Entreprises fluviales de France (E2F) a bâti des propositions pour la relance de la filière fluviale en vue du plan du gouvernement dont la présentation est prévue le 3 septembre 2020.
Les entreprises du secteur fluvial, majoritairement des PME et TPE, ont enregistré un recul inédit de leur chiffre d’affaires suite à la crise sanitaire et désormais économique. Les opérateurs fluviaux de fret se sont mobilisés pendant la crise sanitaire pour participer à la poursuite de l’approvisionnement du pays en produits de première nécessité (grande distribution, produits énergétiques et agricoles, etc.). Mais des clients du fluvial ont vu leurs activités stoppées, le BTP par exemple, entraînant une rétractation du marché de l’ordre de -30 à -40 % pendant cette même période. Les entreprises du tourisme fluvial (croisières, bateaux-promenade, péniches-hôtels, location de bateau sans permis) ont vu leurs activités totalement arrêtés de mi-mars à mi-mai voire mi-juillet, les mois manqués de la saison 2020 ne pourront pas être rattrapés, et la prochaine saison est encore loin. Et, aujourd’hui, l’ensemble de la filière fluviale doit faire face au ralentissement économique global.
Eviter les défaillances d’entreprises
Dans le contexte de crise économique, les demandes d’E2F ont d’abord pour objectif d’éviter les défaillances d’entreprises au sein de la filière au cours des 18 mois à venir. « Cette politique de soutien en urgence doit se matérialiser par un fonds d’intervention venant en appui des très petites entreprises subissant des baisses de volume supérieures à 50 %, affectées durablement par la crise, et qui, si elles disparaissent, menaceront la reprise dans le secteur fluvial par manque de cale ». E2F demande aussi la poursuite de deux dispositifs, celui d’activité partielle jusqu’en juin 2021 et celui d’exonération des loyers publics, ainsi qu’un plan spécifique au transport combiné.
Mais E2F prend aussi en compte les nouveaux enjeux sociétaux en lien avec les transitions énergétique et écologique, rappelant : « Dans le cadre du contexte sanitaire manifestement durable, les activités fluviales possèdent des atouts majeurs car elles sont opérées en milieu peu dense, sont sûres, et allient la proximité à des atouts environnementaux de premier ordre. Le transport fluvial, avec le transport ferroviaire, forme le socle d’une logistique durable ». Autrement dit, alors que les transitions énergétique et écologique sont mises en avant, il est temps de prendre les mesures qui vont permettre aux modes alternatifs de retrouver leur place au sein d’une logistique voulue comme plus « verte », plus respectueuse de l’environnement dans le cadre du changement climatique.
Faire se rejoindre impératif économique et écologique
Aussi, les mesures de soutien pour les 18 mois à venir « doivent être associées à une politique de relance des investissements pour asseoir durablement le développement du fluvial au moment de la reprise », continue E2F. Il s’agit ici « d’inciter les opérateurs à renouveler leurs flottes de bateaux, faisant ainsi se rejoindre impératif écologique et impératif économique ».
Cette politique passe notamment par une augmentation des moyens dévolus au Plan d’aide à la modernisation et à l’innovation de la cale (PAMI) et et au Plan d’aide au report modal (PARM) ainsi que par l’exonération des prélèvements fiscaux et sociaux sur les plus-values issues de la cession de bateaux de navigation intérieure.
Un autre point majeur de la politique de relance des investissements concerne les infrastructures fluviales « trop longtemps délaissées qu’il s’agisse du grand comme du petit gabarit ». E2F assiste au conseil d’administration de Voies navigables de France (VNF) et y constate « un décalage entre les besoins et les capacités budgétaires de l’établissement, décalage annonçant de manière certaine un déclassement de portions importantes du réseau et une baisse de sa valeur économique, cantonnant, à terme, le transport fluvial à des marchés de niche ». E2F demande donc « un effort supplémentaire au budget de VNF de 350 millions d’euros sur 2 ans, ce qui constitue l’ordre de grandeur de l’effort à consentir en première période, principalement pour la mise en sécurité et la modernisation des voies navigables françaises, avec une attention particulière pour les liaisons interbassins ». Concernant les infrastructures, il est aussi important de « maintenir des crédits affectés au développement du réseau », c’est-à-dire Seine-Nord Europe, Mageo et Bray-Nogent.
L’Etat doit jouer son rôle de régulateur
En plus de la présentation de ces mesures nécessaires à la relance du fluvial, E2F alerte sur un impératif : « L’Etat joue son rôle de régulateur car si la concurrence est libre dans le transport, elle est aussi largement faussée par le coût de la rupture de charge dans les ports, la concurrence routière à bas coût des pavillons étrangers et parfois même une concurrence interne au transport fluvial avec du cabotage illicite. Si le souhait de l’Etat est de continuer à disposer d’une offre logistique intermodale et a la volonté de la faire croître, il doit jouer de tous les instruments de régulation et de contrôle dont il dispose dans ces trois domaines. Nous attendons une réponse forte de l’Etat afin qu’il engage une politique volontariste et assumée de priorité aux modes de transport verts, dans une approche coordonnée ».