Commune de Seine-Saint-Denis située dans une boucle de la Seine, entre Saint-Denis et Gennevilliers, l’île Saint-Denis est une des rares communes fluviales de France, et la seule située en milieu urbain. C’est aussi une île de seulement 200 mètres de large, depuis laquelle on ne voit que rarement la Seine qui l’entoure, tant la commune a tourné le dos au fleuve. La protection contre les inondations, qui ont conduit à rehausser le sol de l’île après la crue de 1910 qui l’avait ravagée, n’est pas étrangère à cette situation.
Pourtant, comme il est de mise pour une commune insulaire, l’île Saint-Denis avait toujours, précédemment été tournée vers le fleuve, les quatre îlots historiques de la réunion desquels elle est issue ayant longtemps été fréquentés par les pêcheurs et les bateliers.
Séverine Delbosq, conseillère municipale de l’île Saint-Denis, a rappelé ces particularités de sa commune au cours de la table ronde consacrée aux aménagements olympiques en lien avec le fleuve : « Notre commune est en première ligne pour profiter de la Seine, mais aussi pour en subir la crue et la pollution, car elle est située en aval de Paris. Il s’agit d’une île pauvre, mais riche de la diversité de ses habitants avec 80 nationalités et 70 % de logements sociaux. Île des bateliers, île des impressionnistes, elle est devenue l’île des entrepôts qui ont tourné le dos au fleuve, desservis uniquement par des camions. Mais avec des ponts étroits et une circulation malaisée, nous avons hérité d’un grand nombre d’entrepôts désaffectés ».
C’est sur le site des anciens entrepôts du grand magasin du Printemps, dont la transformation en éco-quartier fluvial a été décidée en 2014, que sera installée la partie du village olympique qui doit être construite sur l’île Saint-Denis. L’éco-quartier doit aussi accueillir un pôle nautique, et même une zone de baignade pour renouer le lien entre la Seine et ses riverains. L’accès à l’eau est privilégié, avec des aménagements en pente douce vers le fleuve.
« Donner aux habitants la culture du fleuve »
« Grâce aux Jeux olympiques et à la construction du village olympique, nous allons accélérer la réalisation de notre projet de ville. Mais, pour certains de ses aspects, nous devons nous adapter au temps des Jeux, ce qui constitue parfois une mise en attente. Il nous faudra patienter jusqu’à la fin de la période des Jeux olympiques pour certains équipements », se réjouit Séverine Delbosq.
Avec les travaux qui s’annoncent, et qui tous ne cadrent pas avec le projet initial de l’éco-quartier fluvial, comment faire pour que les Jeux ne soient pas, pour les riverains, un mauvais moment à passer ? Séverine Delbosq conclut : « Il faut saisir l’occasion pour donner aux habitants de l’île Saint-Denis la culture du fleuve. Beaucoup ne savent pas nager, ou ont peur de l’eau. J’aimerais qu’après 2024, on puisse se baigner dans la Seine à l’île Saint-Denis, mais c’est loin d’être sûr. »