«Dans le cadre du projet de la prolongation de la concession du Rhône à la CNR, dans les futurs plans de missions d’intérêt général, nous souhaitons développer des bornes de raccordement électriques de haute puissance pour la croisière et de moindre puissance pour le fret, l’objectif étant de réduire les émissions polluantes lors des escales à terre. L’idée est aussi d’accompagner le verdissement de la flotte fluviale et de participer aux côtés de Voies navigables de France aux financements de projets-pilote autour de carburants alternatifs », détaille Pierre Meffre, directeur valorisation portuaire et missions d’intérêt général à la Compagnie nationale du Rhône (CNR).
Parmi ces projets innovants, il y a, par exemple, Flagships, pousseur hydrogène (voir p. 14-15). La station multi-énergies vertes du quai des énergies au port de Lyon-Edouard Herriot va permettre, dans un premier temps, de produire de l’hydrogène pour ce pousseur. Dans une deuxième phase, pour accompagner le développement de la capacité de distribution de cette station multi-énergies vertes et d’une filière d’hydrogène vert, un démonstrateur industriel de production d’hydrogène renouvelable par électrolyse de l’eau de plusieurs dizaines de mégawatts de puissance est à l’étude. Cette usine sera alimentée en électricité renouvelable produite par l’usine hydroélectrique de Pierre-Bénite. Parmi les projets de la CNR, il y a aussi une réflexion autour du bateau hydrographique Frédéric Mistral pour faire évoluer sa motorisation.
Plus globalement, la CNR a participé aux travaux autour de l’engagement pour la croissance verte (ECV) du fluvial, démarche globale de transformation écologique du secteur unissant acteurs publics et privés, et dont elle sera signataire, peut-être dans le courant de l’année 2020. La signature de cet ECV ayant été annoncée à plusieurs reprises et repoussée à chaque fois.
Acteur de l’ECV du fluvial
Sur le Rhône, c’est l’Etat qui délivre les autorisations pour les prélèvements en eau. En lien avec l’Etat et les chambres d’agriculture, la CNR a engagé une étude pour mieux quantifier les volumes prélevés par l’agriculture sur le Rhône, pour avoir une meilleure vision de comment ils fluctuent au cours de l’année. Les volumes prélevés chaque année sont connus mais il s’agit d’obtenir des données plus précises au fil des mois. Cette étude se déroule en 2020 avec des résultats prévus début 2021.
Sur le Rhône, la CNR se prépare à une diminution des débits. Selon différentes études, ceux-ci pourraient varier à l’horizon 2050/2060 de 10 à 30 %, et même de 40 % à la fin du siècle. Avec ses installations au fil de l’eau, la CNR n’a pas forcément besoin d’apporter de modifications spécifiques à ses ouvrages et aménagements pour faire face aux variations de débits. Toutefois, les variations modifient les niveaux de production d’hydroélectricité. Par exemple, la première quinzaine du mois de mars 2020 a été très humide, ce qui a permis de soutenir les débits et d’avoir une production d’hydroélectricité supérieure de 15 % à celle de mars 2019. Une période anticyclonique a débuté la deuxième quinzaine de mars, entraînant une baisse importante des débits à partir de fin mars puis en avril, ce qui a conduit à un déficit de production de près de 30 % par rapport aux attentes. C’est pour faire face à ce genre d’aléas climatiques, qui ont une conséquence directe sur la production d’hydroélectricité, que CNR a fait le choix de s’orienter vers un mix énergétique (éoliens, solaires) afin d’assurer une continuité de production d’électricité malgré le réchauffement climatique.
L’eau est une ressource qui se raréfie avec le changement climatique. La conciliation de ses usages (eau potable, agriculture, navigation, biodiversité, loisirs mais aussi refroidissement des centrales nucléaires) est donc primordiale, quel que soit le niveau de ressource disponible, rappelle la CNR. Il appartient à l’ensemble des acteurs concernés de se concerter et de mettre en œuvre des mesures ambitieuses qui garantissent sécurité et préservation de la ressource, conclut la CNR. Ce phénomène ne concerne pas seulement Rhône, mais aussi le Rhin, par exemple, où le trafic fluvial a été perturbé en 2018 en raison de la sécheresse.