Les deux tiers des marchandises irlandaises à destination de l’Europe continentale utilisent actuellement ce que l’on appelle le « pont terrestre » britannique, traversant la mer d’Irlande, puis empruntant le réseau routier du Royaume-Uni et, enfin, soit le tunnel sous la Manche, soit les ferries pour atteindre le continent européen. Des craintes existent concernant de possibles allongements de temps de transport sur ce « pont terrestre » causés par le rétablissement de davantage de vérifications aux frontières, une fois le Brexit effectif.
Pour Jerry Meredith, porte-parole de l’association irlandaise des transports, « le problème » avec le projet de la Commission européenne de nouvelle desserte de l’Irlande par le Benelux est plutôt « l’allongement du temps de trajet». Jerry Meredith explique qu’actuellement, le temps de trajet entre Dublin et Zeebrugge en utilisant le pont terrestre est de 11,5 heures. Avec un ferry, le temps de navigation serait compris « entre 36 et 41 heures », ce qui peut avoir des conséquences sur la conservation des denrées périssables. Et il ajoute : « Nous avons toujours besoin d'accéder à la France et à l'Espagne pour nos produits ».
Il faut rappeler que les compagnies de navigation Irish Ferries et CLdN Cobelfret ont déjà anticipé un trafic accru entre l’Irlande et l’Europe continentale en commandant de nouveaux navires. CLdN a mis en service le Céline de 234 mètres, présenté comme le plus grand RoRo dédié au short sea, entre Dublin et Zeebrugge fin 2017. Irish Ferries a passé commande de deux nouveaux navires RoPax qui seront dédiés au commerce entre l’Irlande et le Royaume-Uni. Ces deux nouvelles unités permettront à Irish Ferries d’utiliser ses autres navires sur son service hebdomadaire entre Dublin et Cherbourg ainsi que pour ses services de Rosslare à Roscoff et Cherbourg tous les deux jours. De son côté, Brittany Ferries effectue une liaison directe entre Cork et Roscoff une fois par semaine.
Malgré l’existence de ces liaisons maritimes directes entre l’Irlande et la France, Violette Bulc a déclaré que le projet proposé par la Commission reposait sur les flux commerciaux actuels et que seuls les ports du corridor mer du Nord-Méditerranée pouvaient être inclus dans le nouvel itinéraire et donc éligible au financement RTE-T. Il est vrai qu’il n’existe pas actuellement de liaisons directes entre l’Irlande et les ports du Nord de la France, Dunkerque, Calais ou Boulogne, en raison de l'avantage concurrentiel dont bénéficie de longue date le « pont terrestre ».
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