L’évolution esthétique du canal du Midi

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Au cours des siècles, le canal du Midi a évolué vers une utilisation touristique marquée par la plantation d’arbres jusqu’aux platanes, victimes du chancre coloré. VNF conduit un programme d’abattage et de replantation. A l’époque de Pierre-Paul Riquet sous le règne de Louis XIV, l’environnement « paysager » du canal du Midi, alors dénommé « canal Royal du Languedoc »  (ce sont les révolutionnaires qui vont le rebaptiser en 1789) n’est pas celui que l’on connaît actuellement. En cette période, on a davantage besoin de louer les plat-bord à des fermiers pour en faire des potagers ou y cultiver quelques céréales comme le maïs, le blé ou l’avoine que de créer une voûte ombragée pour la plaisance. à l’origine, il y avait donc très peu d’arbres le long du canal du Midi, ce sont les successeurs de Pierre-Paul Riquet qui vont planter progressivement des saules et des mûriers pour stabiliser les berges du canal. En particulier, aux endroits stratégiques où il est en surplomb des terrains avoisinants et pour inciter à l’élevage du ver à soie. En effet, c’est d’abord un impératif économique qui va être à l’origine de ces plantations, rapidement rejoint par un souci de confort. L’ombre des arbres va permettre de rendre la navigation très agréable sur le canal, en particulier l’été, en période de fortes chaleurs.

Cependant, avec la fin de la production de la soie dans les années 1770, les mûriers seront peu à peu remplacés par le peuplier d’Italie plus productif en bois. Les ouvrages d’art et les maisons d’éclusiers, seront, eux aussi, agrémentés d’arbres fruitiers. On y trouve aussi des pins et des cyprès. Dès la Révolution de 1789, les plantations autour du canal représentent environ 100 000 arbres alors qu’il n’y en avait que 45 000 à l’origine. C’est sous le Premier Empire, lors du premier quart du 19e siècle, que l’on a commencé à planter des platanes, aujourd’hui, la variété dominante le long du canal, soit un total de 42 000 pour remplacer les arbres coupés. Entre 1880 et 1890 débutera une grande campagne de plantation. A cette époque, le canal est confié à la Compagnie des chemins de fer du Midi qui exploite également les arbres. Les platanes sont, en premier lieu, plantés autour de Capestang. Depuis la fin du 19e siècle, le côté esthétique se substitue aux besoins utilitaires. Le canal est devenu un domaine public et la gestion des arbres fait partie des missions de Voies navigables de France (VNF).

Le chancre coloré prospère depuis 2006

Depuis plusieurs années, les platanes du canal du Midi sont atteints par le chancre coloré, une maladie provoquée par un champignon microscopique, le Ceratocystis platani. Les premiers foyers ont été détectés en 2006. Le chancre coloré a été introduit en France à la fin de la seconde guerre mondiale par les caisses de munition en bois infectées en provenance des Etats-Unis. Il s’attaque exclusivement aux platanes. En pénétrant au cœur de l’arbre sain, il bloque les canaux de sève et le tue en 2 à 5 ans seulement. Toutefois, le chancre coloré du platane est totalement inoffensif pour les animaux et les hommes. Le nombre de platanes infectés atteignait un nombre de 83 en 2008 et 153 en 2009. Des campagnes ponctuelles d’abattages ont été menées pour tenter d’enrayer la propagation qui sont restées sans effet. De plus, à ce jour, il n’existe aucun traitement efficace contre le chancre. En 2011, ce sont 211 foyers et 1338 arbres malades qui ont été identifiés. Actuellement, le chancre coloré a déjà attaqué plus de 25 400 des 42 000 platanes le long du canal. Malheureusement, la seule solution pour combattre cette « épidémie » consiste à couper puis à brûler les platanes contaminés pour éviter la propagation du champignon.

« La maladie continue à prospérer, le seuil du côté de Naurouze jusqu’à Toulouse n’est pas trop atteint. à l’inverse, entre le sud de Naurouze et la mer, le secteur est beaucoup plus affecté, c’est une zone perdue. Ce sont les zones les plus longues, ce qui permet de replanter en masse et d’avoir une homogénéité d’arbres replantés sur des grands linéaires. Mais c’est une maladie qui n’est pas linéaire, sur 40 000 arbres, 25 000 arbres ont été abattus. On a fait des recherches afin de savoir si c’était les mêmes arbres qui étaient concernés, de même la fréquentation des bateaux qui s’accrochent aux arbres peut avoir un rôle en dehors des zones autorisées lors du retrait des amarres en créant un blessure avec l’écorce arrachée. Une tronçonneuse mal nettoyée peut aussi transmettre la maladie », explique Jacques Noisette, chef du service relations institutionnelles et communication de VNF Sud-Ouest.

Appel aux dons et mécénat

Il ne faut pas oublier non plus que ce sont des arbres qui ont plus de 200 ans et, donc, très sensibles à la maladie. On compte cinq essences différentes suivant les territoires traversés. « De janvier à mars 2020, on prévoit de réimplanter 2 000 arbres supplémentaires », indique Jacques Noisette. Il y aura du chêne chevelu, du micocoulier, de l’érable, du peuplier d’Italie, des arbres qui ne sont pas sensibles à cette maladie et qui offrent un attrait d’importance : une garantie de grandeur et de volume afin de reformer la voûte si caractéristique et esthétique du canal du Midi.

En raison du coût important de l’abattage et de la replantation, il faudra quinze à vingt ans pour remplacer les 42 000 platanes du canal du Midi par d’autres essences. à souligner que ce sont 10 800 arbres qui ont déjà été replantés.

A ce jour, ce sont 37 kms de berges qui ont été entièrement restaurées grâce au financement de la région Occitanie, des départements de Haute-Garonne, de l’Aude et de VNF auquel s’ajoute la mise en place d’un appel aux dons auprès du grand public et d’un club mécène contribue aux replantations. Avec ces dons, VNF peut abattre les platanes contaminés et replanter des nouveaux arbres, sachant que le coût moyen de remplacement d’un arbre (abattage et replantation) et de confortement des berges est de 3 000 euros.

De gros travaux d’aménagement vont être réalisés sur la zone d’Agde, de Castelnaudary, Carcassonne et Toulouse. « Toulouse Métropole a défini son plan d’aménagement du canal de la gare Matabiau avec un aménagement et un embellissement avec des plantations afin de reconvertir les Toulousains au canal du Midi. On constate un phénomène, c’est qu’on a construit près des voies d’eau des aménagements routiers qui n’ont pas tenu compte de la valeur patrimoniale du canal. Le but est que le canal du Midi redevienne un espace public agréable », souligne Jacques Noisette.

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