décision : les chargeurs à l’import, pour réduire leurs coûts, vont faire le choix du conteneur et de l’armateur utilisé en maximisant les chances de réutilisation de la boîte par un chargeur export.
« Nous n’oublions pas que les conteneurs appartiennent aux compagnies maritimes, souligne Cyril Rota. Nous accélérons la rotation des conteneurs, ce qui est un critère important pour elles. Et nous leur offrons une visibilité sur les boîtes en merchant haulage, qui représentent 70 % des flux, pour qu’elles les réutilisent en carrier haulage. Et vice et versa pour les transitaires, qui pourront réutiliser les boîtes carrier. »
Box on Way, dont Bolloré Logistics est actionnaire majoritaire depuis décembre 2017, a pour l’instant convaincu deux compagnies maritimes « majeures » d’utiliser ses services, et propose chaque jour 1 400 conteneurs disponibles dans toute la France. Le réseau est encore limité à neuf plateformes intérieures, mais leur nombre, selon Cyril Rota, va augmenter au rythme d’une par semaine dans les prochains mois.