À cela s’ajoute un volet plus large de promotion pour rappeler aux citoyens que Liège est une ville portuaire et mieux faire connaître et comprendre le fonctionnement et l’intérêt économique de son port et les activités des entreprises qui y sont implantées. Ce fut notamment le cas à l’occasion des 80 ans du port autonome en 2017, par le biais d’animations et de démonstrations, de croisières didactiques et autres visites commentées.
Plus récemment, Liège a accueilli l’exposition « The box » ou « le monde en boîtes », initialement conçue par le port-musée de Douarnenez et par le musée portuaire de Dunkerque. Cette exposition est consacrée au conteneur et à la révolution qu’il a provoquée dans les transports. Le PAL l’avait en partie remodelée pour mettre en exergue l’intermodalité en Wallonie et à Liège et avait mis au point un dossier pédagogique relatif à ses activités qui avait été envoyé à toutes les écoles primaires des treize communes où il est présent.
Concilier et intégrer
Montrer que l’utilisation de la voie d’eau peut contribuer à alléger certaines pressions, par exemple dans le cadre de grands chantiers publics ou privés, peut apporter une autre preuve de l’utilité d’un port pour la communauté qu’il dessert.
Tout cela ne suffit évidemment pas. Si l’ensemble des acteurs économiques et régionaux collaborent étroitement en vue de développer une vision stratégique et si la vocation portuaire des terrains situés le long de la voie d’eau fait l’objet d’un large consensus, le port autonome de Liège n’échappe pas au phénomène NIMBY (not in my back yard). La concertation n’apaise pas toujours les craintes des riverains d’être confrontés à des nuisances potentielles comme le bruit, un trafic accru ou la pollution. L’opposition à de nouveaux projets est d’ailleurs plus souvent motivée par de tels motifs que par une hostilité de principe à l’activité portuaire.
C’est alors souvent au port d’apporter la preuve que le développement de l’économie portuaire peut être concilié avec le bien-être et la qualité de vie des riverains et avec le respect de l’environnement, quitte à y consacrer une part non négligeable des superficies disponibles. La « zone d’intégration environnementale » de Liège Trilogiport représente ainsi un tiers (39 hectares) des 120 hectares de la plate-forme multimodale et comprend des vergers, des jardins communautaires, des itinéraires pour promeneurs et cyclistes, des pontons pour les pêcheurs, des plans d’eau, des zones de nature qui permettent à la faune et la flore locales de se maintenir.
Il en va de l’avenir du port et d’une manière de préserver l’essentiel. « Le port de Liège a besoin de nouveaux terrains dédiés aux activités portuaires et logistiques », souligne Hélène Thiébaut, responsable communication du PAL. Elle donne l’exemple de la zone de Chertal, « terrain exceptionnel de 180 hectares situé à côté des 120 hectares de Trilogiport » et « formidable opportunité pour le développement économique de la région liégeoise ».
« Les terrains portuaires sont tellement précieux qu’ils doivent être dédiés au transport par la voie d’eau », ajoute Hélène Thiébaut. Cela met évidemment un frein à une éventuelle mixité des fonctions ou à une réaffectation de terrains portuaires. « Le port de Liège subit moins de pressions immobilières comparés au ports de Bruxelles ou de Paris », dit à ce propos la porte-parole du port autonome.
« Intégrer le port dans la ville et mieux faire accepter la présence d’activités de transport et de logistique est l’un des objectifs du Plan Canal et, avant lui, de la politique menée par le port depuis sa création en tant que société régionale. Les différentes autorités y travaillent en bonne intelligence, notamment au niveau des organes de gestion du port, où région, ville et communes concernées sont représentées. Un nouveau Masterplan est en cours de finalisation et un nouveau contrat de gestion est en cours de négociation. Le Village de la Construction est un bel exemple de cette coopération réussie », explique Sylvain Godfroid, coordinateur communication du port de Bruxelles.
La mixité des fonctions est « essentielle aux préceptes du Plan Canal », dont le périmètre d’action englobe tout le domaine portuaire. L’accès à l’eau a pu être réalisé dans le cas du nouveau terminal à croisières, mais n’est pas possible partout et toujours. « Nous sommes prêts à l’étudier. Mais sur les 14 km de voie d’eau, donc 28 km de berges, nous disposons d’environ 6 km de quais exploitables. Il est évident que ces quais doivent être consacrés en priorité à l’activité portuaire », déclare Sylvain Godfroid.
Empêcher que la ville n’étouffe le port ou que son développement soit mis en péril par d’autres impératifs, en particulier immobiliers, reste toutefois un combat. « C’est un défi majeur, particulièrement autour du bassin Vergote, près duquel ont poussé de nombreux logements. Nous discutons avec nos entreprises, qui sont conscientes des efforts à faire pour mieux s’intégrer. Pour l’avenir, le grand enjeu porte essentiellement sur l’acquisition de la gare de Schaerbeek-Formation. Des discussions sont en cours. Le port est toujours candidat pour l’exploitation d’une partie du terrain, mais il faut trouver un montage financier. À l’inverse, dans les zones d’activité portuaire et de transport, l’implantation d’activités d’un autre type n’est pas possible. »
Un des leviers à actionner est, là aussi, d’ouvrir la voie d’eau à d’autres utilisation (comme le Waterbus, « mais nos missions ne comprennent pas l’exploitation du transport de passagers ») et de mieux faire connaître le port auprès des Bruxellois. Un Port Center les aidera bientôt à mieux saisir l’atout que constitue le port pour leur ville et leur région.