Des travaux financés par la Solideo
D’autre part, pendant la durée des Jeux, le grand bras de l’Île-Saint-Denis sera fermé à la navigation fluviale de juillet à début septembre 2024. Le comité d’organisation français (COJO) devrait lancer un appel d’offres pour permettre l’installation dans cette partie du grand bras de l’Île-Saint-Denis, par exemple, d’établissements de loisirs existants ou nouveaux. L’idée est d’utiliser cet espace pour proposer des animations et autres lieux de détente à disposition des athlètes installés dans le village situé à proximité.
Cela signifie que la navigation fluviale devra emprunter le petit bras de l’Île-Saint-Denis pendant 6 à 8 semaines de juillet à septembre 2024. D’importants travaux sont d’ores et déjà prévus afin de rétablir la navigation sur ce tronçon. Selon François Houix : « La famille olympique (c’est-à-dire la Solideo, NDLR) nous donne les moyens financiers pour aménager le bras secondaire de Gennevilliers. Un budget spécial a été prévu pour soutenir l’économie fluviale. La navigation fluviale sera maintenue dans le bras secondaire durant les Jeux. Il s’agit de préserver le trafic fluvial et d’éviter tout effet négatif sur la navigation ».
Plus précisément, il est planifié un dragage pour atteindre un mouillage de 4 mètres dans le petit bras de l’Île-Saint-Denis. Un alternat sera mis en place. Des postes d’attente sont prévus pour faciliter le passage des bateaux ou convois jusqu’à 135 mètres. Les postes d’attente sont déjà en cours de réalisation car ils ont aussi pour objectif de servir pour les autres grands chantiers parisiens, notamment ceux du Grand Paris Express. La seule contrainte sera pour les convois poussés de 185 mètres. VNF mettra à disposition des pousseurs pour fluidifier les passages. « Un pousseur avec deux barges pourra laisser une barge en attente et convoyer son chargement et VNF mettra à disposition d’autres pousseurs afin que le premier n’ait pas à venir rechercher la deuxième barge et que le convoyage passe dans un délai très court », explique François Houix. Toujours pour faciliter la navigation commerciale, VNF a également prévu de déplacer temporairement les bateaux-logement, pour lesquels « des ducs-d’Albe dans un rayon de 10 à 15 kms de leur emplacement habituel vont être installés », poursuit le chef de projet. Les investissements pour toutes ces réalisations sont financés à 100 % par la Solideo pour un budget estimé à 100 millions d’euros. Certains travaux sont pérennes, le dragage par exemple, et servent à l’aménagement du territoire. Les zones d’attente des bateaux-logement serviront postérieurement comme zone logistique pour un marché flottant. « L’héritage 2024 va servir à logistique fluviale », estime François Houix.
Les Jeux de Paris 2024 s’appuient « à 95 % » sur des équipements existants ou temporaires. Seuls trois sites seront construits par la Solideo. Pour François Houix : « C’est intéressant d’utiliser l’existant et la plupart de sites sont au bord de la Seine ou à proximité du canal de Saint-Denis et des réseaux des services de navigation de Paris. Non seulement, on crée une infrastructure fluviale mais c’est pour un mode de transport propre et efficient avec une prestation environnementale largement positive. On crée un environnement favorable où les Jeux olympiques et paralympiques sont un accélérateur pour la transition énergétique. On a des ambitions d’excellence environnementale autour des Jeux ». Pendant la phase de construction du village des athlètes, 500 000 tonnes de déblais seront évacuées par la voie d’eau, ce qui devrait permettre d’économiser 7 000 tonnes de carbone.
Un enjeu de sécurité/sûreté
Les élus locaux sont approchés afin de favoriser le transport fluvial mais aussi au niveau de l’insertion professionnelle. « On participe à l’insertion, nos marchés doivent à 10 % être attribués à des personnes en situation de handicap. C’est tout un travail de promotion, de lobbying, de pédagogie qui est mis en place pour favoriser le transport fluvial ».
Les Jeux de Paris 2024 ne seraient donc pas contraignants mais constitueraient une grande opportunité pour favoriser l’innovation dans le secteur fluvial. « La Seine n’est pas seulement une solution de transport pour les chantiers avant les Jeux. Elle a une place et un rôle à jouer pendant les Jeux eux-mêmes en 2024 pour des déplacements de personnalités, le transport de passagers et de marchandises. Les Jeux peuvent permettre à la filière de s’engager encore davantage dans la transition énergétique et écologique », assure le chef de projet.
Pour VNF, c’est une grande opportunité pour favoriser la voie d’eau, son image, ses activités. « On se félicite que la famille olympique joue le jeu du fluvial. Les Jeux sont un événement rare, qui a lieu une fois par siècle. Sans oublier que c’est assez exceptionnel d’avoir un village des athlètes si proche de la voie d’eau ». Enfin, la Seine en 2024 serait un atout en matière d’enjeux de sécurité/sûreté : « A bord d’un convoi on a des points de contrôle, la preuve pendant la crise sanitaire du Covid-19, les convois fluviaux ont continué à naviguer sur le réseau des voies navigables ».